Arts urbains et Amazonie, une forêt de possibles

Publié le 10 octobre 2017 par Paristonkar @ParisTonkar

Au nord du Pérou, département de la Haute Amazonie (Alto Amazonas), la ville de Yurimaguas bordée par le fleuve Huallaga est un terminus obligatoire pour celles et ceux qui depuis les terres veulent rejoindre via le fleuve, des destinations plus lointaines. Ici les touristes qui veulent expérimenter l’Amazonie au sein de la réserve nationale Pacaya-Samiria, font une étape à Yurimaguas avant de s’élancer pour deux jours par voie fluviale vers des destinations comme Iquitos gros aimant écotouristique. D’autres s’arrêteront à Lagunas après six heures de lancha rapide ; plus discrète beaucoup plus rapide à atteindre mais largement plus authentique et intacte d’un tourisme de masse, Lagunas est une des portes d’entrée de la réserve .

Mais avant d’arriver à Lagunas depuis Yurimaguas, la perle du Huallaga; c’est à partir de Lima par un vol intérieur que l’on rejoint Tarapoto à deux heures de taxi de Yurimaguas. L’Amazonie, son synonyme c’est périple. Tout au long de ces deux heures de route ce qui est frappant ce sont les nombreuses plantations de palmes (dont on fait entre autres la fameuse huile) qui se succèdent quasiment jusqu’aux portes de Yurimaguas.

Seul pour l’instant le fleuve interdit le saut fatal de la palme sur la berge opposée, comprenant forêt tropicale et communautés.

Du côté Iquitos de l’entrée de la réserve, des problématiques liés à l’extraction de pétrole avaient, il y a encore peu défrayé la chronique. Au sein de la réserve le braconnage, souvent d’espèces menacées, et la déforestation rajoutent des pans supplémentaires à l’éventail des nombreuses menaces qui pèsent à la fois sur les droits des communautés vivant sur place et également sur un environnement à l’exubérante mais si fragile richesse.

Devant tous ces risques, ces dangers sociaux et environnementaux, à Yurimaguas les artistes locaux adressent aux populations locales, aux autorités et aux touristes de passage les messages en relation avec l’indispensable préservation de la nature et celle, toute aussi primordiale, des droits humains. Les œuvres chargées de sens, donnent lieu à un mélange de fresques murales, de portraits et d’arts modestes et populaire. Un joyeux mélange qui engendre l’étonnant paradoxe d’un art de rue en pleine Amazonie.

 
Enfin, à Lagunas village en pleine forêt où il ne circule sur l’artère unique et principale aucune voiture car il n’y en a tout simplement pas, l’art de rue s’exprime aussi annonçant quelques-uns des multiples résidents de la forêt (ci-dessous tortues, perroquets, jaguars, dauphins de fleuve).

Toujours à Lagunas, pour une invitation à la lutte syndicale ou à l’immersion dans les halles d’un marché tropical, c’est le mur qui, en couleur, tient le haut du pavé de la communication.

Texte et photographies : Malik Mahdjouba (MkMh)
Incursion Amazonienne novembre 2016