Ni plus ni moins
Que furent tous les jours des bêtes
Terrestres et maritimes
Depuis les craquements livides du commencement
Brute siècle
A peine plus inhumain
Plus désolé cependant que toute connaissance
Avance
Disent-ils
Brute siècle
Homme amical aux loups
Chassant les animaux paisibles
Les mêmes griffes annoncent l’antre
Les mêmes malignités
L’engeance
Brute Siècle
Avec le loup l’homme a fait
Sa tanière et sa chasse
Louant la loupe du soleil
Des traces de sang reniflé
Et du profit des peaux et des dépouilles
Brute Siècle
Qui déchira de rouge le cou du berger
et paissant les brebis pour la laine et le lait ?
Qui détroussa l’agonisant ?
Qui hurle encore aux lunes profitables ?
Qui grogne ?
En quelle langue de Babel ?
Quelle est la vitesse du monde
Qu’un loup
Qu’un homme
Ne s’y peuvent surprendre
Festoyant de concert
Adossés à l’injustice
Et inventant demain tel qu’aujourd’hui ?
Me voici
Désirant renoncer à ce partage mien
***
Didier-Georges Gabily (Saumur 26 août 1955 – Paris 20 août 1996) – Enfonçures (Actes Sud, 1993)