Lettre à Madame la ministre
POUR NE PLUS VOIR DEPERIR LE SERVICE PUBLIC HOSPITALIER
Par Claire Gekiere psychiatre hospitalier en Savoie, signataire de la « Lettre ouverte de médecins hospitaliers à Madame la ministre des Solidarités et de la Santé «
Nous nous retrouvons,après trois lois hospitalières (hôpital 2007,HPST et loi de santé de 2016), avec à la fois une dégradation du service hospitalier et un management destructeur et contre-productif qui met à mal tous les personnels.
C’est la logique du résultat et de la performance,qui s’imposent comme un mode de gouvernement: le recueil incessant de données chiffrées et leur mise en avant ne sont pas une aide aux choix politiques mais la source même de ces choix, qui permet d’affirmer qu’il n’y a pas d’autre choix que de » faire des économies » devant le » trou « de la Sécu, alors même que celui-ci est politiquement construit. Les conséquences sur le travail et la santé des personnels sont très importantes. Les personnels, y compris les médecins, se sentent à la fois dépossédés du sens de leur travail ( un collègue s’est entendu dire » vous n’êtes pas là pour faire de la médecine mais pour faire rentrer du fric dans cet hôpital « ,et le terme de » parts de marché » est devenu d’un emploi courant pour parler de la place d’une discipline médicale ), et traités comme des producteurs de soins interchangeables. Les dégâts de ce new public « ravagement » ne sont plus à démontrer, n’hésitant pas à disqualifier, agresser, culpabiliser et à rendre paradoxal le travail. Obtenir l’accord des gens pour des mesures qui les mettent à mal collectivement ou personnellement entraîne résignation ( avec son cortège de somatisations ou de désintérêt, pour le travail mis à distance pour se protéger) , burn-out ou révolte, comme notre lettre ouverte signée par déjà plus de 450 médecins hospitaliers en région Auvergne-Rhône-Alpes (ARA) qui demandent à rencontrer la ministre de la Santé.
En psychiatrie, par exemple, on comprend facilement que la fermeture ou le regroupement de centres médico-psychologiques diminuent l’accès aux soins, avec des territoires moins desservis.
En psychiatrie encore, les réductions budgétaires s’accompagnent souvent de restructurations de l’organisation des soins, avec une tendance à revenir alors aux regroupements par pathologies ( par exemple, mettre ensemble les personnes âgées, les autistes, les « malades
Dans le Journal L’Humanité du 6 octobre à la rubrique TRIBUNE LIBRE