Laetitia, un film percutant

Publié le 11 octobre 2017 par Pascal Boutreau

Pour une fois, je vais commencer la new news par du cinéma. Ce ne sera pas pour évoquer le dernier film d'Eric Toledano et Olivier Nakache, "Le sens de la fête", pour lequel je suis un peu resté sur ma faim (peu de surprises, long à se mettre en route). Peut-être que j'en attendais trop... on ne peut pas réussir un "Intouchables" à tous les coups.

Il y a parfois des soirées inattendues. Celle de lundi en fut une. Une invitation d'une amie à venir voir un film suivi d'un petit débat. Aucune idée du film, une salle en plein coeur de Paris qui limite mon enthousiasme (les "initiatives" d'Anne Hidalgo me font éviter le plus possible Paris), mais bon, si Patricia Constantini, que j'ai connue quand elle était DTN du triathlon et aujourd'hui co-fondatrice de l'association Egal Sport (j'y reviendrai) me propose cette soirée, je vais aller y faire un tour. Et voilà comment je me retrouve au cinéma Accatone, petite salle du cinéma tout près de la Sorbonne.  

Le film, ou plutôt le documentaire, c'est "Laetitia", l'histoire de Laetitia Lambert, championne du monde de boxe thai ou plus exactement de Muay Thai. La réalisatrice Julie Talon la suit pendant de longs mois dans son quotidien. Son entraînement, ses difficultés à revenir au poids, sa relation, sans concession mais sans aucun doute pleine d'affection, avec son entraîneur Jean-Marie (Merchet) au club Haute Tension de Vitry-sur-Seine, sa vie de maman, ses doutes, ses forces, nombreuses, ses faiblesses, tout aussi nombreuses. 

Au fil du documentaire, on se laisse prendre, on s'attache à cette femme que l'on devine lestée par pas mal de casseroles. Grosse force de ce film, la réalisatrice évite le piège du pathos. Quelques plans, pudiques, suffisent à glisser des messages sur les factures difficiles à payer, le rapport avec la féminité etc. Pas de longs discours non plus. Juste les phrases échangées avec son entraîneur ou avec son fils. Le son, ce sont surtout ces bruits de coups dans les sacs de la salle d'entraînement, ces souffles, cette respiration qui rythme chacune des frappes. On pourrait presque entendre chaque goutte de sueur tomber sur les tapis. 

Les plus sportifs y découvriront aussi une immersion dans les coulisses de cette discipline ô combien exigeante. On y devine ces combats féminins organisés en ouverture de soirée, quand les bénévoles finissent à peine d'installer les dernières banderoles, que les premiers spectateurs arrivent. On est loin des grandes salles des casinos de Las Vegas, des 80 000 spectateurs de Wembley pour voir Joshua contre Klitschko ou des combats de Tony Yoka au Zenith. Un petit bout de vestiaire pour se changer, trois rounds à donner des coups, à en prendre aussi. Beaucoup. Pour à peine quelques centaines d'euros. 

Et puis il a derrière ce docu, que je trouve par ailleurs très bien réalisé, toutes les questions sur l'après. "De toute façon, je ne sais faire que ça", glisse Laetitia, quand l'idée de mettre un terme à sa carrière commence à surgir. Dans la très sympathique discussion avec la réalisatrice après la projection, le sujet a été évoqué avec la mise en exergue du manque d'accompagnement. Une thématique hélas récurrente dans de nombreuses disciplines et souvent encore plus évidente dans la pratique féminine. 

Bref, une bien belle soirée. Si vous avez l'occasion de voir ce film, ne passez pas à côté. mais ne tardez pas trop car il ne sera pas à l'affiche éternellement.  

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Egal Sport est un collectif (et non une association) qui, comme le dit son site internet egalsport.com "regroupe des bénévoles très engagé.es dans la promotion de l’égalité des femmes et des hommes dans le sport. Il s’agit bien, en toute indépendance, d’inciter les institutions et les médias à valoriser les actions positives en faveur de la place des femmes dans le sport et à dénoncer les comportements discriminatoires. Partage d’informations, mutualisation d’expériences, participation active aux évènements majeurs et expertises de spécialistes, sont au cœur de notre action. La démarche collective contribue à porter à la connaissance de chacun.e, les avancées réalisées dans les domaines dédiés. Les convictions partagées constituent la dynamique nécessaire à l’enrichissement de toutes et tous.

Les "associations", les "magazines" et de nombreuses initiatives autour de la pratique féminine voient le jour depuis quelques années maintenant. Et tant mieux. je ne partage pas toujours les directions prises qui tendent trop souvent vers du féminisme "chiennes de garde" qui, selon moi, n'est pas la bonne solution. Mais je veux croire en l'initiative de ce collectif Egal Sport. A suivre donc...    

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Un peu de dada avec un petit recyclage d'un papier que j'ai commis pour le site d'Equidia. On y parle dada, mais cela pourrait concerner toutes les disciplines.  Car il n’y a pas que les médailles olympiques ou les titres Elite qui se fêtent. Quelque soit le sport, quelque soit le niveau, l’émotion, la joie, et très souvent même la fierté sont les mêmes.

Il y a quelques jours, le club-house a vibré à l’Ecurie de Moulis, structure qui accueille une vingtaine de propriétaires et une dizaine de cavaliers extérieurs, heureux de profiter des carrières, du manège et du savoir-faire d’Arnaud et Julie les deux enseignants à la tête de ces écuries installées à Moulis-en-Médoc, en Gironde, à une trentaine de kilomètres au nord de Bordeaux. La saison 2017 restera d’ores et déjà comme un grand cru, pour cette structure nichée dans le Haut Médoc, au coeur du vignoble bordelais, à quelques lieues seulement des prestigieux Châteaux réputés dans le monde entier.

Ce dimanche après-midi, autour d’Arnaud Balavoine (8e cette année des jeunes chevaux cycle libre 2e année à Pompadour avec Comète des Quarts) et de Julie Renaud (victorieuse à Pompadour des jeunes chevaux cycle libre 3e année, en 2016 avec Azzaro de Montplaisir et 6e du même concours avec Antidote d’Oreal), les maîtres du lieu, on fêtait la championne du jour : Camille Couesnon, 14 ans, victorieuse à Lamotte du championnat de France As minimes en concours complet avec Qui dit Mieux Dupalet (13 ans). Quelques jours auparavant, on avait déjà célébré Manon Gimet, 17 ans, sacrée en Amateur 2 au Meeting des Propriétaires toujours à Lamotte avec Wyoming, et Michèle Varennes, auteure de très bons résultats en Club 1 en dressage avec Quirielle de Mons.

La récompense de tous les sacrifices de l’année

Avec à chaque fois, comme dans tous les clubs de France, toute la fierté des cavaliers et cavalières mais aussi celle des proches, toujours là tout au long de la saison pour permettre à leurs enfants, épouses, maris etc. de s’exprimer et même le plus souvent de s’épanouir dans leur passion. Plus personne ne compte les allers-retours pour aller aux écuries parfois sous un temps de chien, les week-ends consacrés aux concours, avec d’interminables heures passées sur les routes pour parfois quelques minutes seulement à dérouler une reprise ou à effectuer un parcours.

Ce dimanche après-midi, aux écuries de Moulis, toutes ces heures, tous ces frissons, toutes ces peurs aussi parfois, sont oubliés. L’heure est à la célébration.

« La Marseillaise, c’était énorme, une grande fierté et beaucoup d’émotion, raconte Vanessa, maman de Camille, venue elle-aussi à l’équitation en suivant sa fille et régulièrement engagée dans des épreuves Amateur 1 en complet. Quand Camille a débuté, je n’imaginais pas que ça nous mènerait jusque-là. Mais maintenant ça donne envie d’aller encore un peu plus loin. J’espère qu’elle va continuer. » Une motivation grandissante au fil des bons résultats, malgré toutes les contraintes. « En semaine, elle monte quatre fois pendant les périodes scolaires et évidemment plus pendant les vacances, poursuit la maman. On a la chance d’être à Moulis, un endroit super pour les chevaux qui sont toute la journée au pré, et pour les cavaliers. »

Passe ton brevet d’abord…

Elève de troisième, Camille a vécu un moment fort à Lamotte. « J’ai la chance de bien contrôler mon stress, confie-t-elle. ça me concentre encore plus plutôt que de me faire perdre mes moyens. A Lamotte, j’avais quand même un peu de pression sur le saut car j’étais en tête et je passais donc en dernière (en tête dès le dressage (41,3 pts), 1,2 pt pour temps dépassé sur le cross et sans-faute à l’hippique). Cela fait bientôt un an que j’ai mon cheval. Il a déjà pas mal d’expérience. Au début ce fut parfois difficile car il était un peu anxieux sur le cross. Il a fallu retrouver de la confiance. Mais il est maintenant très en forme. »

Admirative de l’équitation de Michael Jung mais sans afficher une véritable idole, Camille rêve de pouvoir un jour marcher sur les pas de tous les champions de haut niveau. Mais la route est encore longue. Très très longue même. « Pour commencer, j’ai le brevet en fin d’année, rappelle-t-elle. Je partage l’avis de mes parents sur l’importance des études pour avoir un bon métier. J’aimerais faire des études de droit pour être avocate. » Pas facile donc de tout concilier. « Il faut réussir à s’organiser. Par exemple, ce week-end nous sommes en concours à Royan. Il faut anticiper pour tout faire. » Et pour continuer à rêver à de futures victoires, bien évidemment en concours complet. « Pour rien au monde je ne changerais de discipline », lâche Camille. « Pour l’instant, à son niveau, ça va encore, confie sa maman qui reconnaît être parfois inquiète. Avant d’ajouter en souriant : « Mais je la comprends, je suis pareille… »

A l’Ecurie de Moulis, le club-house risque d’avoir encore de belles journées à fêter.

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Les jambes.... et la tête

Nouvel épisode  de cette "rubrique" où l'idée est de mieux connaitre les terrains où l'on s'entraîne, sans courir, pédaler ou nager la tête baissée.

Dieu qu'elle fait mal aux jambes ! La côte de Chanteloup-les-Vignes est un vrai test pour les amateurs de mon genre. 1,8 km de montée, 114 m de dénivelé avec une moyenne à 6,33% mais des passages à 13%.

S'arrêter en haut de la côte, au-delà de vous offrir un moment de répit, est l'occasion de découvrir deux stèles. Erigée en 1929, la première évoque la première course de côte du monde organisée, ici, le 27 novembre 1898 par Paul Meyan, directeur de la France automobile. Elle est positionnée à l'endroit de la ligne d'arrivée de cette course qui rassembla 48 partants. Le Belge Camille Jenatzy en fut le premier vainqueur en parcourant les 1,82km en 3'52''. Et comme tout est lié dans la région, ce même Paul Jenatzy est le premier à avoir franchi les 100 km/h avec une voiture, à quelques kilomètres de là, dans la ligne droite d'Achères, à bord de "La Jamais contente", le 29 avril 1899. Aujourd'hui encore la course existe. La dernière a eu lieu le 4 juin.

La deuxième est un hommage au cycliste professionnel Pascal Jules. Originaire de la région, il avait quatre participations au Tour de France à son actif (1983, 1984, 1986 et 1987), avec notamment une victoire d'étape en 1984 entre Le Mans et Nantes, un Giro (1987) et une Vuelta (1986). Il est décédé dans un accident de voiture à l'âge de 26 ans.  Sur e monument, on lit "Julot, ce pro qui était des nôtres". 

Dans la même série "Les jambes... et la tête" (généralement en bas des news)

  • Rencontre avec les Impressionnistes
  • Le banc Pierre Giffard
  • La forêt de Saint-Germain 
  • Le Musée d'Archéologie Nationale
  • Le camp des Loges et le stade Georges-Lefèvre
  • La montée entre le Pont Georges-Pompidou et la Place Royale
  • Le coup de Jarnac, une origine saint-germanoise
  • Première voiture à plus de 100km/h dans La ligne droite d'Achères
  • Footing en terrasse à Saint-Germain, un voyage dans l'histoire de France
  • De la Seine-et-Oise aux Yvelines
  • La piscine de Saint-Germain
  • Le chemin des oratoires dans la forêt de Saint-Germain