Quatrième de Couverture
« Ils sont arrivés un jour et ont détruit notre planète… ».
C’est en entendant répéter cette phrase que Cowl, un jeune pilote, a grandi sur une flotte spatiale. Fuyant un ennemi que nul ne semble avoir vu depuis longtemps, les derniers humains avancent inlassablement dans les espaces inconnus et inexplorés sans jamais se fixer nulle part. Mais un jour, alors qu’il explore une nouvelle planète, Cowl trouve une jeune fille étrange et partiellement amnésique. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Et surtout, comment se fait-il qu’elle sache autant de choses sur la Terre et ce qui s’y est passé des siècles auparavant ?
Mon avis
Cowl vit sur une flotte qui se déplace sans cesse au sein de l’espace. Tout ce qu’il reste des terriens après une attaque extra-terrestre ayant eu lieu plus de trois siècles plus tôt… Pilote, il est chargé d’analyser de nouvelles planètes pour en extraire des matières premières utiles. Jusqu’au jour où il découvre une planète viable et où il rencontre Six, une fille vraiment étrange qui en sait long sur la vie… Et si sa vie n’avait aucun sens, aucun but ?
Khalysta Farall nous propose un univers où la Terre a été dépouillée par des aliens et où ce qu’il reste de l’humanité erre dans l’espace pour survivre, redoutant de croiser à nouveau la route des envahisseurs. Épaulés par les machines, les humains vivent une vie bien rangée, où chacun se tient à son rôle pour le bien de la communauté, où les enfants grandissent très peu de temps avec leurs parents avant d’être formés, où les amis sont les collègues avec qui les journées passent et se ressemblent… Finalement, on se rend compte que l’Homme n’est pas aidé par la machine et, pire encore, qu’il sert juste à appuyer sur un bouton pour la forme : les machines peuvent tout faire, l’Homme est uniquement impliqué pour qu’il ait l’impression d’avoir un but.
À travers ce premier tome, tout un nouvel univers est décrit et une critique de l’automatisation ainsi que du manque de réflexion est posée : à quel moment nous réveillerions-nous si nous vivions dans cet univers ? Et même, à quel moment nous réveillerons-nous, dans notre monde réel ? Parce que, finalement, le parallèle est simple à faire : nous travaillons toujours plus pour produire des richesses et des objets dont nous n’avons pas réellement besoin tout comme Cowl et ses compatriotes travaillent sans que cela ait un sens. L’éveil progressif de Cowl fait facilement écho à notre propre éveil face à notre monde, lorsque l’on se rend compte de l’absurdité de notre société capitaliste mais, surtout, de la façon dont on est l’outil de cette situation qui nous rend la vie épuisante.
J’ai beaucoup aimé être au cœur des réflexions de Cowl sur sa vie, sur son but et sur ce qu’il pouvait accepter ou non. Le choix qu’il fait entre une vie simple mais vide de sens et une vie dangereuse mais pour une cause viscérale pousse à l’introspection. Complètement hypnotisé par la société qui l’a élevé, Cowl est un héros atypique, qui subit plus ou moins le plan de Six, la mission qui devient la sienne mais, finalement, cela lui va bien : son éveil oscille entre le brutal et le progressif et on comprend parfaitement qu’il ne puisse être maître de toutes les décisions qui sont prises. Six, elle, est parfaite dans son rôle : l’héroïne bornée mais juste, investie d’une mission qu’elle doit mener jusqu’au bout. Elle n’est pas réellement le parfait inverse de Cowl : elle la version pleinement humaine, cette humanité que notre héros doit découvrir, celle dont toute la flotte est privée finalement.
Pour un premier tome, Six est une excellente introduction mais pas seulement : une intrigue claire arrive à terme, un premier rouage important saute, un rouage que l’on aurait pu croire au cœur de toute la saga mais qui, visiblement, n’était que le commencement. L’autrice nous promet ainsi une suite qui ne tournera pas en rond grâce au bond prodigieux de la fin du tome. Une suite que j’ai hâte de lire tellement j’ai aimé me plonger dans ce monde, dans cette anticipation à base de vie dans l’espace.
L’écriture de Khalysta Farall m’a beaucoup plu : j’ai aimé sa façon de prendre en compte les trois siècles passés depuis le pillage de la Terre et les grosses lacunes historiques des habitants de la flotte. Ça ne devait pas être évident d’oublier tous nos réflexes descriptifs en terme d’objets, de matières ou d’êtres vivants pour coller à la vision des personnages et je dis bravo !
Une saga que je vais poursuivre sans l’ombre d’une hésitation et que je vous conseille vivement, le tome 2 venant tout juste de sortir !