Double absence si on peut dire, puisqu’il n’est pratiquement question dans le livre que des membres de la famille, lui-même n’apparaissant que fugacement dans quelques inserts écrits en italique. La famille donc est convoquée vingt ans plus tard pour avaliser officiellement l’absence (« déclaration d’absence » comme le stipule le Code civil dans son article 122 cité en tête de l’ouvrage) du jeune homme. C’est là une formidable occasion que s’est donnée Emmanuelle Grangé pour brosser un tableau impitoyable d’une bonne petite famille (six enfants quand même, moins un donc, avec belles-filles et petits enfants) bien « française ». Les portraits des uns et des autres sont des petites merveilles très habilement agencées dans le fil de l’intrigue. L’écriture d’Emmanuelle Grangé est sèche avec ses phrases courtes mais percutantes. Le tout sur un ton de constat décapant dans sa volontaire banalité. À force cela pourrait être drôle, cela finit par être terrifiant, car c’est un peu notre propre portrait qu’elle nous livre en miroir.
Jean-Pierre Han
Emmanuelle Grangé, Son absence Editions Arléa, 152 pages, 17 €
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