Dans
l'affaire de la disparition du jeune Santiago Maldonado, en
Patagonie, au début du mois d'août, le Bureau régional du Haut
Commissariat aux Droits de l'Homme de l'ONU a fait, hier, injonction
à l'Argentine de respecter ses engagements internationaux en
respectant dans l'instruction en cours les standards judiciaires
définis par les accords dont elle est signataire.
Le
chef du Bureau pour l'Amérique du Sud souligne que l'enquête n'a
toujours pas donné de résultats satisfaisants (on n'a toujours
trouvé aucune trace du disparu) et qu'il convient d'examiner si, oui
ou non, la gendarmerie (1) est impliquée dans l'affaire (le communiqué ne se prononce pas sur la question) et s'il
s'avère qu'elle l'est, de prononcer rapidement les sanctions qui
s'imposent contre les auteurs directs des faits (qui constitueraient
alors soit un enlèvement suivi de mort ou un homicide, intentionnel
ou accidentel) et à leurs supérieurs hiérarchiques.
Ce
matin, seuls Página/12 (qui est dans l'opposition) (2) (3) et
l'agence nationale Télam ont rendu compte de ce communiqué. Les
autres quotidiens parlent de l'affaire mais taisent l'existence de
cette déclaration onusienne.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12 sur le communiqué de la ACNUDH (sigle
espagnol)
lire
la dépêche de Télam sur le même sujet
lire
l'article de Página/12 sur l'irruption des gendarmes à l'université
de Rosario (Santa Fe)
lire le communiqué (en espagnol) de la ACNUDH
(1)
De manière très étrange hier, la gendarmerie a violé l'enceinte
de l'université nationale de Rosario pour empêcher une réunion politique de soutien à la famille et de revendication de recherches efficaces. En Argentine, les universités disposent
en effet d'un statut d'autonomie et les forces de l'ordre ne peuvent
pas entrer, à moins d'être sollicitées par le recteur ou envoyées
sur mandat d'un juge. Ceci ne les ont jamais empêché d'intervenir
dans des locaux universitaires, sans mandat ni autorisation, à
plusieurs reprises sous diverses dictatures. Là encore, aujourd'hui,
seul Página/12 dénonce le fait que la rédaction a même mis à la
une.
(2)
Lundi, dans sa conférence donnée à Paris, Estela de Carlotto a
dénoncé la situation économique de Página/12 qui serait en grand
danger de mettre la clé sous la porte et qui ne pourrait déjà plus
payer ses salariés. Estela de Carlotto a également déploré la
prochaine vente de la chaîne de télévision C5N, qui défend
actuellement les mêmes positions que Página/12 et va changer de
ligne éditorial, à moins que l'arrêt de la AFIP (administration
fiscale argentine) mette fin au processus de vente. La AFIP a en effet
interdit l'opération.
(3)
Ceci dit, le même journal qui monte ainsi le ton sur cette affaire
prend fait et cause pour les séparatistes catalans et contre le roi
d'Espagne alors que le référendum d'auto-détermination de dimanche
dernier non seulement ne respectait pas la constitution espagnole
mais était, par la loi locale qui l'a institué, contraignant dans
ses résultats, sans qu'aient été définis ni un quorum ni une
majorité qualifiée et sans qu'il y ait de listes électorales pour
vérifier le droit de voter des électeurs se présentant devant des
urnes opaques (drôle de conception de la démocratie).