C’est quoi voyager ? Moi, je me demande ça souvent. Les réponses clichées s’accumulent : visiter les lieux, faire connaissance de gens, la liberté, les idiomes… Dans la catégorie « faire connaissance de gens », le sexe opposé y est compris. Jetez-moi une pierre celui qui n’a jamais voulu trouver la femme/l’homme de sa vie pendant un voyage (M. Dulctateur, tu es officiellement exclus de cette enquête parce que tu l’as déjà trouvée) ? Sinon, jetez-moi un pierre celui qui n’a jamais failli trouver mais qui l’a laissé s’échapper ?
En y réfléchissant, j’ai dû me dire que voyager peut être aussi, parmi beaucoup d’autres choses, une recherche de l’amour platonique perdu ou jamais trouvé. Je me suis convaincu qu’il faut, pour parler de voyages, traiter de l’amour, des rencontres et de non rencontres. Voilà donc la première de sept parties de mon histoire la plus mal/heureuse à ce sujet.
Première partie
Avant tout, il faut que je dise qu’elle est la femme de ma vie.
La première fois que je l’ai vue, ç’a été de coin d’œil en entrant dans un train. On était à Zandvoort aan Zee, en Hollande. Moi, je venais de la plage, sale de sable, où j’avais dormi une bonne partie de la journée. C’était aussi mon anniversaire.
Elle était seule, marchait vers le quai en jeans, hautes bottes au suède marron et lunettes de soleil. C’est quand j’étais en train d’entrer au wagon que j’ai tourné la tête pour dire adieu à cette plage où probablement je ne retournerais plus jamais. Quoique solitaire, il avait été mon meilleur anniversaire.
Je l’ai découverte de coin d’œil à entrer par la porte à ma droite. Belle, charmante, merveilleuse, ai-je pensé.
Elle s’est assise à l’opposée du wagon, jambes croisées, et me regardait. Regard dans regard. Œil avec œil. Plus rien.
Dans un premier moment, je n’ai pas pu croire que c’était avec moi. J’ai regardé autour de moi à la recherche de n’importe quel autre homme, et rien. Cette très jolie femme-là me regardait ? Ça pourrait être vrai ? Un peu intimidé, j’ai dévié le regard. Mais la tentation et la curiosité ont été plus fortes. Lorsque j’ai tourné la tête de nouveau, elle était là en train de m’observer. Sans préjugés. Qu’en m’observant. À ce moment-là j’étais déjà fasciné et passionné par elle. Coup de foudre absolu. Amour à première vue. En une fraction de secondes je me suis imaginé avec elle, en voyageant par le monde, les deux vivant ensemble.
Notre train est parti de Zandvoort aan Zee avec destination de Haarlem. Pendant le trajet, pas plus de 40 minutes, on n’a pas décollé le regard l’un de l’autre. Et ce fut dans cette demi-heure que j’ai su qu’elle était la femme de ma vie. Si elle s’en avait rendu compte aussi, je ne sais pas. Le fait c’est que j’en étais sûr.
En arrivant à la gare de Haarlem, je suis descendu du train pour en prendre un autre. C’était ma connexion pour Amsterdam. Les pas que j’ai eus besoin de faire ont été terribles. Dans ma tête, je ne réussissais pas à penser à autre chose qu’à la perspective de ne plus la voir. Mais le monde, ce jour-là, était pour moi. Elle allait à Amsterdam aussi. Et dans le même train, même wagon et même disposition de places. Nos regards, comme avant, se sont rencontrés et ne se sont plus décollés.
Pendant ce parcours vers la capitale hollandaise, je l’ai savourée au maximum. Brune, cheveux brillants, des yeux verts-clairs, bouche charnue, souris parfait, environ 1,70m, des très beaux seins, belles jambes, fabuleuses cuisses et d’un charme simplement irrésistible. Au-delà du jeans et des bottes, elle portait un blouson rouge. Ses mains, à quoi je fais toujours attention, étaient fortes et de longs doigts. Ongles bien dessinées, pas de cuticule. À la main droite, au doigt annulaire, une grande bague d’argent.
Absolument parfaite.
L’amour fait des choses comme ça.
Avant même d’arriver à la gare d’Amsterdam, mon cœur battait déjà à mille par heure, désespéré de ne pas savoir si je la verrais une autre fois. J’avais besoin de lui parler. À n’importe quel coût. Ma main suait. Moi, je bégayais déjà dans mes pensées.
Quand le train a commencé à freiner, je suis entré dans un état de désespoir total. Gros mal à la poitrine. Je ne pouvais pas perdre cette opportunité. Je ne pouvais point ! Elle était la femme de ma vie. Elle l’est.
Une fois le train arrêté, tous sont sortis. Sauf moi. Je suis resté en la regardant s’éloigner. Pas mal de choses sont passés par ma tête. Devais-je lui parler ou pas ? Je ne savais même pas hollandais. Je dirais quoi ? Peu m’importait. Le fait c’est que j’avais besoin de lui parler. J’ai pris du courage et je suis allé après elle. Au moment de sortir du wagon, je l’avais déjà presque perdue de vue. En me sentant un con, j’ai couru.
Sale, sué, déchevelé et sans pouvoir bien respirer, j’ai touché sur son épaule gauche. Elle a tourné vers moi sans peur. Ses yeux verts m’ont perscruté et m’ont paralysé.
suite…