Magazine Cinéma

Mes amis, mes amours

Par Rob Gordon
Mes amis, mes amoursQu'attendre d'un film tiré d'un roman de Marc Lévy ? Forcément, pas grand chose. Pourtant, il restait un minimum d'espoir à l'idée de voir Lorraine Lévy (soeur de l'écrivaillon et réalisatrice du mignonnet La première fois que j'ai eu 20 ans) se charger de l'adaptation d'un bouquin dont l'atout principal est qu'il ne verse pas, comme les autres oeuvres de son auteur, dans le fantastico-guimauve. On pouvait donc espérer un sympathique film de potes, pas révolutionnaire mais au moins rafraîchissant, le divertissement parfait pour mes grands-parents un dimanche de pluie. Même pas : Mes amis Mes amours est un mauvais film, qui zigzague entre romance toute pourrie et comédie pas drôle, embarquant avec lui des acteurs qu'on aime bien mais qui font ici peine à voir.
Marc Lévy, c'est un peu l'anti roi Midas. On ne parle pas de l'aspect financier, puisque ses romans de plage lui ont sans doute permis d'amasser une fortune colossale. Non, c'est sur le versant "artistique" de la chose que la comparaison s'impose. Prenez une cinéaste en forme d'espoir, deux acteurs souvent convaincants et un genre inratable : au contact de l'univers de Lévy, ces petites choses bien réglées implosent. Effroyablement mis en scène, Mes amis Mes amours est une succession de plans clichés et totalement mal foutus, à base de gros plans bien moches et d'une image granuleuse pour faire authentique. Le montage à la hache (pas de transitions, rien, juste une juxtaposition d'images) fait le reste : ce film, c'est 0% rythme, 100% léthargie. Pour un divertissement, c'est plutôt ballot. La direction d'acteurs est à peine meilleure : Lindon est encore pire que quand il est mauvais, retrouvant ses tics d'autrefois et balutiant son jeu de bout en bout, sans doute contaminé par une Virginie Ledoyen qui n'en finit plus d'être archi-nulle. Quand elle aura fini d'avoir de beaux genoux, nul doute qu'on n'entendra plus jamais parler d'elle (vivement). Seul Pascal Elbé résiste au choc malgré un personnage taillé à la serpe, tout comme Florence Foresti dans ce qui est quasiment son meilleur rôle (mais, aussi bonne humoriste soit-elle, elle n'a jusqu'ici pas eu beaucoup de flair côté cinéma).
Difficile de blâmer des acteurs qui n'ont de toute façon rien à défendre. Les gags sont usés jusqu'à la corde, l'argument romantique part en pièces au bout de deux minutes, et les métaphores sont d'une telle mièvrerie que même Barbara Cartland doit se marrer. Tout le monde semble persuadé que filmer le vertige du personnage de Lindon (en haut d'une échelle, puis en haut d'un arbre, puis d'un autre) est une bonne façon de parler de la peur du vide, de celle obsession d'une existence bien remplie qui ronge pas mal d'entre nous. Avec un peu de finesse, ça passerait sans doute. Là, définitivement pas. La finesse n'est de toute façon pas le maître-mot d'un film qui croque Londres de façon encore plus schématique qu'une carte postale (avec, en plus, une B.O. archi-prévisible qui nous achève à intervalles réguliers) et va jusqu'à faire brusquement mourir un personnage juste pour créer un peu d'émotion (avec, à la clé, une scène d'enterrement particulièrement risible). Pour un peu, on regretterait presque Le coeur des hommes 2 qui, à défaut de faire dans la dentelle, proposait au moins quelques tranches de vies sensées sur l'amour et l'amitié virile. Ici, nada. Il faut se contenter de scènes aussi mémorables que celle où Lindon tombe amoureux de Ledoyen en apercevant sa nuque tandis qu'elle choisit scrupuleusement son Figaro du jour. Si c'est ça l'amour, mieux vaut sans doute rester tout seul. Et si c'est ça le cinéma, mieux vaut rester chez soi.
2/10

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rob Gordon 109 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines