Il est des murs célèbres. "La maison que j'habite, ma vie, ce que j'écris"... ces lignes d'André Breton caractérisent parfaitement ce qui se découvre à nos yeux ici, et bien sûr l'analogie devient immédiate avec "son mur" sanctuarisé au Centre G. Pompidou. Plus proche de nous, le Mur d'Antoine de Galbert, cet accrochage commandé par un programme informatique en fonction de la dimension des oeuvres, nous interpelle : l'aléatoire est à l'oeuvre dans toute sa splendeur pour des rencontres fortuites assurées !
En histoire, j'ai toujours eu de la nostalgie pour le Mur d'Hadrien mais moins pour celui d'Antonin, peut-être parce que le premier faisait mention du fameux empereur que Marguerite Yourcenar a immortalisé comme celui qui se "sentait responsable de la beauté du monde" et cela me plaisait bien... mais tout cela était bien loin de toute considération philosophique sur le mur et la séparation, le conflit, et surtout celle, vécue, sur l'exclusion et inexorablement la tragédie...
Cette fois-ci, au LAM, la rencontre fut révélatrice et heureuse, quoique trop tardive.
Révélatrice d'un artiste qui m'était inconnu, Yüksel Arslan, non pas venu en prolongement de l’exposition André Breton et l’art magique comme l'indique le communiqué de presse mais bien plutôt comme la figure centrale d'une exposition dont il aurait dû être le chef d'orchestre.
Si on en juge simplement par ce portrait, il fut probablement un de ceux qui ont dû aimer les hommes à la folie. Ou leur folie. Il créa ainsi ses "artures" entre l'art et la peinture disait-il ; des "quelques choses" débordant des cadres : des images foisonnantes, de folles écritures, des montages divers et impossibles...
Arslan s'est éteint ce printemps au coeur de son mur-univers.
Photo 2 : Yürksel Arslan dans son bureau parisien, photo © Éric Mérour.
Photo 3 : Arture 466
Photo 4 : Détail. Arture 813 (inachevé)