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Au milieu des années 2000, Carmelo Zagari se replie dans son atelier où il peint, jour après jour, un ensemble impressionnant de grandes toiles : douze années d'une solitude peuplée de ses proches et de ses amis, dont il nous livre aujourd'hui les portraits.
Il nous propose cette centaine de toiles libres au format unique comme un jeu de tarot, pour l'usage duquel chacun est invité à concevoir ses propres règles, à battre et rebattre les cartes.CARMELO ZAGARI
NÉ EN 1957 À FIRMINY (LOIRE, FRANCE)
VIT ET TRAVAILLE À CRESPIAN (GARD, FRANCE)
Issu d'une famille d'origine italienne (son père, calabrais, était mineur à Saint-Étienne), Carmelo Zagari a suivi les cours de l'École des Beaux-Arts de Saint-Étienne entre 1974 et 1980. S'il a ensuite réalisé quelques sculptures, l'artiste est avant tout peintre. Chez Carmelo Zagari, le tableau, ou plus souvent la fresque de très grand format, est une composition présentant une multitude d'unités dispersées, des signes isolés et distincts. Moins narratifs qu'il n'y paraît, ses panoramas sont à considérer davantage comme des manifestes sur la vie et la mort, sur la fragilité humaine et sur une conscience du monde vu à travers le regard de l'artiste. Carmelo Zagari qualifie sa démarche de conceptuelle. Reposant avant tout sur des idées et des sens, celle-ci procède en amont par la réalisation de croquis qui constituent ensuite le terreau des peintures sur toile ou à fresque.
Carmelo Zagari réalise son premier travail in situ, Belle amoureuse, au Musée Saint-Pierre à Lyon (futur Musée d'Art Contemporain) en 1986. C'est pour lui une expérience décisive, car il choisit alors de peindre un mur de trois mètres par huit mètres sans possibilité de retouches (travail au fusain sur papier marouflé) et sans dessins préparatoires, ce qui constituait une prise de risque pleinement assumée. Dans ses fresques, il mobilise les couleurs comme un langage qu'il dit lui-même ne pas " comprendre ", mais " ressentir " intimement : elles contribuent profondément à constituer des ambiances à la charge émotionnelle forte. La rapidité d'exécution de ses peintures sans repentir apporte à Carmelo Zagari une dimension qui lui est essentielle, la dépossession de son travail : " [...] la peinture en elle-même n'a aucune importance. Pour moi ce qui compte, c'est ce que j'ai à " dire / construire " avec : affronter, regarder sa vie dans son incompréhension immédiate et totale, en cherchant les maillons, les secrets qui feront le futur... " (Carmelo Zagari, entretien avec Thierry Raspail, catalogue Carmelo Zagari 1991-1998, Musée d'Art Contemporain de Lyon, 1999, p. 25).
L'artiste insiste souvent sur ce qu'il définit comme sa devise : " n'oublie jamais d'où tu viens ". Il traduit cette mission mémorielle à travers une imagerie mêlant autobiographie, imaginaire, atmosphère, sensations et émotions. Ses visions oniriques, parfois chaotiques, mettent en scène des figures animales (serpent, cheval, girafe, etc.), des crânes, et introduisent également le végétal.
Avec exigence, Carmelo Zagari cultive dans ses œuvres une étrangeté picturale qui s'inscrit dans la continuité de la figuration médiévale aux connotations oniriques, aux résonances ténébreuses.
Musée international des arts modestes
23 quai de Maréchal de Lattre de Tassigny, 34200 Sète