Du 7 septembre au 7 octobre 2017 - Vernissage jeudi 12 octobre à 18h30
http://www.galeriebarresrivet.comDe loin, les cadres semblent vides et, lorsqu'on s'en rapproche, dans un espace plus intime, les traits des cheveux apparaissent. Les contours, d'abord invisibles, se distinguent, élégants, nets et précis, sous le verre. Ils ont l'air d'être en suspension. Comment tiennent-ils? "
Claudie Dadu : Oui, "comment ça tient ? ".
C'est une question récurrente qui exprime, je crois, une autre question essentielle concernant la condition humaine : à quoi ça tient la vie ? A un cheveu ? Si l'art n'est pas uniquement une question de technique, inventer une technique qui incarne une question liée à la fragilité de la vie : c'est cela qui m'intéresse. Face à l'inexorable chute, je choisis de me relier à la sensation de suspension que procure parfois celle même de vivre, peut-être même celle d'exister.
Mes cheveux se métamorphosent en traits de dessin dans un moment d'une extrême concentration qui nécessite la solitude, l'intimité, et le secret de l'atelier. Le cheveu est aussi une sécrétion produite par la peau du crâne. Les mots secret (secretus), et sécrétion (secretio) sont très proches.
Le secret fait partie intégrante du processus d'élaboration charnelle de mes dessins. Je laisse donc la question "comment ça tient ? " en suspens, et souvent les regardeurs me font part de multiples astuces techniques qu'ils ont secrétées à leur tour.
A partir de presque rien, quelques cheveux et un simulacre de vide produisant blancheur et reflets, mes dessins sont créateurs de lumière à l'instar de multiples fenêtres. Ils modifient les perspectives et agrandissent l'espace où ils sont exposés. Jouant avec les distances de perception, incitant aux déplacements et sollicitant les points de vue, ils invitent les visiteurs à vivre, concrètement, diverses étapes de lecture telles que celles que tu décris.
Conversation avec Pierre Tilman, Extrait du livre " DRAWN BY HAIR AND CHARNEL LOVE " éditions Strobo 2014