« Il m’a fallu une centaine de leçons pour passer mon permis. — Je n’étais pas très assidu, il faut le dire, et, souvent, je n’avais pas le temps, mais quand même… Ç’avait commencé très mal. La première fois que je me suis assis devant le volant, la voiture était garée dans un tournant. J’ai demandé au moniteur : « Comment est-ce qu’on calcule l’angle pour tourner le volant en sortant ? ». Il y a eu un silence à côté de moi. Et puis, le moniteur a dit : « Ah, ouais…. » Et après, il n’a plus rien dit pendant un certain temps.
Je dis ça, parce qu’aujourd’hui j’aime beaucoup conduire. Notre chère voiture est la même depuis 2003, je touche mon bureau, elle roule. Elle ne pourrait pas rouler à Paris, je crois. Je ne m’en plains pas. Je ne vais pas à Paris en voiture. Et donc, elle nous sert là où nous sommes, tranquilles. Je me repose quand je conduis. Je me concentre. Je me répète des poèmes, des chansons. Ce n’est pas que je réfléchis à mon travail, — au contraire, parce que, justement, je me concentre sur la route. Mais ça m’aide à travailler, de me concentrer sur la route.
Et puis, j’en parle souvent au cours de mes rencontres publiques… Dites, qu’est-ce que vous faites quand vous conduisez ? »
NDLR : contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, ce texte a toute sa place dans les Notes sur la création de Poezibao. Il concerne en fait… la traduction, il est signé André Markowicz et on peut le lire, intégralement, ici.
Merci à Laurent Pagnier qui a signalé cette publication à Poezibao.
Illustration, couverture de Le Soleil d'Alexandre. (En Russie, depuis deux cents ans, chaque écrivain, chaque courant, chaque époque peut se retrouver dans Pouchkine, car celui-ci est un miroir, le lieu de la reconnaissance de toute personne de langue maternelle russe. André Markowicz propose dans cet ouvrage de découvrir en quoi la conversation que Pouchkine a établie par textes interposés avec les poètes de sa génération a durablement marqué la littérature et la pensée russes jusqu'à nos jours.)