Il existe encore dans les collections des objets intéressants autour du costume de deuilleur. Certains de ses éléments significatifs sont conservés dans différents musées : Saint-Pétersbourg (Le Capitaine Clerke a fait des cadeaux au gouverneur du Kamchatka lors du 3ème voyage), Berne (TAH23 où il s’agit de la collection de Webber), à Wellington et encore à Sydney...
À Berne, il manque certes au costume rapporté par John Webber (ci-dessus) le vêtement de tapa, un tablier et un filet garni de plumes, mais on remarquera la présence de grands coquillages qui servaient de castagnettes.
Celui-ci fut acheté par Joseph Banks et offert à William Bullock, un collectionneur qui amassait une importante quantité d’objets et des curiosités naturelles.
À la fin des années 1790, Bullock fonda un museum à Sheffield avant de l’installer à Liverpool puis à Londres en 1809. Mais il fallait de gros moyens pour faire vivre cet ensemble de 32 000 objets...et Bullock, comme Lever quelques années avant lui n’y parvint pas.
Ainsi, cet ahu parau fut-il acheté par un certain Charles Winn à la vente aux enchères du Bullock Museum en 1819 au cours de laquelle il acquit également un manteau hawaiien et un casque. Les artefacts furent ensuite conservés dans la famille Winn jusqu'à ce qu'ils aient été donnés au gouvernement néo-zélandais par le petit-fils de M. Winn, Rowland Winn, 2nd Baron St Oswald en 1912.
Mais en visitant le Museum fur Völkerkunde de Berlin-Dahlem il y a 2 ans, je fus surprise par la présence dans les collections
Mais A. Kaeppler est formelle, il n’a pas été rapporté par Cook... peut-être par Bougainville ?... une enquête est à mener...
L’histoire des collections est donc loin d’être un chemin bien tranquille...
J’ai déjà évoqué l’importance qu’ont joué Johan Reinhold Forster et son fils Georg lors du second voyage dans cette histoire là. Cook écrivait à propos du père :
"But who is going to envy John Reinhold Forster ? We have come to one of the awkward beings of the age, the patently conspicuous phenomenon of the voyage...There is nothing that can make him other than one of the Admiralty's vast mistakes. From first to last on the voyage, and afterwards, he was an incubus. One hesitates, in fact, to lay out his characteristics, lest the portrait should seem simply caricature. Dogmatic, humourless, suspicious, pretentious, contentious, censorious, demanding, rheumatic, he was a problem from any angle »
Un portrait sans concession et peut être pas vraiment objectif ! Un homme à la fois naturaliste mais aussi anthropologue, théologien, philologue oriental, linguiste, géographe, géologue et éclipsé par la postérité au profit de son fils, Georg, scientifique et révolutionnaire ! Bref un duo étonnant grâce auquel on possède de nos jours près 500 objets dans les collections publiques, témoignages de cette fin XVIIIème siècle dans le Pacifique...
à suivre
« Mais qui pourrait envier John Reinhold Forster ? Nous avons affaire à l'un des êtres les plus difficiles à comprendre de l'époque, le phénomène qui attire manifestement tous les regards pendant le voyage ... L’Amirauté n’aurait pas pu faire une plus grande erreur. Non seulement du début à la fin de l’expédition mais aussi après, il fut un cauchemar.. En fait on hésite à faire son portrait, de peur que celui-ci ne devienne simplement une caricature. Dogmatique, dépourvu d’humour, méfiant, prétentieux, bagarreur, critique, exigeant, perclus de rhumatismes, il était un problème à tous points de vue. »
Photo 1 : Ahu parau © Musée historique de Berne.
Photo 2 : Ahu parau © Te Papa Museum, FE000336.
Photo 3 : Costume de deuilleur © Museum fur Völkerkunde de Berlin, photo de l’auteure, septembre 2015.