La plupart des miels du monde contaminés par les insecticides

Publié le 10 octobre 2017 par Bioaddict @bioaddict
Les trois quarts des miels produits dans le monde contiennent des résidus d'insecticides néonicotinoïdes, les plus dangereux pour les abeilles, selon une nouvelle étude. Elle confirme une pollution généralisée désastreuse pour les insectes, l'environnement et l'Homme. ¤¤ Les insecticides néonicotinoïdes, surnommés " tueurs d'abeilles ", contaminent la grande majorité des miels récoltés sur les cinq continents selon une étude franco-suisse publiée vendredi 6 octobre dans la revue Science. Sur le même thème   L'UNAF révèle l'alarmante utilisation des pesticides "tueurs d'abeilles" Déclin des abeilles : une étude de l'INRA confirme la responsabilité des pesticides Cuba, l'un des seuls endroits au monde où les abeilles sont en bonne santé Agriculture : les abeilles transformées en esclaves de la pollinisation Alerte santé : du glyphosate dans plus de 50% de nos céréales et légumes secs non bio Pesticides : les dangers pour la santé et l'environnement OK
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Quelque 300 pots de miel en provenance d'Alaska, d'Australie, de Magadascar, d'Europe ou d'Asie ont été analysés au cours d'une étude franco-suisse parue dans la revue Science du 6 octobre 2017. Cinq molécules de la famille des néonicotinoïdes ont été recherchées : imidaclopride, acétamipride, thiamethoxame, clothianidine et thiaclopride. Au moins une de ces molécules a été trouvée dans 75% des miels. Mais les miels d'Amérique du Nord sont contaminés à 86%, les miels d'Asie à 80% et les miels d'Europe à 79%. 30% des échantillons contenaient un seul néonicotinoïde et 45% en contenaient entre deux et cinq. L'imidaclopride est le produit le plus fréquemment trouvé, soit dans 51% des échantillons.

Le constat est " alarmant " particulièrement pour les abeilles, affirme M. Aebi, chercheur au Laboratoire de biodiversité du sol de l'Université de Neufchâtel (UniNE). " Tous les continents sont affectés, il n'y a pas un endroit qui ne soit pas contaminé " a-t-il déclaré dans une interview avec Le Devoir.

Et les miels identifiés " biologiques " ? La certification n'était pas dans les critères de l'équipe interdisciplinaire, mais plusieurs des miels analysés étaient de culture écologique.

Des effets négatifs à 0,1 microgramme par kilo

Les teneurs retrouvées vont de 1,8 microgramme par kilo à 50 microgrammes par kilo, une valeur proche des valeurs maximale de résidus. Or les effets négatifs commencent à apparaître chez certains insectes à 0,1 microgramme par kilo. Ces doses ne provoquent pas leur mort immédiate mais suffisent à entrainer des troubles qui mettent leur vie en danger. Les abeilles par exemple deviennent incapables de retrouver le chemin de la ruche.

L'étude a le mérite de démontrer ce que les apiculteurs affirment : les abeilles ne sont pas protégées des néonicotinoïdes. Les mesures d'interdiction prises jusqu'à maintenant, qui concernent surtout les cultures attractives pour ces insectes, ne sont pas suffisantes.

Elles ne sont pas davantage suffisantes pour protéger les consommateurs. La contamination généralisée constatée dans le miel est probablement identique dans de nombreux aliments.
Pour Gilles Lanio, Président de l'UNAF (Union Nationale de l'Apiculture Française), " depuis trop longtemps, l'abeille et l'apiculture sont victimes de ces pesticides. Cette étude confirme la nécessité d'une interdiction urgente et totale des néonicotinoïdes ".

Laure Chanon