Heidegger nous pose une curieuse question. Son oeuvre paraît la légitimation philosophique du nazisme. C'est en affrontant le néant, que l'homme renaîtra. Heidegger lui-même a été plus que mouillé dans ce mouvement. Or, il fut, immédiatement après guerre, sans l'ombre d'un doute, un héros de l'intelligentsia française, Sartre en tête. Même Hannah Arendt, dont la vie a été un combat contre le nihilisme, lui a conservé son amour de jeune fille.
Ne pourrait-on pas tenir le même raisonnement au sujet de la finance internationale. N'y a-t-il pas l'ombre d'un doute qu'elle crée des crises qui bouleversent des millions de vies ? Sans condamner a priori, n'y a-t-il pas matière à jugement ? Sans cela comment peut-on prétendre condamner qui que ce soit ? Ce qui remplit les prisons ou alimente les guillotines, ce ne sont pas les fautes, mais les classes sociales ?