Les #ET13 ont débuté ce lundi à Pau sous un magnifique soleil avec plusieurs évènements préalables. Pour la première fois, les start-up de la région Nouvelle-Aquitaine ont pu bénéficier d'une Masterclass spécial tourisme.
Quel est l'objectif de ce type d'évènement? Rapprocher le monde du tourisme et celui des start-up, de manière à ce que ces dernières comprennent mieux les attentes des donneurs d'ordre et les nécessités du marché.
Il y a déjà une certitude : les principales innovations touristiques de ces vingt dernières années ont été portées par des acteurs hors-tourisme : que ce soit AirBnB ou Tripadvisor, le tourisme évolue grâce à l'irruption de nouveaux joueurs. D'où l'intérêt pour les acteurs institutionnels du tourisme comme les entreprises privées de profiter de l'énergie des start-up.
La Masterclass a donc permis à plusieurs dizaines de startuper de profiter du témoignage et des conseils d'institutionnels du tourisme et du privé.
Institutionnels du tourisme : apprendre à les connaître
Premier enseignement pour une start-up qui veut travailler avec les institutionnels du tourisme : mieux les connaître. Mon intervention au début de cette masterclass avait comme objectif de faire prendre conscience du quotidien des acteurs institutionnels du tourisme. Conseil pour une start-up : bien repérer la tête de réseau, et s'appuyer sur la connaissance du marché de son interlocuteur!
Grégory Guzzo, directeur de l'office de tourisme de Val Thorens a rassuré les participants tout en refroidissant leur enthousiasme : " la bonne nouvelle c'est que si vous êtes une start-up et que vous vous lancez dans le tourisme, c'est un secteur en expansion. La mauvaise nouvelle, c'est que c'est super concurrentiel "
Pour Grégory, il y a un " bon filon " sur lequel une start-up peut investir : travailler sur la fidélisation des clientèles. Car cela revient de 5 à 7 fois moins cher de garder un client que d'aller en chercher un nouveau.
Les bot sont à sept lieues de nous
Conseil des directeurs d'offices de tourisme aux start-ups : partez de besoins identifiés et n'essayez pas de réinventer l'eau tiède. Comme le dit Grégory Guzzo, " halte à la banalisation : je reçois 5 emails de start-up chaque jour, si c'est pour réinventer la choucroute, je n'ouvre pas! "
O ivier Occelli, d'Only Lyon, explique : " ça fait dix ans que je travaille pour Only Lyon, que je rencontre des start-up et que je vois souvent qu'elles n'ont pas la bonne approche "
Pour lui, trop de porteurs de projets s'enferment dans des projets voués à l'échec : " ce n'est pas parce qu'une appli est plébiscitée par les amis ou la famille qu'elle sera vouée à la réussite "
Si une start-up arrive dans son bureau avec une innovation uniquement technologique, il reste très méfiant : " attention aux innovations technologiques de type NFC, RFID ou QR code... ça ne marche que pour la billeterie, les titres de transport, les paiements ou les city cards" . C'est comme les bots, rajoute Olivier : " ça marchera dans dix ans. Mais aujourd'hui ce n'est pas mur... "
Une bonne idée pour un service simple
Cependant Grégory Guzzo comme Olivier Occeli attestent de la réussite de start-up, lorsqu'elles proposent des services clairs et précis en restant le plus simple possible. En claire une bonne idée égale un bon service; Olivier Occelli donnent deux exemples hyppocketwifi, ou swikly que l'office de tourisme de Lyon a accompagné. La première start-up propose un système de wifi de poche pour les voyageurs internationaux. Swikly développe un produit à destination des hébergement des petite taille pour simplifier le dépôt de caution. Les deux ont été accompagnés par l'office car le produit correspondait à une idée simple et utile et qui fonctionne.
Les start-up peuvent s'intégrer totalement dans un projet de développement touristique local, comme en Val de Garonne. Dans ce territoire rural, expliquait Marion Oudenot, chargée de développent, l'office de tourisme a contractualisé avec 6 stations différents pour développer de l'offre locale. Un exemple que j'avais déjà présenté dans cet article du blog : l'office de tourisme start-up. La conclusion de Marion, : la réussite des concepts issus de l'économie collaborative repose sur la confiance.Et le privé, c'est différent?
Après des témoins du secteur public, plusieurs grands acteurs privés du tourisme ont témoigné de leur rapport au start-up, comme François Bitouzet de Voyage SNCF, Eric Mercori de la Cité de l'Océan de Biarrite ou encore Dominique Hummel, directeur du Futuroscope.
Les start-up présentes ont pu être rassurées : les enjeux du public et du privé ne diffèrent pas fondamentalement lorsqu'il s'agit d'innovation. Comme expliquait François Bitouzet, " le rapport au temps est fondamentalement différent entre la start-up et l'entreprise : d'un coté le court terme, la souplesse, de l'autre coté, la planification, et le moyen et long terme. "
Pour Eric Mercori, de la Cité de l'Océan, les entreprises ont aujourd'hui la difficulté de créer de l'innovation à faible coût ; ici la start-up a un avantage indéniable qui lui donne une longueur d'avance sur la grosse entreprise.
Mais les représentants du privé précisent, tout en racontant plusieurs anecdotes de rendez-vous avec des start-up : " Les grands acteurs du tourisme ne sont pas des vaches à lait, des gogos et des bienfaiteurs. Ils sont des grands comptes, un ticket pour la crédibilité et des soutiens puissants. Non, un grand acteur ne va pas donner l'ensemble de ses données clients avec en plus le sourire. "
Au final, grâce à cet échange qui s'est poursuivi sur un speed dating, les start-up du tourisme ont pu appréhender le désir des acteurs du tourisme de les voir à coté d'eux, mais aussi leur retenue à travailler avec des structures agiles et innovantes. Dans ce grand " je t'aime moi non plus ", c'est sans doute aux petites structures à faire acte de séduction auprès des interlocuteurs les plus établis...
Les #ET13, c'est à suivre toute la semaine à Pau et en live...
Jean Luc Boulin est directeur de la Mission des Offices de Tourisme Nouvelle-Aquitaine (MONA). Cette structure, unique en France, regroupe les Pays Touristiques et les Offices de Tourisme de Nouvelle-Aquitaine. Elle est soutenue par le Conseil Régional. Deux missions principales lui sont confiées : la structuration touristique des territoires et la professionnalisation. Dans ce cadre là, la MONA assure une veille permanente sur le etourisme et accompagne des expériences dans son réseau. Directeur de l'office de tourisme de l'Entre-deux-Mers (Gironde) et du pays d'accueil touristique du même nom pendant plus de dix ans, Jean Luc Boulin dirige la MONA depuis sa création en 2003. Le manque de source d'information au même endroit sur le etourisme institutionnel et le besoin d'échanger sur cette formidable mutation du métier des offices de tourisme vers l'Internet ont donné l'idée à Jean Luc Boulin de créer ce blog "etourisme.info", qui se veut être le creuset de l'etourisme institutionnel sous toutes ses formes. Jean-Luc Boulin est également enseignant en Master Tourisme AGEST (aménagement et gestion des sites et territoires touristiques) à l'université de Bordeaux Montaigne. Le site Internet de la MONA. |Email : jlboulin at etourisme.info (cette adresse apparait en toute lettres pour éviter les robots). |Twitter : @JeanLucBoulin