Présentation de l’éditeur :
Lorsque Julie plonge dans le sommeil, son monde bascule. L’adolescente se retrouve dans la forêt de l’île japonaise de Hokkaido, reliée physiquement à un petit garçon de sept ans. Abandonné par ses parents, il erre seul, terrifié, et risque de mourir de froid, de soif et de faim. Quel est le lien entre Julie et l’enfant perdu ?
Avec ce titre tout récent, je découvre Eric Pessan et son univers, sa voix vraiment particulière. Il a été interpellé par un fait divers qui s’est réellement passé en 2016 : excédés par leur fils ingérable, des parents japonais l’ont fait sortir de la voiture avec l’idée de le récupérer quelques minutes après ; le temps de faire demi-tour, le gamin avait disparu dans les bois. On ne l’a retrouvé que six jours plus tard dans une base militaire désaffectée, il avait survécu grâce à un robinet d’eau potable.
Eric Pessan interprète ce fait-divers en l’associant à un personnage déjà vu dans un autre roman, Julie, adolescente apparemment fragile mais surtout hyper-sensible, dont les parents vibrent aussi aux drames du monde et de leurs contemporains, particulièrement la situation des « migrants ». En quelques jours, à travers l’histoire d’une famille française et d’une ado attachantes, l’auteur nous ouvre au monde, fait se côtoyer des gens par des canaux subtils, souvent inconscients. Le message, pas du tout moralisant, est évidemment que nous ne pouvons être indifférents à tout ce qui se passe autour de nous et aux gens que nous croisons, de près ou de loin dans cette société connectée sur le monde. Et si cette parole, derrière une couverture mystérieuse à souhait, est portée par une belle écriture fluide et évocatrice, nous ne bouderons évidemment pas notre plaisir.
« Le silence de la forêt est un vacarme feutré, tendu, qui naît de la joie des aigles autant que de la mastication des chenilles, du balancement des feuilles, comme de la brusque détente d’un prédateur vers la gorge d’une proie. »
« Jamais un rêve n’a été aussi réel, jamais les branches des arbres n’ont comporté autant de feuilles, jamais les nuances de vert n’ont été aussi nombreuses, jamais la fraîcheur n’a été aussi mordante. Dans un rêve, les choses sont faites d’un seul bloc. On a froid et le froid est un tout, pas un engourdissement progressif des mains, une humidité qui saisit le visage, qui traverse les chaussures trop légères, qui mord les pieds avant de geler les orteils puis de paralyser les mollets. »
Eric PESSAN, Dans la forêt de Hokkaido, L’Ecole des loisirs, 2017
Comme le dit Mina, si c’est à droite sur la carte, c’est à l’Est, donc ça rentre (un peu) dans mon projet de passer octobre à l’est. Et – OMG – aussitôt acheté, aussitôt lu, j’ai lu un livre de la rentrée littéraire 2017 !!
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