La recherche de visibilité de l'événement, notamment sur les réseaux sociaux, donne évidemment une indication sur une première partie de la réponse : l'enjeu de communication est au cœur des préoccupations de la banque, et certainement plus en direction des collaborateurs que des clients ou des investisseurs. Car il devient impératif de montrer que la banque s'adapte à un monde en pleine transformation et que ses plus hauts responsables sont pleinement conscients de leur rôle de pilote.
Dans ce sens, l'impact ne peut qu'être positif pour les salariés qui, du « fond » de la DSI, sont désormais ceux qui définissent l'avenir de l'entreprise, à longueur, entre autres, de lignes de code informatique. Le message sera aussi rassurant pour les jeunes candidats à l'embauche (surtout les développeurs) qui, séduits par les sirènes des géants du web ou des startups à la culture plus proche de leurs convictions, s'imaginent mal travailler pour des grands groupes à la réputation souvent peu flatteuse (de leur point de vue).
Mais il est une catégorie d'observateurs pour estimer que ce genre d'actions, au moins dans le secteur financier, contribue directement à la sensibilisation des dirigeants aux défis de l'ère « digitale », ce qui en ferait un exercice salutaire et, peut-être, indispensable. J'avoue être là plus sceptique : bien que l'idée paraisse convaincante, au premier abord, et qu'elle ait probablement un minimum de valeur, il serait totalement illusoire d'en faire la panacée de l'acculturation des organisations aux nouvelles règles du jeu.
Tout d'abord, je ne crois pas qu'une demie journée passée à découvrir quelques principes de développement ait un impact quelconque sur une personne, aussi motivée soit-elle. J'oserais même avancer qu'il semble tout à fait déplacé (insultant ?) de penser qu'un dirigeant au bagage impressionnant en apprenne plus de la sorte qu'en quelques minutes d'échanges avec un développeur. S'il était question d'un stage de 2 ou 3 semaines en immersion dans une DSI comme certaines entreprises en organisent encore quelquefois dans tous leurs départements pour leurs recrues, l'effet serait plus crédible…
Autre faiblesse d'une approche exclusivement concentrée sur le développement : elle est extrêmement réductrice. En effet, l'objectif de la banque est de réussir sa transition « digitale ». Or celle-ci n'est pas seulement faite de technologies (elle repose aussi sur des changements de comportements et d'attentes qu'il faut comprendre), les technologies ne se réduisent pas à des logiciels, et savoir les créer deviendra moins important au fur et à mesure que la discipline commencera à être domptée par l'intelligence artificielle. Au bout du compte, le code est donc peu représentatif de l'ambition à porter.
Enfin, je voudrais insister un instant sur le besoin de diversité de l'entreprise. Bien sûr, il n'est en aucun cas envisagé de transformer tous les collaborateurs, jusqu'en haut de la pyramide, en développeurs. Mais il ne faudrait pas non plus que tous s'imprègnent d'une même culture du logiciel, car ce serait la mort de la créativité ! Observez la Silicon Valley : ses plus grands visionnaires ne sont pas systématiquement passés par le codage… Méfions-nous donc de l'uniformité et cultivons les différences à tout prix !
En conclusion, bravo à Frédéric Oudéa pour avoir saisi l'importance de la communication positive à destination des populations informatiques (actuelles et futures). Et n'oubliez pas que le chantier de la transformation « digitale » reste à mener !