Crémation : comment réduire le coût des funérailles ?

Publié le 11 octobre 2017 par Daniel Leprecheur

Il est en effet tout à fait possible de réduire certains postes de dépenses, sans pour autant brader la qualité des obsèques et leur dignité. Pour ce faire il faut visualiser les différentes étapes effectuées depuis le décès jusqu’au cimetière, et différencier l’indispensable du superflu, tout en s’appuyant sur une perception précise des textes de lois, de ce qui est autorisé ou non, de ce qui est imposé ou toléré, afin d’orienter ses choix et d’équilibrer au mieux son budget.

Cela passe par certains réflexes, certaines exigences, la prise de conscience que plusieurs gestes sont foncièrement inutiles et relativement onéreux.

Réduire le délai entre l’arrivée en funérarium et la date de la crémation

Chaque funérarium possède une chambre mortuaire où sont entreposés les corps dans l’attente de leur crémation. La conservation peut durer plusieurs jours sur les six légalement impartis pour l’organiser et l’effectuer, notamment pour des raisons de calendrier de travail, de rotation de personnel … ou d’afflux important, par exemple en cas d’épidémie.

Or, il importe de savoir que chaque jour d’attente est facturé environ 120 euros (la somme varie selon les établissements) ; la personne en charge du cérémonial doit donc négocier avec les pompes funèbres pour réduire ce délai au maximum et obtenir une incinération la plus rapide possible.

⇒ Économie =  de 350 à 380 euros en moyenne

Éviter les soins de préparation

Le corps étant destiné à être brûlé, nul besoin de soins de conservation effectués par un thanatopracteur, surtout si l’on arrive à réduire le temps d’attente au crématorium. Une toilette mortuaire suffira. Précisons que les produits utilisés pour préserver la dépouille sont souvent nocifs et peu compatibles avec une combustion, et que la prestation se chiffre entre 300 et 400 euros, ce qui alourdit considérablement la dépense.

⇒ Économie = 300 euros en moyenne

Se passer de publication nécrologique

S’ils sont traditionnellement inscrits dans le cérémonial funèbre, la publication d’un avis funéraire dans la presse locale, le tirage et l’envoi de faire-part ne sont aujourd’hui plus des nécessités. On peut tout simplement ouvrir le carnet d’adresses du disparu et informer ses connaissances par téléphone, exploiter les contacts internet et leur adresser un mailing, ou les interpeller via les réseaux sociaux. Ces derniers, tout comme les sites commémoratifs, se substituent gratuitement à une prestation relativement onéreuse et désuète.

⇒ Économie = entre 200 et 350 euros environ

Annuler l’exposition du corps

Les traitements de préservation sont d’autant moins nécessaires que la présentation du défunt en salon de réception n’est absolument pas une obligation. Cette étape mobilise généralement un espace qu’il faut agencer, décorer, fleurir, et animer, un cercueil d’apparat, et un maître de cérémonie ainsi qu’un aide qui accueillera la famille et les invités le temps de l’hommage.

Précisons que les proches ont pu déjà dire adieu au défunt en chambre mortuaire en établissement de santé, où ils sont appelés dès le décès, quand ils n’y ont pas assisté. Il est également envisageable de saluer la dépouille dans la chambre mortuaire de l’athanée où le corps sera présenté sur un simple brancard, couvert d’un drap. Attention cependant, il faut prendre conscience que cette méthode n’épargnera pas aux visiteurs les stigmates de la mort, un spectacle parfois choquant ; il faut donc y réfléchir en amont.

À noter : Contrairement à la pensée populaire, la cérémonie n’a pas obligatoirement au lieu crématorium.

Quant à la crémation elle-même, il s’agit d’une opération technique longue, qui peut s’avérer pénible pour les intimes, il suffit donc que deux personnes viennent récupérer les cendres une fois le processus terminé. Les proches auront alors l’option d’organiser ultérieurement une bénédiction à l’église ou une cérémonie laïque en salle communale ou au cimetière, ce qui est beaucoup moins onéreux qu’au crématorium, entre 100 et 150 euros. Il est aussi envisageable de proposer un cocktail d’adieu, qui rassemblera les invités après la cérémonie ; comptez 200 euros à peu près.

⇒ Économie = 300 euros en moyenne

Sélectionner cercueil et urne

La crémation autorise l’usage d’un cercueil en carton, désormais homologué pour l’incinération. Si les modèles décorés coûtent environ 600 euros, les modèles de base se chiffrent aux alentours de 200 euros. L’ajout d’une garniture en coton est accessoire et peut donc être économisée. A partir du moment où le cercueil répond aux normes NFD80-001-1 et NFD80-001-3, aucun crématorium ne peut les refuser.

Idem pour l’urne qu’on peut choisir très simple, évaluée à environ 130 euros (il existe des modèles biodégradables beaucoup moins chers à 40 euros mais on ne pourra les récupérer, ils se désagrégeront une fois en terre et il ne sera plus possible de transporter les cendres dans une autre sépulture). On peut aussi privilégier une « urne tombe » avec plaque intégrée à faire graver ultérieurement, pour une somme de 150 à 250 euros.

À noter : Contrairement à l’inhumation, avec la crémation, il n’y a aucune presse pour organiser les funérailles.

Précisons que ces produits sont accessibles chez les fabricants même, via leurs sites internet ; si les pompes funèbres impliquées dans les obsèques n’en  proposent pas en catalogue, il est envisageable de passer commande à la source, en n’oubliant pas que le délai de livraison peur excéder celui funérailles, mais une fois la crémation effectuée on a tout le temps pour ces dernières.

⇒ Économie = 400 euros en moyenne

Choisir une concession adaptée

Si l’on ne veut pas être répandu dans le jardin du souvenir ou en pleine nature, il est possible de demander au maire un espace non concédé pour établir une sépulture ; contrairement à ce que l’on croit, les emplacements ne sont pas destinés uniquement aux indigents dans l’incapacité de payer des obsèques : toute personne appartenant à la commune d’inhumation peut y avoir droit.

Dans ce cas, l’autorisation est reconductible tous les cinq ans, le maire ne peut y mettre un terme que s’il a besoin de la place, en cas de surpeuplement par exemple. Cet espace est par essence gratuit ainsi que le détermine l’article R 2223-3 du CGCT.

Si l’on choisit une concession, un emplacement concédé à durée déterminée contrairement à l’emplacement non concédé, il faut savoir que le maire met à disposition des places prévues pour accueillir un cercueil, ce qui est bien trop grand pour une seule urne.

Uniquement 1/8eme de la surface initiale est nécessaire. En conséquence on peut prendre la place entière et prévoir d’y placer plusieurs urnes. On peut aussi éventuellement discuter avec le service funéraire de la municipalité pour obtenir un site adapté, de 50 centimètres de côté, à moins que le cimetière ne prévoie un jardin d’urnes dédié. Cette diminution permet de diviser le prix de la concession qui revient alors à environ 60 euros pour 30 ans.

N’oublions pas que le coût des concessions varie d’une ville à l’autre, de même les taxes d’inhumation. Il faut aussi souligner qu’une fois les cendres récupérées au crématorium, il n’y a plus d’urgence à procéder à une inhumation de l’urne. Le temps de trouver la solution adéquate, les restes peuvent être placés dans un lieu de culte (en contrepartie d’un don effectué à la communauté).

Rappelons aussi qu’il n’est plus possible de conserver les cendres chez soi.

⇒ Économie : environ 400 euros

On le constate, il est possible d’effectuer des économies substantielles sur la facture globale d’une crémation. Ce travail suppose cependant une réflexion préalable et tout un travail de recherche de la part de chaque individu comme de son entourage. Ainsi une personne désireuse de conclure une assurance obsèques adaptée doit tenir compte de ces informations pour calculer son budget et paramétrer son contrat en conséquence ; de même les proches doivent connaître ces options pour les actionner le moment venu, dans des circonstances tragiques qui ne favorisent guère la concentration et l’esprit rationnel, qui plus est face à des interlocuteurs souvent réfractaires.

En effet, ces économies vont à l’encontre des professionnels de la filière qui y perdent un bénéfice. Elles vont aussi à l’encontre des habitudes  des municipalités, mais ni de la loi, ni de l’économie de surface de cimetière induite par la pratique de la crémation en pleine évolution.

Dans le temps très court de six journées, il va falloir agir vite, et identifier les dépenses inutiles, tout en faisant fi de la pression sociale, des coutumes et des systématiques du milieu funéraire. Il importe alors de se montrer exigeant,  ne pas hésiter à demander des devis, les comparer, négocier afin de réduire un coût souvent exagéré. L’exercice semble inapproprié en période de deuil ; il s’avère pourtant qu’en impliquant les proches, pareille démarche facilite la gestion du chagrin et la résilience.

Résumé des économies réalisables

 Prix moyen actuel « élevé »Prix « diminué »Économies en €Économies en % sur 4300 € de coût moyen actuel

Chambre funéraire380 €-380 €

Soins de préparation300 €-300 €

Avis nécrologique350 €-350 €

Cérémonie500 €200 €300 €

Cercueil en cellulose740 €300 €440 €

Concession de taille adaptée460 €60 €400 €

Cavurne/Urne en pleine terre + plaque340 €*+95 €** (cavurne) 0+95 € (urne en pleine terre)340 €

Total des économies2510 €58%

* Prix moyen avec concession : 400 € auquel on retire 60 € de concession (ligne au-dessus) : 340€.
** Ajouter dans les deux cas une plaque d’identification 95€ en moyenne.