Sortie vendredi 20 octobre 2017
Musiques de Claudia Solal & Benjamin Moussay
Paroles de Claudia Solal
Claudia Solal: chant
Benjamin Moussay: piano, Fender Rhodes, synthés, Sensomusic Usine
Concerts de sortie de l'album
Mardi 17 octobre: Festival Jazz sur son 31 à Toulouse (31)
Mercredi 18 octobre: Le Pannonica à Nantes (44)
Samedi 21 octobre: Le Triton, Les Lilas (93)
Dimanche 12 novembre: Festival Jazz d'Or à Strasbourg (68)
Lundi 13 novembre: D'Jazz Nevers à Nevers (58)
Jeudi 23 novembre: Festival Michel Graillier à Lens (62)
Le duo Claudia Solal & Benjamin Moussay a été formé en 2003. Je le suis depuis 2004. Ils ne se lassent pas. Moi non plus.
Un chef d'oeuvre se reconnaît à ce qu'il n'appelle aucune comparaison. Je cite de mémoire et je ne sais plus quel écrivain français a écrit cette phrase ou quelque chose de proche. En tout cas, cela résume ma pensée à l'écoute de cet album.
" Une voix, dix doigts ", c'était le duo Claude Nougaro (chant) & Maurice Vander (piano). Souvenir inoubliable d'un concert au TNB à Rennes en 1994. Rien à voir avec le duo Claudia Solal & Benjamin Moussay.
" The newest sound around " (1962) du duo Jean Lee (chant) & Ran Blake (piano), est un de mes albums cultes. Je n'y pense pas un instant en écoutant " Butter in my brain " de Claudia Solal & Benjamin Moussay.
Du soleil d'Alger hérité de son père, Martial Solal, des brumes d'Ecosse, héritées de sa mère, il semble que l'héritage maternel l'ait emporté chez Claudia Solal. Elle chante en anglais et sa musique vogue dans un flou brumeux digne des landes d'Ecosse. De son père, elle a hérité la musique bien sûr, mais aussi le goût du risque, de l'inouï, la clarté dans la complexité et la capacité à raconter plusieurs histoires en même temps.
Je ne comprends rien aux paroles de Claudia Solal bien que sa diction soit irréprochable et son anglais parfaitement compréhensible. " Vous n'avez pas à comprendre ma musique. Vous avez à la ressentir " ( Ornette Coleman). Je n'ai rien compris à ces chansons mais je les ressens. C'est ce qui importe.
J'ai eu le privilège d'assister à un premier concert de ce nouveau programme mais dans un cadre privé et entièrement acoustique. Cela dénaturait le propos de cette musique mariée à la Fée Electricité.
Par la diversité des claviers électriques et acoustiques et celles des chants (j'ai cru entendre une voix d'homme mais c'est toujours celle de Claudia Solal), ce duo crée des climats, des ambiances, nous entraîne dans un pays où l'herbe est plus verte ( " the grass is greener " n°1), nous conte l'histoire d'une fille multi réseaux ( " multitrack girl " n°2), nous fait visiter la trop petite maison que construisit Jack ( " the house that Jack built " n°3) et beurre nos cerveaux ( " butter in my brain " n°6). Inutile de comparer avec la " Hot Buttered Soul " d'Isaac Hayes. Rien à voir non plus.
Lectrices anglophones, lecteurs anglicistes, peut-être trouverez vous dans ces chansons des réminiscences de Lewis Caroll et des nursery rhymes. Rêves ou cauchemars, j'y trouve des mondes de beauté. Un cauchemar ne peut-il être beau?
Qu'elle soit femme, adolescente ou enfant dans son chant, Claudia Solal est toujours crédible. Benjamin Moussay est son accompagnateur idéal. Il joue juste, ni trop, ni trop peu.
Cet album est dédié à Martial Solal. Il le mérite. Il faut toujours rendre hommage aux hommes de leur vivant, leur modestie dût-elle en souffrir et les Dieux savent si Martial Solal est aussi modeste qu'exigeant! " La postérité n'a rien fait pour moi " (Alphonse Allais).
Cette musique nous parvient dans la saison idéale pour elle, celle des fruits mûrs, l'automne. Sa beauté est à saisir ici et maintenant par l'album " Butter in my brain " et par les concerts du duo Claudia Solal & Benjamin Moussay.