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D’intensité variable et catégorisée sur l’échelle Saffir-Simpson de 1 à 5, les ouragans prennent naissance en mer. Deux conditions sont essentielles à leur formation: une température de l’eau de mer d’au moins 26°C sur au moins 50 mètres de profondeur, et l’évaporation rapide de l’eau de mer qui va produire l’énergie nécessaire, afin que la force de Coriolis agisse suffisamment pour mettre le phénomène en mouvement.
Irma, José, Maria sont désormais les tristement célèbres noms venant s’ajouter à la liste des ouragans ayant fait des dégâts considérables dans les îles et pays de la Caraïbe. Avant eux, Édith en 1963 en Martinique, David à Haïti en 1979, Hugo en 1989 en Guadeloupe, Katrina en 2005, à la Nouvelle Orléans aux États-Unis, avaient déjà laissé après leur passage des scènes de désolation, des paysages dévastés et surtout des morts par centaines.
La répétition de ces catastrophes a conduit les autorités à prendre des dispositions pour limiter les dégâts des cyclones sur les infrastructures, routes, réseaux électriques, habitations, mais surtout sur l’humain, procédure de confinement de la population.
Les réseaux électriques: Jean François Finck est le directeur de la communication à EDF Martinique et son analyse sur la situation des réseaux en Martinique est marquée par une grande lucidité: "Nos réseaux peuvent évidement être améliorés pour éviter qu’au passage d’un ouragan nos clients ne soient pas alimentés. Mais je veux quand même attirer l’attention sur les efforts qui ont déjà été faits dans l’enfouissement des lignes moyenne tension. 50% des lignes moyenne tension (20.000 Volts) sont enfouies en Martinique contre 30% en Métropole. Depuis Dean, plus de 20 millions d’Euro ont été investis pour rendre les réseaux électriques plus résistants aux aléas. Maintenant il faut aussi que les propriétaires de terrain élaguent les arbres situés à proximité des lignes basse tension".
Les habitations: L’architecte de l’urgence Serge Gunot rappelle les travaux qui ont été effectués sur les constructions: "Lors du passage d'Hugo nous avions travaillé sur les contreventements, ceux-ci évitent que les murs ne cèdent. Les toitures ont également fait l’objet d’un travail de normalisation. Nous avions préconisé de réduire les sections entre les panes, et sur les éléments de fixation qui liaient les tôles aux panes, car nous avions constaté que les toits étaient perforés par le vent ou que les tôles étaient emportées. Ce que nous constatons maintenant c’est que les toitures sont emportées d’un seul tenant et qu’elles sont déposées à côté des maisons. Il nous faut donc travailler sur la liaison entre les murs et la charpente".
La protection des populations: "Depuis 2006, en France des niveaux d’alertes ont été mis en place pour permettre à la population d’adapter son comportement à l’approche d’un ouragan. Il y a aussi l’exercice "Richter" qui est mis en place et qui nous permet de travailler des situations de crise avec nos voisins de la Caraïbe, mais malgré tout, la prise de conscience et la préparation des Martiniquais restent encore en dessous des attendus", déclare Albéric Marcelin, président de l’université populaire de la "Prévention des risques" avant de rajouter: "Les kits de survie ne sont pas systématisés, les réserves d’eau, l’achat de pastilles de potabilisation d’eau, de réserves alimentaires pour cette période, la présence d’un secouriste par famille, ne sont toujours pas dans les réflexes, et il faut que cela le devienne".
La protection des populations: Le passage d’Irma sur Saint-Martin montre bien que la préparation des populations existe mais qu’elle reste encore une fois perfectible. Lorsqu’en 1970, Dorothy faisait 44 morts en Martinique, Irma en fait 10 à Saint-Martin. Preuve que la gestion des ouragans est possible.
La communication: Irma a aussi montré l’impact des réseaux sociaux sur la communication d’avant et post crise. En Martinique avant le passage du phénomène ce sont les modélisations des centres météorologiques qui ont fait l’objet de toutes les interprétations possibles. Au plan national, après le passage de l’ouragan, ce sont des centaines, voir des milliers de morts qui ont été annoncés par des internautes via des vidéos. Dans sa publication du 12 septembre 2017, [liberation.fr]urlblank:
http://www.liberation.fr/desintox/2017/09/12/non-irma-n-a-pas-fait-des-milliers-ni-des-centaines-de-morts-a-saint-martin_1595849 indiquait que "le point commun de la plupart de ces vidéos est qu’elles n’ont pas été tournées par des personnes présentes sur l’île de Saint-Martin". Devant cette nouvelle donne dans la gestion de la communication des ouragans, le travail semble devoir se concentrer sur l’éducation de la population qui, par son comportement amplifie le drame par le relai de fausses informations.
La gestion de la France vs celle des États-Unis: Le dispositif d’alerte mis en place en France est composé de niveaux d’alerte allant jusqu’au confinement de la population. Aux États-Unis, eux aussi exposés aux risques cycloniques sur le sud-est de son territoire, l’approche est très différente. A l’approche d’Irma, c’est l’état d’urgence qui a été décrétée 5 jours avant l’arrivée du phénomène. Cette déclaration d’état d’urgence "permet au ministère de la Sécurité intérieure et à l'Agence Fédérale des situations d'urgence (Fema) de coordonner tous les efforts d'assistance en cas de catastrophe. Cette action va soulager les difficultés et les souffrances que la situation d'urgence pourrait faire endurer à la population locale, et fournir l'aide nécessaire pour assurer la santé et la sécurité publiques", a communiqué la Maison Blanche.
C’est aussi une différence importante entre les gestions américaines et françaises. En effet côté français, l’État ne déclenche les moyens qu’après le passage du phénomène, et en fonction de son impact sur le territoire. Autre élément différenciant entre les mesures américaines et françaises ce sont les procédures d’évacuation. Certes celles-ci ne se font que sur le continent, pas sur les îles et dépendances américaines, mais dans l’Hexagone la France n’organise pas le déplacement de population en cas d’alerte aux crues. La France et les États-Unis ont donc des gestions différentes pour des situations similaires. Mais les différences sont encore plus importantes lorsque sont abordées les mesures environnementales à adopter face au réchauffement climatique.
La communauté scientifique s’accorde en majorité sur le fait que le réchauffement climatique constitue un élément important dans la puissance de plus en plus importante des ouragans. Le géographe Pascale Safache explique "qu’il n’y aura pas forcément plus d’ouragans dans les prochaines années, mais il y a de grande chance pour qu’ils soient plus puissants, car il ne faut pas oublier que le moteur des ouragans c’est la chaleur et que plus il fait chaud plus on a des chances d’avoir des phénomènes extrêmement violents". Cette quasi-certitude scientifique interroge la position de l’administration américaine depuis l’élection de Donald Trump.
La COP21 (30 novembre - 12 décembre 2015) a permis de conclure un accord engageant 195 États, dont les États-Unis, alors dirigés par Barack Obama, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. L'ambition finale de cet accord est que les contributions des États signataires permettent de stabiliser le réchauffement climatique dû aux activités humaines en dessous de 2 degrés d’ici à 2100 (par rapport à la température de l’ère préindustrielle) en renforçant les efforts pour atteindre la cible de 1,5 degré.
En dépit de nombreuses critiques des politiques, et des chefs d’entreprises américains le 1er juin 2017, Donald Trump a choisi, pour "éviter une redistribution massive de la richesse des États-Unis vers d’autres pays" car "j’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris", le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris. Une décision en opposition totale avec les réalités environnementales précédemment évoquées, mais également économiques au regard des sommes dépensées pour la reconstruction des zones dévastées par ces phénomènes naturels, inévitables oui, mais dont la puissance peut être limitée par la maîtrise des actions de l’homme sur son environnement.