Lorsque j’étais petit, mes grands-parents paternels m’interdisaient de lire Pif Gadget car ce journal était selon eux un dangereux outil de propagande du parti communiste. Ma grand mère était déjà persuadée que les soviets allaient prochainement défiler le couteau entre les dents sur les Champs-Elysées, hors de question que son petit-fils soit encore plus perverti. J’ai donc principalement été bercé par le journal de Mickey et d’autres publications supposées neutres issues du groupe Hachette, journaux bien plus conformes à la propagande politique familiale. L’ambiance était heureusement plus permissive côté maternel. Crise oblige, l’humanité a cessé la publication de son hebdomadaire destiné à la jeunesse en 1986. Si Pif Gadget a pu récemment renaître de ses cendres, un autre magazine, adressé cette fois à un public un peu plus averti, le concurrence dans les kiosques depuis peu : S’toys, fourni lui aussi avec un joli gadget, certainement bien plus utile que les fameux poids sauteurs mexicains, mais toutefois destiné à un public un peu plus averti.
S’toys se décrit comme un féminin chic et coquin. Chic, car il s’adresse principalement à une femme active urbaine, friquée et trentenaire, gourmande et adorant la nouveauté. Le papier est glacé et les thèmes abordés tournent pour la plupart autour des petits plaisirs solitaires féminins. Teri Hatcher est en couverture et nous informe que son « minou » est en forme olympique, notamment depuis qu’elle a trouvé l’objet miracle pour renforcer son pubococcygues alias muscle de l’amour. Elle resserre juste son vagin autour de son jouet vibrant quelques minutes par jour pour s’offrir un aller direct vers le septième ciel. Plus intéressant, si la rubrique « j’ai testé pour vous » s’intéresse aux vibromasseurs vedettes de l’été dans une description digne d’Embruns et son Rude Boy, le magazine consacre également deux pages à l’art de s’épiler chic et ludique. Aux orties le banal ticket de métro et le triangle basique. Le pochoir en forme de cœur ou de serrure est fait pour redessiner les maillots à l’infini. Véronique, attachée de presse de 31 ans, est cependant très déçue. Elle n’est malheureusement pas conquise par sa nouvelle coupe de touffe et son amoureux non plus. La classe. Pour les amateurs, d’autres pochoirs prédécoupés sont vendus avec certaines marques de crèmes dépilatoires.
Pif nous propose de son côté un cadeau plus consensuel en offrant une vingtaine de tatoos pour l’été. Quoi de plus sexy que d’arborer Placide et Muzo ou Hercule sur un coin de fesse pour emballer sur la plage ? On retrouve heureusement des poitrines dénudées et de fort jolies paires de fesses dans les huit pages consacrées à Rahan, fils des âges farouches. Un article est consacré à Julien Doré et un autre à Tolkien. L’ambiance reste également très politique L’ensemble est cependant trop hétérogène et ne fait que mélanger de vieilles planches de bande-dessinées un peu dépassées et de nouvelles histoires inadaptées aux plus jeunes.
Contrairement à celui proposé par Pif, le gadget proposé par S’Toys est sobre et multifonctionnel. Il s’agit d’un Loooovetoy vibrant couleur acier de grande qualité qui peut être utilisé comme accompagnement pendant les préliminaires communs comme appareil de massage ou de stimulation (souvenez-vous du catalogue de La Redoute et de la dame qui se caressait délicatement la joue avec un objet de massage aérodynamique). Il est toutefois recommandé de ne pas faire chauffer ni de congeler l’article. Enfin, le trimestriel propose de partir jusqu’au bout de soi-même à la découverte de l’autre en réinventant le désir. Ainsi, quoi de plus original qu’un bijou anal serti d’un magnifique cristal bleu taillé comme un diamant, un bracelet pour poignet ou cheville, ou un jeu de cache-cache avec un masque en satin orné de dentelles, de rubans et de strass Swarovski.
Vous l’aurez compris, ma préférence va à S’Toys. J’ai déjà commencé à me servir du Lovetoy vibrant pour monter très rapidement des oeufs en neige, faire une mayonnaise ou réaliser une délicieuse mousse au chocolat. Monsieur Lapin l’a rapidement adopté. Il n’a pas pu résister à sa forme de petite carotte. Merci S’Toys.