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Le Parlement européen refuse son accès à Monsanto

Publié le 05 octobre 2017 par Bioaddict @bioaddict
Des eurodéputés ont voulu faire la lumière sur l'influence de Monsanto en matière de recherche sur le glyphosate, la matière active du RoundUp. Devant le refus de s'expliquer de Monsanto, ils ont décidé d'interdire le Parlement à ses lobbyistes. En toile de fonds, le rapport sur le glyphosate de l'agence européenne de sécurité sanitaire des aliments qui reprend des documents de Monsanto et conclut à la non dangerosité du produit. Ce rapport sert à examiner la demande de réautorisation dans l'UE du glyphosate. Le Parlement européen refuse son accès à Monsanto ¤¤ Les députés européens ont retiré aux lobbyistes de Monsanto leur droit d'accès au Parlement.

L'interdiction du glyphosate : une perte énorme pour Monsanto

L'autorisation de mise sur le marché du glyphosate, matière active de l'herbicide RoundUp de Monsanto, expirera en décembre. Si le glyphosate vient à être interdit, Monsanto ne pourra plus commercialiser ni ses herbicides à base de glyphosate ni ses semences OGM RoundUp ready, modifiées génétiquement pour absorber l'herbicide sans mourir. Les plantes RoundUp Ready, -soja, maïs et colza pour l'essentiel- représentaient 63% du total des plantes transgéniques commercialisées en 2013, selon Inf'OGM. Si le glyphosate est interdit, c'est la valeur même de l'entreprise Monsanto qui est compromise.


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L'exaspération contre Monsanto ne cesse de grandir. Cette fois, ce sont les députés européens qui ont retiré aux lobbyistes leur droit d'accès au Parlement européen à Bruxelles et à Strasbourg. Cette décision sera soumise aux questeurs du Parlement le 3 octobre. Elle fait suite au refus de Monsanto de participer à une audience en octobre organisée par les commissions de l'agriculture et de l'environnement. L'audience avait pour objectif d'entendre Monsanto au sujet des soupçons d'influence qui pèsent sur la firme concernant les recherches sur le glyphosate.

"C'est la première fois que les députés utilisent les nouvelles règles [entrées en vigueur en janvier 2017] de retrait du droit d'accès au Parlement aux entreprises qui ignorent une convocation à une audience parlementaire", souligne The Guardian.

Rapport de l'EFSA : des copiés-collés du rapport de Monsanto

La demande des eurodéputés fait suite à l'affaire, dévoilée en septembre, du rapport sur le glyphosate de l'agence européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA). Pour rappel, l'EFSA avait été chargée d'une évaluation scientifique indépendante sur le glyphosate, sur laquelle la Commission européenne doit s'appuyer pour prendre d'ici fin 2017, une décision de réautorisation ou non du glyphosate. Contre toute attente, les conclusions de l'EFSA contredisent celles du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une institution de l'OMS. Le CIRC a conclu à la dangerosité du glyphosate pour ses effets cancérogènes probables pour l'homme. L'EFSA estime " improbable que le glyphosate présente un danger cancérogène pour l'homme ".

Problème : le rapport de l'EFSA reprend " mot pour mot des pages entières " du rapport d'évaluation de Monsanto, " en utilisant de manière grossière la technique du copié-collé ! ", selon Générations Futures. L'EFSA juge comme Monsanto que la quasi-totalité des études universitaires retenues par le CIRC, selon des critères pourtant très stricts, dont beaucoup montrent la dangerosité du glyphosate, ne sont pas fiables.

ONG et députés veulent faire la lumière

Pour Générations Futures : " il s'agit d'un véritable scandale de santé publique sur lequel toute la lumière doit être faite ". L'ONG a demandé " la mise en place d'une commission d'enquête européenne indépendante ". Pour l'association Phyto-Victime, qui regroupe des agriculteurs victimes des pesticides et leurs familles, " il est urgent qu'une agence européenne et véritablement indépendante évalue le glyphosate, mais également tous les éléments chimiques et adjuvants composant les produits phytosanitaires, qui sont utilisés lors des épandages et auxquels sont exposés certains professionnels ". L'EFSA de son côté défend son travail, arguant que ces critiques se fondent sur une mauvaise compréhension du processus d'examen. Mais certains eurodéputés ont voulu en savoir plus en interrogeant Monsanto qui a refusé de se rendre à l'audience.

Les Monsanto Papers révèlent aussi la dangerosité du glyphosate

Les "Monsanto Papers" montrent pourtant que la firme américaine est au courant de la dangerosité du glyphosate. En mars, à la suite d'une action contre Monsanto, la justice fédérale américaine a déclassifié 250 pages internes de la firme " montrant que cette dernière s'inquiétait sérieusement, dès 1999, du potentiel mutagène du glyphosate ", a révélé le journal Le Monde. Selon ces courriers internes, elle a cherché à influencer les régulateurs chargés d'évaluer le produit. Pour se faire, elle a commandé un rapport au scientifique James Parry, de l'Université de Swansea au Pays de Galle, spécialiste de la génotoxicité. Mais James Parry n'est pas allé dans le sens voulu par la firme et son rapport n'a jamais été rendu public. Sur la base d'études récentes, le chercheur a conclu que le glyphosate a un effet clastogène, c'est-à-dire qu'il est capable de casser l'ADN et d'induire des aberrations chromosomiques. Cette activité clastogénique pourrait se produire sur les cellules in vivo. Ce serait le résultat d'un stress oxydatif provoqué par le glyphosate sur les cellules. " C'est précisément ce processus qui sera identifié par le Centre international de recherche sur le cancer dans sa monographie de mars 2015. Une monographie que Monsanto qualifiera immédiatement, dans un communiqué, de " science pourrie "... ", écrit Le Monde.

Anne-Françoise Roger


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