La première du spectacle Monstres, on ne danse pas pour rien, du chorégraphe et danseur congolais DeLaVallet Bidiefono, a eu lieu à Limoges le 28 septembre dernier dans le cadre du Festival des Francophonies en Limousin. Africultures y était.
Monstres, on ne danse pas pour rien commence par la fluidité d’un bal solitaire, celui du danseur et chorégraphe DeLaVallet Bidiefono en t-shirt rouge et jeans noir. Avec des gestes virulents et parfaitement maitrisés, il s’appuie sur ses pieds aussi bien que sur son dos pour tenir le tempo d’un rythme intérieur. Dans le silence, une à une, des personnes le rejoignent. Elles entament une danse-chasse où chacune d’entre elles semble seule, à la recherche de quelque chose. Puis, pendant leurs grands sauts, danseurs et danseuses s’aperçoivent les uns les autres avec discrétion, comme si le fait de synchroniser les mouvements était le fruit d’un hasard. Pourtant l’union de leurs forces est très vite dirigée vers un objectif commun, et Monstres devient allégorie d’une marche collective soutenue vivement par les percussions : « Pour moi c’est très important d’avoir des batteries, ce sont des instruments d’alerte, ceux qu’on entend au moment des guerres ou des batailles. Comme si c’était un mur de résistance. J’avais besoin de cette armée derrière moi», explique DeLaVallet Bidiefono. Volet après volet, les lumières dévoilent un orchestre au-dessus de la scène. La suite sera faite de musiques incroyablement bien choisies jonglant entre la légèreté et le solennel (jazz, world music, opéra, rock, funk etc.).
Métaphore de la construction de Baning’Art
« Notre spectacle est la métaphore de la construction de l’Espace Baning’Art, continue le chorégraphe, dont le précédent spectacle Au-delà a été salué par la critique en 2013. Il s’agit d’un lieu créé avec nos mains, grâce aux revenues des tournées, sans subventions. Il servira à accueillir les artistes, car au Congo il n’y a pas d’école de danse, de théâtre, de conservatoire. Aucune politique culturelle ne s’est investie pour cela. Donc pour nous c’était indispensable d’avoir un lieu de création, de formation et de transmission ». A 17 km de Brazzaville, l’Espace Baning’Art, fondé en 2016 par le chorégraphe natif de Pointe Noire, est un lieu « stratégique ». Il surgit dans un quartier, Kombé, qui après avoir été détruit et dévalisé par la guerre civile du Congo-Brazzaville des années 1990, a été récemment rebâtit : « Hommes, femmes, enfants, ont recommencé à construire leur maison, à vivre. Donc pour moi c’était évident d’être avec eux, dans cette énergie, pour donner naissance à notre lieu »
Devenir danse
Entre temps vous pouvez assister à la représentation de Monstres, on ne danse pas pour rien:
Le 16 novembre 2017 à l’Espace des Arts, Chalon-Sur-Saône
Le 21 novembre 2017 au Théâtre de Choisy-le-Roi
Le 16 janvier 2018 au Grand R. La Roche-Sur-Yon