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Vous l'avez sans doute remarqué, les rayons biologiques et diététiques prennent de plus en plus d'ampleur dans les supermarchés. Aujourd'hui, les consommateurs ont le choix entre de nombreux produits. C'est l’avènement des produits "sans": sans OGM, sans pesticides, sans conservateurs, sans colorants, sans lactose, sans lait de vache, sans gluten, sans sucres ou sans sucres ajoutés, sans sel, sans viande... Les produits interdits sont pointés du doigt, il faut s'en débarrasser afin de revenir à une alimentation plus saine.
Dès lors, quelques fausses croyances circulent:
"Manger sain, c'est manger bio." Ceci n'est pas tout à fait exact! En effet, l'agriculture biologique s'appuie sur un mode de culture différent, où sont exclus la majorité des produits chimiques de synthèse utilisés dans l'agriculture industrielle. Domine ici l'idée d'une considération écologique, d'une volonté de préserver l’écosystème et la biodiversité. Ce sont donc les effets néfastes de tel ou tel produit sur l'agriculture que l'on cherche à éliminer. De là provient, la représentation d'une alimentation axée sur la santé de la nature et des êtres humains.
Mais il est tout à fait possible de "mal manger" même en choisissant l'alimentation biologique! Si vous optez par exemple pour de la pâte à tartiner, du bacon, ou de la crème fraîche entière, le taux de lipides reste le même que dans les produits non biologiques! Ceci est également vrai pour le sucre ou le sel.
"Il faut éliminer le gluten qui entraîne des ballonnements et d'autres problèmes de santé". Certaines personnes ont encore tendance à confondre blé, gluten et amidon. Qu'est-ce que le gluten? Il s'agit d'une protéine que l'on trouve dans quelques céréales: blé, orge, épeautre, avoine. Elle permet, entre autres, de donner de la "contenance" aux aliments. Pensez par exemple à des gâteaux bien gonflés ou à une mie de pain très aérée. L'amidon est un glucide complexe qui appartient à la famille des sucres lents. Et c'est précisément ce glucide, présent dans toutes les céréales, qui est particulièrement difficile à digérer. Ainsi, plus la céréale sera riche en glucides, plus elle sera indigeste. C'est le cas notamment du mais... une céréale sans gluten! En revanche, l'avoine, source de fibres insolubles, aiderait à la digestion. Cette dernière est pourtant classée dans le groupe "avec gluten"...
Notons enfin que l'intolérance au gluten ou maladie cœliaque, ne concerne qu'une minorité de la population. Son dépistage s'effectue à l'aide d'une fibroscopie.
"On ne digère pas le lactose, surtout le lait de vache." La plupart des études sur le sujet le prouve: le lait de vache n'est pas adapté à l'être humain. Il entraîne, en trop grande quantité, des désordres d'ordre digestifs chez la majorité d'entre nous. Mais, il faut bien comprendre que les autres laits d'origine animale (chèvre, brebis...) ne nous conviennent pas non plus! Tous ces laits contiennent du lactose, qui est un sucre.
Il existe un amalgame entre "intolérance au lactose" et "allergie aux protéines du lait de vache". Ce sont pourtant deux choses bien distinctes.
Rappelons enfin que la véritable intolérance au lactose ne touche qu'un faible pourcentage de la population.
Cuisine saine ou cuisine équilibrée? Les deux ne semblent pas toujours aller de pair! Si l'on cherche un certain équilibre alimentaire, il est nécessaire d'avoir une alimentation variée. Nous nous éloignons donc des exclusions alimentaires (gluten, lactose) préconisées par les adeptes du sain.
Si on choisit d'éliminer tel ou tel aliment de nos repas, un autre problème risque d'apparaître assez rapidement... En effet, notre corps ne tolérera plus ces indésirables!
Qu'entendons nous par "E"? Il s'agit tout d'abord des additifs alimentaires (colorants, conservateurs, antioxydants, exhausteurs de goût, etc.) que contiennent certains aliments. Nous pensons ici plus particulièrement aux conserves, aux surgelés, ou aux produits d'épicerie dont la date de péremption est assez éloignée.
L'Union européenne a autorisé l'utilisation d'environ trois cents additifs; parfois le sigle "SIN" remplace le traditionnel "E". Mais la réglementation nous importe peu: nous cherchons à éliminer de notre alimentation tous les E qui se présentent à nous! Et quelques produits apparaissent comme de véritables poisons. C'est le cas notamment des célèbres nouilles instantanées. Pratiques et peu onéreuses, elles sont le régal des étudiants ou des consommateurs pressés qui souhaitent "manger sur le pouce". Cependant, la composition de ces petits bols de pâtes pourrait en refroidir plus d'un...
En effet, les Ramen, Soba, Udon ou autres nouilles proposées dans le commerce contiennent parfois plus de 60 additifs! Regardons un peu cette liste: E500 carbonates de sodium, E551 dioxyde de silicium, E330 acide citrique, E412 gomme du guar, E100 curcumine, E331 citrates de sodium, E322 lécithines, E300 acide ascorbique... Nous notons également la présence du E150d caramel au sulfite d'ammonium, du E1520 propylène glycol, du E120 acide carminique, et du E621 glutamate monosodique, des additifs plus controversés. Mais la bête noire de la liste c'est le fameux E319 connu sous le nom de TBHQ (l'hydroquinone de butyle tertiaire), un additif qui trouve son origine dans l'industrie pétrolière. Il est aussi présent dans la plupart des produits vendus dans la restauration rapide. L'ingestion d'une trop grande quantité de TBHQ (au-delà d'un gramme) entraînerait une diversité de troubles: nausées, vomissements, acouphènes, délires paranoïaques...
Une composition bien effrayante... Mais que les mangeurs de nouilles instantanées se rassurent! Si la consommation des "cups" reste occasionnelle, les conséquences citées ci-dessus ne sont pas à craindre. Il en va de même avec les fast-food. C'est l'ingestion rapprochée et régulière de cette "malbouffe" qui occasionne des troubles.
Mais le "E" c'est aussi la plus mauvaise note de l'échelle de qualité nutritionnelle du Programme National Nutrition Santé (PNNS). Celle-ci devrait d'ailleurs apparaître très bientôt sur l'ensemble des produits vendus en grande surface. Bien évidemment les "A" sont à privilégier! Les "B" ne sont pas mauvais non plus. Méfiance à partir du "C". Encore une fois, il ne s'agit pas d'exclure tel ou tel aliment, mais de savoir quel produit est à favoriser et quel autre est à limiter.
Face à toutes ces mises en garde, on peut facilement prendre peur. Ceci explique d'ailleurs pourquoi l'alimentation est devenue un sujet angoissant pour certaines personnes. La frayeur ressentie par celles-ci peut se transformer peu à peu en obsession ou en phobie. L'"orthorexie" par exemple est un trouble alimentaire de plus en plus fréquent. Il s'agit d'une préoccupation excessive du "bien manger"; les exclusions alimentaires deviennent donc nombreuses et entraînent à moyen terme beaucoup de carences...
Il est parfois difficile de faire la part des choses. Comment éviter de se perdre parmi tous ces conseils ou informations? De quelle manière distinguer le vrai du faux? En cas de doute, n'hésitez pas à vous adresser à des professionnels de l'alimentation (nutritionnistes ou diététiciens)!