Depuis des mois, des gens disparaissent dans la région de Sumber Hills alors que des signes empreints de magie noire terrorisent la population et qu’un culte impie se répand en souillant la terre. À peine arrivé sur place, un groupe d’aventuriers décidés à éclaircir le mystère tombe dans une embuscade qui laisse la plupart morts. Seule reste une poignée de survivants, qui doit à présent faire face à une menace inconnue…
Ah, les parties de jeux de rôle sur table de notre enfance… Armés jusqu’aux dents, hardis et insouciants, nous consacrions des heures entières à arpenter des donjons tous plus lugubres les uns que les autres en quête de portes à ouvrir dans l’espoir d’y trouver des monstres à occire et des trésors à ramasser. Il ne fallait rien de plus pour nous rendre heureux car, bien souvent, les meilleures choses dans la vie sont les plus simples. Quelques années plus tard, et non sans une certaine prétention d’ailleurs, nous nous mîmes en tête des jouer des rôles, oubliant par la même qu’il s’agit avant tout d’un métier et qu’il exige donc non seulement un apprentissage mais aussi une méthode, à l’inverse du hobby des rôlistes qui, par définition, se cantonne à l’improvisation…
Mais je digresse car de jeu de rôle à proprement parler, ici, il n’y a point. Pas plus que ce que vous voudrez bien en mettre en fait. Certains s’en émouvront peut-être, les autres se rappelleront qu’il s’agit avant tout d’un jeu de plateau et que l’absence d’un maître de jeu omnipotent mais certainement pas omniscient n’enlève en fin de compte que bien peu, voire rien du tout au plaisir de l’aventure. Souvenez-vous : il s’agit d’ouvrir des portes pour trouver des monstres à occire et des trésors à ramasser… Pour ce genre de choses, un simple système suffit. Or, les récentes évolutions du domaine permettent à présent de fournir de tels éléments sans réelle complication des mécaniques de jeu. Et sur ce point, Dungeons & Dragons: Temple of Elemental Evil se montre d’une efficacité rare.
Bien sûr, vous trouverez quelques zones floues dans les règles. Mais comme il s’agit d’un titre à la difficulté plutôt corsée vous ne vous tromperez pas beaucoup en interprétant ces directives de la manière qui vous arrange le mieux, et notamment en partant du principe que ce qui n’est pas explicitement interdit est autorisé. De plus, comme il s’agit avant tout d’un jeu coopératif, voire même purement solo, vous n’aurez d’autres comptes à rendre qu’à vous-même et à vos partenaires de jeu le cas échéant – et puisque les motifs de ces derniers s’alignent sur les vôtres, trouver un terrain d’entente mutuellement bénéfique ne devrait poser aucun problème. En bref, beaucoup de bon temps et peu de dispute, ce qui au fond définit une activité ludique quelle qu’elle soit.
Pour le reste, il faut préciser qu’à la différence des titres précédents de la série – Castle Ravenloft (2010), Wrath of Ashardalon (2011) et Legend of Drizzt (2011) –, cet opus propose une campagne dont les 13 aventures disponibles peuvent se jouer les unes à la suite des autres comme autant de chapitres composant un seul et même récit. Rien ne vous empêche de créer les vôtres pour prolonger le plaisir mais puisque le jeu utilise un plateau modulaire à base de tuiles tirées au hasard, sa rejouabilité se montre déjà élevée pour commencer. Donjons & Dragons oblige, les personnages évolueront tout au long de cette campagne, gagnant d’abord un niveau à partir duquel ils pourront acquérir des compétences supplémentaires.
On peut malgré tout mentionner que cette campagne s’avère parfois un brin fastidieuse en raison des éléments à consigner sur la feuille d’aventure ou des changements à effectuer dans les divers paquets de cartes une fois une aventure terminée. Ceci pourra en rebuter certains comme ça rappellera à d’autres ces parties de JDR évoquées en début de chronique. Pour autant, il ne s’agit pas d’un réel problème car chaque aventure peut très bien se jouer individuellement si là va votre préférence. Simple question de choix personnel, ce qui reste aussi la marque d’un bon jeu.
À dire vrai, il paraît difficile de trouver un véritable défaut à ce Temple of Elemental Evil. Avec son système à la fois simple et rapide, ses personnages variés, sa difficulté remarquablement bien ajustée et son nombre plutôt réduit de composants pour une mise en place aussi facile que courte, sans oublier la compatibilité des divers titres de la gamme entre eux qui permet de combiner les éléments des uns aux autres pour mieux diversifier les parties, il reste sans conteste un des meilleurs titres du genre qu’il m’ait été donné de jouer.
Récompense :
Meilleur jeu (prix d’argent) dans la catégorie Best RPG Related Product aux ENnie Awards 2015.
Note :
Ce titre s’inspire du scénario classique The Temple of Elemental Evil (Gary Gygax & Frank Mentzer, 1985) pour Advanced Dungeons & Dragons (collectif, 1977), mais en en modifiant considérablement la trame narrative, les lieux visités et les types d’ennemis rencontrés.
Avec sa sortie prévue pour ce mois-ci, Dungeons & Dragons: Tomb of Annihilation sera le cinquième titre de la série Dungeons & Dragons Adventure System.
Dungeons & Dragons: Temple of Elemental Evil
Wizards of the Coast & WizKids, 2015
1-5 joueurs, environ 60€ neuf
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