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Lénine philosophe (suite): de 1894 à 1905. Par Roger Garaudy

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit
Lénine philosophe (suite): de 1894 à 1905. Par Roger Garaudy [NDLR: NOUS POURSUIVONS LA PUBLICATION DE LARGES EXTRAITS DU LIVRE DE ROGER GARAUDY SUR LENINE PHILOSOPHE. CETTE PUBLICATION TOMBE "A PIC" AU MOMENT OU UNE SERIE D'OUVRAGES D'IDEOLOGUES DE  L'ANTI-COMMUNISME VISCERAL PRESENTE LENINE COMME UN AFFREUX DICTATEUR, LES COMMUNISTES COMME DES BOURREAUX, LA REVOLUTION D'OCTOBRE 1917 COMME L'ABOMINATION DE L'HISTOIRE] Lénine écrit ses premières oeuvres au moment où meurt Frédéric Engels. Sur le plan international, le marxisme « orthodoxe » est représenté par Kautsky, théoricien dont l'autorité est incontestée dans la IIe Internationale. En 1880, il a publié un petit ouvrage sur la démographie et le progrès social où, appliquant mécaniquement le darwinisme à la sociologie, il transforme la dialectique révolutionnaire de Marx en une métaphysique de l'évolution. L'ouvrage fondamental de Kautsky : La doctrine économique de Marx (1887), qui eut un immense succès, est le prototype des ouvrages de vulgarisation dogmatique du marxisme. C'est une réduction positiviste de la pensée de Marx à des lois économiques. Toute réflexion sur le fondement philosophique est exclue. Le marxisme est présenté comme une vérité achevée, à la manière d'un catéchisme. L'idée maîtresse de l'oeuvre, c'est que le déterminisme structurel du capitalisme est tel que le système s'achemine inévitablement et automatiquement à sa perte. Cette conception de l'automatisme, de la nécessité mécanique, est le fondement théorique de l'opportunisme. Tout en élevant « une protestation implacable » contre le régime politique et social existant, la doctrine de Kautsky justifiait la passivité, puisque le socialisme devait naître d'une évolution inéluctable. II suffisait de s'organiser et d'attendre. Ces conséquences furent longtemps masquées, chez Kautsky, par son exceptionnelle « érudition » marxiste (il connaît Marx et Engels par coeur, dira Lénine), par sa très grande culture et son talent littéraire d'exposition, par ses études historiques et statistiques remarquablement informées : la perversion fondamentale du marxisme ne pouvait apparaître qu'au moment où, une situation révolutionnaire se présentant, il fallait passer delà connaissance à l'action. Jusque-là, les analyses « descriptives » du développement capitaliste de l'agriculture, par exemple, pouvaient être fort riches. C'est pourquoi le détachement de Lénine à l'égard de Kautsky s'opérera en deux temps : d'abord dans la période qui a suivi la Révolution de 1905 où Kautsky, après une analyse théorique juste de cette révolution (à laquelle il n'avait pas eu à participer), commença à soutenir les courants menchevicks, et surtout au moment de la guerre de 1914, où la théorie de l'automatisme révéla toute sa malfaisance opportuniste et conduisit Kautsky à justifier le chauvinisme d'abord, puis toutes les forces hostiles à la Révolution socialiste d'Octobre, sous prétexte que la Russie n'était pas « mûre pour le socialisme ». Mais, dans un premier temps, et surtout jusqu'en 1905, Lénine s'appuya sur l'oeuvre de Kautsky pour combattre, en Russie, les idéologies rétrogrades empêchant la prise de conscience, par le prolétariat, de sa mission historique. La première grande controverse théorique de Lénine fut
menée contre les populistes, en 1894, dans son pamphlet : Ce que sont les amis du peuple . Le point de départ de la doctrine des populistes était idéaliste et subjectif : « La sociologie doit partir d'une certaine utopie », écrivait l'un de leurs principaux théoriciens, Mikhaïlovski. Disciples attardés de Rousseau, ils fondaient leurs jugements sur une certaine conception de la « nature humaine » et cherchaient à définir un ordre politique et social idéal, c'est-à-dire conforme à cette nature. Ils n'avaient pas conscience que leur conception de la « nature humaine » et de « l'idée socialiste » qu'ils en déduisaient, était l'expression de l'ordre social existant : « Il ne comprend pas, dit Lénine de Mikhaïlovski, que seul le capitalisme a rendu possible cette protestation de l'individu », pas plus d'ailleurs qu'il ne comprenait que sa conception particulière de la « justice » s'expliquait par le caractère arriéré du capitalisme russe, où existaient de multiples survivances féodales:
la critique populiste protestant contre l'oppression
au nom d'une nostalgie des formes primitives de l'économie capitaliste, du petit producteur indépendant, devenait d'autant plus rétrograde que le développement du capitalisme s'accentuait en Russie. Si le populisme avait joué un rôle positif de 1860 à 1870- comme forme primitive de la protestation pour l'abolition du servage féodal, ce rôle devenait désormais négatif. Leur théorie sur le développement de la Russie allait à contresens de la réalité : « considérant comme seule « morale » la petite économie indépendante », ils ne voient dans le capitalisme qu'un phénomène accidentel qui ne se développera pas. Le prolétariat n'est donc pas la classe d'avant garde. La principale force révolutionnaire est la paysannerie dirigée par les intellectuels. « La foi dans le régime communautaire de la vie russe, d'où la foi en la possibilité d'une révolution socialiste paysanne », avait inspiré des luttes héroïques au temps du servage. Un quart de siècle plus tard ce vieux socialisme paysan russe, devenant la négation du socialisme ouvrier, a dégénéré en un vulgaire « opportunisme petit-bourgeois », « détournant les ouvriers de leur tâche immédiate : l'organisation d'un parti ouvrier socialiste ». Lénine, qui a alors vingt-quatre ans, combat ces thèses au nom d'un marxisme encore sommairement assimilé et vu surtout à travers l'interprétation scientiste de Kautsky et de Plekhanov. Ce dernier avait déjà mené, contre les populistes, une lutte idéologique vigoureuse à laquelle Lénine n'a cessé de rendre un juste hommage. En réaction contre le subjectivisme populiste Lénine retient, sans les nuances et les correctifs que Marx y ajoutait , les affirmations les plus tranchantes dans le sens du naturalisme fataliste de Kautsky : « le développement de la formation économique de la société est assimilable à la marche de la nature et à son histoire ». A cette étape du débat, pour « saper à la racine cette morale puérile qui prétend au titre de sociologie », ce matérialisme, même non dialectique, joue un rôle positif, et Lénine donne une définition remarquable de ce matérialisme opératoire : « la seule méthode scientifique exigeant que tout programme exprime exactement le processus réel ». Lénine élabore à partir de là le concept de « formation économique et sociale » hiérarchisant, comme l'avait fait Marx, les divers niveaux de la vie sociale à partir des rapports de production, et les saisissant dans leurs rapports organiques sans nier leur spécificité ni leur autonomie relative, car Lénine souligne que « l'idée de nécessité historique n'infirme en rien le rôle de la personnalité en histoire », mais, au contraire, permet de définir et de créer les conditions du succès de son activité. Lénine proteste enfin contre la calomnie (à laquelle déjà Engels avait répondu dans sa polémique contre Duhring) selon laquelle Marx avait utilisé spéculativement la dialectique pour tenter de « prouver avec les triades » : « La méthode dialectique ne consiste pas du tout dans les triades, mais dans la négation des méthodes de l'idéalisme et du subjectivisme en sociologie».
« Ce que Marx et Engels appelaient la méthode dialectique
— par opposition à la méthode métaphysique — n'est ni plus ni moins que la méthode scientifique en sociologie, qui considère la société comme un organisme vivant, en perpétuel développement (et non comme quelque chose de mécaniquement assemblé et permettant ainsi toutes sortes de combinaisons arbitraires des divers éléments sociaux), un organisme dont l'étude requiert une analyse objective des rapports de production constituant une formation sociale donnée et une étude des lois de son fonctionnement et de son développement ». Il n'y a pas jusque-là d'apport philosophique de Lénine non seulement par rapport à Marx et Engels, mais même par rapport à Kautsky et à Plekhanov. L'originalité de Lénine s'affirme, par contre, dans la mise en oeuvre de ces principes pour l'analyse des conditions spécifiques de la société russe de son temps. Son étude sur Le développement du capitalisme en R u s s i e (1896- 1899) en témoigne, de même que sa critique des théories économiques des populistes. Il établit que toute l'histoire de la Russie, après l'abolition du servage, a consisté dans « une expropriation massive des paysans » et que, ce qui domine, en cette fin du 19e siècle, ce ne sont pas les anciens rapports patriarcaux mais le rôle croissant du capital, du capital commercial surtout. L'économie de marché gagne rapidement du terrain. Sous des formes diverses (le travail à domicile, par exemple), l'exploitation capitaliste des travailleurs est le système dominant, si bien que le prolétariat des usines, où l'exploitation de type capitalistes se manifeste sous sa forme pure, non dissimulée par des survivances féodales, n'a plus de liens qui le rattachent à la vieille société : l'ouvrier d'usine est « le représentant avancé de toute la population exploitée » . Ce n'est donc pas, souligne Lénine, au nom d'une dialectique a priori que l'on extrapole à la Russie les schémas élaborés pour l'Europe occidentale. Que le rythme de développement dialectique défini par Marx s'étende à la Russie, c'est ce qui ressort de la plus méticuleuse analyse des faits. S'il est vrai que « l'ouvrier est l'homme de l'avenir en Russie », l'organisation des éléments les plus conscients de la classe ouvrière en un parti socialiste est la première tâche à accomplir. Ici encore, Lénine suit de très près, dans son élaboration de la conception du Parti, les conceptions de Kautsky. Dans Que faire ?, les thèses principales sont explicitement empruntées à Kautsky. 1° La thèse selon laquelle il n'y a pas de lien mécanique entre la lutte de classe du prolétariat et la conscience socialiste. 2° La thèse selon laquelle la conscience socialiste ne peut surgir que sur la base d'une profonde connaissance scientifique. 3° La thèse selon laquelle cette conscience socialiste ne peut être apportée que « du dehors » à la classe ouvrière. 4° La thèse selon laquelle le Parti c'est « la fusion du mouvement ouvrier et du socialisme ». Il n'y a donc rien de spécifiquement léniniste dans ces thèses sur « le Parti d'avant-garde » exposées dans Que faire ?. Cette conception est celle de Kautsky et Lénine le souligne expressément. Rien ne serait donc plus faux et plus dangereux que de s'en tenir à Que faire ? pour définir la conception léniniste du Parti. Rien de plus faux, car Lénine lui-même se réfère constamment à Kautsky. Rien de plus dangereux, car l'histoire nous a montré qu'il suffisait comme l'a fait Staline, de substituer le Parti aux « intellectuels bourgeois » comme porteurs de la science, pour aboutir à l'idée que le Parti (et bientôt son chef seul) est détenteur d'un savoir absolu, qu'il est le seul centre d'initiative en face d'une classe ouvrière incapable de s'élever au-delà d'une conscience « trade-unioniste », et à laquelle il faut « inculquer l'esprit de discipline et d'organisation » et faire « des organisations sans parti les plus diverses de la classe ouvrière, les organismes auxiliaires et les courroies de transmission reliant le Parti à la classe » . Il y a là plus qu'une image : une conception des rapports entre le Parti et les masses bloquant la dialectique et lui substituant un « mécanisme » de type militaire où tout vient d'en haut, à partir d'une « force directrice » en dehors de laquelle il n'y a plus que des « leviers » et des « courroies de transmission », plus des hommes mais des choses, plus des sujets mais des objets. Nous sommes là aux antipodes du léninisme. Ce qu'il importe, à cette étape, de souligner, c'est d'abord le rôle éminent attribué à la subjectivité dans l'activité révolutionnaire : « Affirmer que les idéologues (c'est-à-dire les dirigeants conscients) ne peuvent détourner le mouvement de la voie déterminée par l'interaction du milieu et des éléments, c'est oublier cette vérité première que la conscience participe à cette interaction et à cette détermination... Cette profonde erreur théorique entraîne nécessairement.... une immense faute de tactique » . La conception léniniste de la subjectivité ne cessera de s'enrichir notamment en faisant une place toujours plus grande à l'initiative historique des masses. Mais déjà à l'époque de Que faire ? Lénine ne réduit nullement la subjectivité à la «théorie » interprétée en un sens « scientiste » comme chez Kautsky. Certes, c'est à partir de 1905 surtout que Lénine prendra clairement conscience que l'initiative historique des masses déborde constamment l'anticipation conceptuelle. Il écrira alors : « La supériorité morale est indéniable, la force morale est déjà écrasante ; sans elle, bien entendu, il ne saurait être question d'aucune révolution. Elle est une condition nécessaire, mais encore insuffisante. Quant à savoir si elle va se muer en une force matérielle capable de briser la résistance extrêmement sérieuse de l'autocratie... c'est ce que montrera l'issue de la lutte » . Mais déjà dans Que faire ? Lénine, aux dernières pages de son livre, évoque ce qui, dans l'élaboration théorique, dépasse la logique interne du concept : « Il faut rêver. J'écris ces mots et tout à coup j'ai peur. Je me vois siégeant au « Congrès d'Unification », avec en face de moi les rédacteurs et les collaborateurs du Rabotcheïe Dielo... C'est le camarade Kritchevski qui se dresse... « Je vous demande : « un marxiste a-t-il en général le droit de rêver, s'il n'a « pas oublié que, d'après Marx, l'humanité s'assigne
toujours des tâches réalisables ?... »
« La seule idée de ces questions menaçantes me donnent le frisson et je ne pense qu'à une chose : où me cacher ? Essayons de nous retrancher derrière Pissarev : « « Il y a désaccord et désaccord, écrivait Pissarev, « au sujet du désaccord contre le rêve et la réalité. Mon « rêve peut dépasser le cours naturel des événements, « ou bien il peut donner un coup de barre dans une direction
où le cours naturel des événements ne peut jamais
« conduire. Dans le premier cas, le rêve ne fait aucun tort ; « il peut même soutenir et renforcer l'énergie du travailleur...
 Rien, dans de tels rêves, ne peut pervertir ou
« paralyser la force de travail. Bien au contraire. Si « l'homme était entièrement dépourvu de la facilité de « rêver ainsi, s'il ne pouvait de temps à autre devancer « le présent et contempler en imagination ce tableau « entièrement achevé de l'oeuvre qui s'ébauche entre ses « mains, je ne saurais décidément me représenter quel « mobile ferait entreprendre à l'homme et mener à bien « de vastes et fatigants travaux dans l'art, la science et « la vie pratique... Le désaccord entre le rêve et la réalité « n'a rien de nocif, si toutefois l'homme qui rêve croit « sérieusement à son rêve, s'il observe attentivement la « vie, compare ses observations à ses châteaux en Espagne, « et, d'une façon générale, travaille consciencieusement à la « réalisation de son rêve. » « Des rêves de cette sorte, écrit Lénine, il y en a malheureusement trop peu dans notre mouvement. Et la faute en est surtout aux représentants de la critique légale et du « suivisme » illégal, qui se targuent de leur pondération, de leur sens du « concret » » . Il convient enfin de ne pas oublier que Que faire ? n'est qu'un aspect et un moment, moment nécessaire d'ailleurs, de la théorie du Parti. Réduire le léninisme à cet aspect, c'est le propre de l'interprétation stalinienne du léninisme. Que faire ? n'est qu'un moment de la théorie du Parti. Il correspondait à une exigence historique impérieuse. Il était dirigé contre l'opportunisme, notamment sous la forme de 1' « économisme » qui prétendait limiter l'action de la classe ouvrière à des revendications économiques, mettant ainsi le mouvement à la remorque des éléments les moins conscients. Cette exaltation de la « spontanéité » conduisait à désarmer la classe ouvrière devant la bourgeoisie, car, selon la remarque de Karl Marx, les idées dominantes étant les idées de la classe dominante, en régime capitaliste l'on peut s'attendre à ce que, livrée à la seule spontanéité, la majeure partie de la classe ouvrière soit orientée par l'idéologie bourgeoise. Contre ce suivisme l'ouvrage de Lénine, introduisant dans le mouvement russe la rigueur doctrinale de la social-démocratie allemande et de Kautsky, a joué un rôle très important pour la constitution d'un véritable parti marxiste. Mais ce qui est l'apport propre de Lénine à la conception d'un parti de type nouveau n'est pas là : la preuve c'est que les discussions, et la scission entre bolcheviks et mencheviks, survenue quelques mois plus tard, n'ont mis en cause aucun des principes énoncés jusqu'ici. Le point central de l'opposition entre Lénine et les opportunistes, c'était la conception de l'appartenance au Parti. Les opportunistes, dont le porte-parole principal était Martov, estimaient qu'il suffisait, pour être membre du Parti, d'en accepter le programme et de payer une cotisation. Lénine exigeait une condition supplémentaire : militer dans une cellule de base. Ce qui était en cause, ce n'était pas une question d'organisation, mais une question fondamentale, et suffisamment décisive, pour caractériser le Parti d'un type nouveau, pour que Lénine demeure intransigeant, même si cette intransigeance conduisait à la scission, au départ des opportunistes. L'obligation de militer dans une organisation de base était d'abord la seule manière de préserver le caractère de classe du Parti : la discipline à l'égard de l'organisation locale impliquait, pour les intellectuels et les éléments issus de la bourgeoisie et des professions libérales, de se mettre à l'école des ouvriers rompus à la discipline de l'usine, et de se dépouiller ainsi des défauts propres à ces couches sociales que Lénine énumère dans Un pas en avant, deux pas en arrière (1904) : « le girondisme », tendance à accuser de « jacobinisme » les marxistes qui exigent un parti discipliné et la dictature du prolétariat ; le « suivisme », sensibilité aux influences de la bourgeoisie et défense des formes arriérées d'organisation ; l'anarchisme de grand seigneur et l'individualisme des intellectuels ; l'autonomisme : selon Martov, « la partie ne doit pas être soumise au tout ». L'obligation de militer dans une organisation de base c'était aussi une manière proprement léniniste de lutter contre l'économisme et l'opportunisme, car la différence fondamentale entre Lénine et Kautsky c'est que lorsqu'ils exigeaient l'un et l'autre que l'on ne s'en tienne pas aux luttes économiques et que l'on combatte sur le plan politique, Kautsky entendait par lutte politique la seule action parlementaire, alors que Lénine entendait aussi la lutte clandestine. De là découlent, d'ailleurs, les aspects souvent militaires de la discipline et du centralisme dans la conception de Lénine : il ne s'agissait pas là d'une question de principe, mais de la nécessité de mener le combat dans les conditions d'illégalité imposées par la répression tsariste. L'organisation du Parti est fonction, en chaque période, de l'état du développement économique et poli tique de la nation et des conditions générales régissant l'activité politique. Si donc l'on ne perd pas de vue la distinction entre ce qui découle des principes et ce qui est exigé par les circonstances, si l'on n'oublie pas qu'à cette étape Lénine a en vue un parti voué à la clandestinité pour une longue période, alors on peut dégager ce qui caractérise fondamentalement la conception léniniste du Parti : la confiance dans « l'initiative historique » des masses et, notamment, de la classe ouvrière. A cette confiance, la Révolution de 1905 va apporterune justification éclatante, permettant à Lénine d'approfondir, à partir de l'expérience d'une révolution, la conception du rôle de la subjectivité dans la lutte politique.
Roger Garaudy Lénine, pages 14 à 25 (NDLR : pour « alléger » la lecture, nous avons supprimé l’appareil de notes de bas de page) A SUIVRE Envoyer par e-mailBlogThis!Partager sur TwitterPartager sur FacebookPartager sur Pinterest Libellés : Histoire, Marx, Roger Garaudy

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