Avec plusieurs annonces successives, on peut parler de tournant dans la FinTech britannique. Finie la période initiale de conquête de clients avec des produits standards gratuits ou à coût minimal ! Il faut désormais commencer à trouver comment construire un modèle viable, c'est-à-dire profitable à terme. Cependant, il n'est pas question de remettre en cause l'avantage concurrentiel établi et ce n'est donc pas en facturant les services que les néo-banques abordent la question. Il existe tant d'autres possibilités !
Pour Monzo, par exemple, la direction prise est celle de la plate-forme : un peu comme Starling Bank, l'idée est d'ouvrir les portes de la banque (ou, plus précisément, de son application mobile) à des partenaires. Les services ainsi intégrés acquièrent une visibilité incomparable, au sein d'un outil utilisé quotidiennement par les consommateurs. Un premier test de cette approche est mis en œuvre avec un dispositif de changement express de fournisseur d'énergie, promettant des économies sur les factures.
Les responsables de la startup sont incroyablement candides dans leur démarche et ils expliquent très simplement que cette première expérimentation, bâtie avec les clients, a pour but de rechercher les bases d'un modèle économique, en n'hésitant pas à citer les montants de commissions en jeu (et la manière dont elles sont partiellement redistribuées). En cas de succès, le même principe sera décliné plus tard sur d'autres types de services : épargne, investissement, assurance, crédit hypothécaire…
Autre cas récent (bien qu'évoqué depuis plusieurs mois), Revolut vient d'ajouter une option d'assurance de smartphone à son offre. En quelques clics, le client peut souscrire une police plus économique que celle généralement proposée par les opérateurs, directement depuis son application bancaire (pour un maximum d'impact, encore une fois, notamment par rapport à une solution indépendante). Bien entendu, ici aussi c'est une collaboration (avec Simplesurance) qui rend possible cette addition.
Pour les deux jeunes pousses, ce ne sont là que leurs premiers pas. D'ailleurs, le niveau d'intégration des services laisse percevoir une logique de test rapide puisque, pour l'une, les données du client (dont ses règlements de factures passées) ne semblent pas exploitées pour affiner la proposition d'économies et, pour l'autre, la déclaration de sinistre n'est pas, comme la souscription, assumée directement par la néo-banque mais renvoie vers le site du partenaire pour toutes les formalités à accomplir.
L'exploration de modèles économiques potentiels démontre certainement que les nouveaux entrants britanniques n'entendent pas viser l'acquisition par un grand groupe à court terme. Au contraire, ils paraissent de plus en plus déterminés à les affronter et ils poursuivent pour cela une stratégie résolument tournée vers l'innovation. Après avoir créé de nouveaux standards de l'expérience utilisateur, leur prochaine bataille sur les sources de revenus s'annonce passionnante ! On verra donc peut-être bientôt si le phénomène des néo-banques n'était qu'un feu de paille ou s'ils est là pour durer…