La réalisatrice Kathryn Bigelow éveille les consciences sur les droits civiques aux Etats-Unis avec Detroit : un long-métrage majeur sur les émeutes raciales survenues en 1967. Un artiste est-il voué à autre chose? Un brillant travail de recherche mené par son scénariste Mark Boal entouré d'une équipe de 6 collaborateurs révèle au grand public ce moment d'histoire oublié. 50 ans après, on peut déplorer un triste anniversaire pour " The Algiers Motel Incident" . Les tensions raciales subsistent aux Etats-Unis. Les deux mandats de Barack Obama et l'émergence d'une classe moyenne noire ces dernières décennies ont servi d'arguments à ceux qui refusent de regarder la réalité en face, à ceux qui la nient, à ceux qui ne la voient pas. Le problème des ghettos demeure une réalité. Le revenu moyen d'un Noir inférieur à celui d'un Blanc demeure une réalité. Avoir 9 fois plus de (mal)chance d'être tué par un policier quand on est Noir aux Etats-Unis demeure une réalité. L'élection du président américain Donald Trump a libéré la parole des suprémacistes blancs et ravivé des tensions latentes. Le problème n'est pas réglé. Detroit propose de le regarder en face pour dialoguer, avancer et sortir du schéma de discrimination ancré dans la société américaine.
Detroit : une introduction chiadée
Admirative du travail de l'artiste-peintre afro-américain Jacob Lawrence, Kathryn Bigelow a sollicité ses ayant-droits pour insérer ses oeuvres animées en ouverture du film Detroit. Raconter l'origine des tensions raciales aux Etats-Unis lui a semblé essentiel. Elle a donc fait appel au directeur du Centre Hutchins pour la recherche afro-américaine à Harvard. Henry Louis Gates Jr a eu pour mission de faire parler les oeuvres de Jacob Lawrence, de mettre des mots sur l'histoire des Etats-Unis et de sa société construite sur l'esclavage, les inégalités, la ségrégation. Les mentalités sont parfois plus lentes que les lois... La fin officielle de la ségrégation date de 1964 avec l'adoption de la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) mise en place par le président Lyndon Johnson. Les mariages mixtes sont devenus légaux 3 ans après le Civil Rights Act. Les parents de Charles auraient donc été emprisonnés pour être tombés amoureux s'ils avaient vécu aux Etats-Unis... 4 ans après le Civil Rights Act, le militant phare des droits civiques sera assassiné. Martin Luther King qui rêvait d'égalité a été assassiné. C'était hier ...
Detroit : un moment d'histoire majeur oublié
Eté 1967 : la population noire se soulève dans une centaine de villes américaines pour exprimer sa révolte, son exaspération après des décennies de ségrégation et de promesses envolées. La discrimination raciale est monnaie courante aux Etats-Unis. Newark: un chauffeur de taxi est roué de coups par la police suite à un manquement au code de la route. La ville s'embrase. La Garde nationale intervient. 23 morts, 2000 blessés, 1500 Noirs emprisonnés. Les émeutes gagnent Détroit après une intervention policière au Speakeasy : un bar clandestin. 82 personnes qui fêtent le retour de soldats revenus sains et saufs du Vietnam sont arrêtées. L'opération traîne en longueur et attire l'attention des habitants. La colère gagne la foule dans un climat déjà tendu. La 5e ville du pays s'embrase à son tour. Deux jours plus tard, dans la nuit du 25 au 26 juillet 1967, un tir de sniper est signalé aux abords de l'hôtel Algiers. Si vous ne savez pas encore ce qui s'est joué à Détroit ce soir là, je vous invite à le découvrir avec Detroit qui sort en salle demain 11 octobre.
Trois témoins présents au Algiers Motel lors de la nuit d'émeutes du 25 au 26 juillet 1967 ont participé à l'élaboration du film pour qu'il colle le plus possible à la réalité. Larry Reed (leader des Dramatics en 1967), Julie Hysell (l'une des deux jeunes femmes blanches venues assister à un concert accusées de prostitution et brutalisées pour avoir fricoté avec des Noirs) et Melvin Dismukes (agent de sécurité noir) ont accepté de raconter ce drame pour faire honneur aux victimes tombées ce soir là. Le brillant casting a pu les côtoyer pour s'imprégner de leurs histoires. Je suis sortie de la salle sonnée, bouleversée, émue aux larmes et heureuse que des oeuvres comme Detroit puissent interpeller le grand public. Les mots de Martin Luther King prononcés à Washington en 1963 me reviennent à l'esprit : " Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd'hui un rêve! ". 50 ans après, son rêve reste tragiquement d'actualité. Puisse Detroit contribuer à le réaliser un jour... BANDE-ANNONCE DETROIT- Edito : J'ai rêvé d'une vie nomade
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