À travers ce roman, Véronique Olmi retrace l’histoire d’une esclave africaine devenue une religieuse vénérée en Italie, avant d’être canonisée par Jean-Paul II en 2000.
Le récit débute à Olgassa, un petit village du Darfour, où une petite fille de sept ans est enlevée par des négriers qui vont la revendre sur un marché aux esclaves du Soudan. C’est le début d’un chemin de croix, marqué par la peur, la faim, la soif, les chaînes, les coups de fouet, les humiliations, la violence et la cruauté, qui ne se terminera qu’avec la rencontre de son cinquième maître, un consul italien à Khartoum, qui accepte de l’emmener en Italie. Après quelques années en tant que nourrice, la jeune domestique découvre le christianisme à travers ce symbole qu’elle prend initialement pour un esclave crucifié. Le chemin de la révélation sera parsemé de nombreux obstacles, mais conduira finalement à son baptême, avant d’entrer dans les ordres, où elle vivra encore plus de cinquante ans en tant que la «Madre Moretta», la petite mère noire.
J’ai été profondément ému par l’histoire de cette esclave baptisée « Bakhita » (la chanceuse) par ses ravisseurs. Une femme dont j’ignorais tout et qui, au fil de son calvaire, oubliera le nom de son village, sa langue maternelle et même son propre prénom. En se plaçant au plus près de son sujet, Véronique Olmi parvient à donner une voix à cette femme qui avait tant de mal à s’exprimer à force de croiser tant de langues et de dialectes entre le Darfour et l’Italie. Au fil des pages, le lecteur partage sa vie, ses expériences, ses luttes, ses espoirs, ses traumatismes et ses émotions et demeure bouche bée face à l’humanité débordante de cette femme au parcours tellement inhumain.
L’histoire de la petite Bakhita est une aventure (in)humaine qui entretoise de surcroît la grande Histoire, celle marquée par la folie des hommes, de l’esclavagisme au nazisme, en passant par le colonialisme, le racisme, le fascisme, les guerres et les révolutions. C’est également un récit qui parle de l’enfance, de liberté, d’étoiles, d’amour et de foi… une véritable ode à la vie en compagnie d’une femme qui aura survécu à toutes les horreurs que celle-ci peut réserver.
« Bakhita » est une rencontre hors du commun, qui perdure au-delà de la dernière page, un personnage que l’on n’oublie pas et que je vous invite à découvrir au plus vite.
Un gros coup de cœur de cette rentrée littéraire, déjà couronné du Prix du roman Fnac 2017 et d’ores et déjà repris dans la première liste du Goncourt.
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