La pluie, le froid, et les allers-retours entre toutes les scènes dispatchées dans la ville n'ont pas aidé à se remettre de toutes les émotions de la veille. On ne comprend pas cette programmation qui fait jouer 4 artistes différents au même moment. Frustration. L'heure des choix a sonné. L'heure de courir, aussi.
On commence par Georges Ogilvie au People's Place. Intérieur ultra-classe et lumières tamisées, le jeune anglais s'assoit sur un tabouret, seul, pour son premier concert hors de son Royaume-Uni natal. Et dès les premières secondes, l'évidence : c'est magnifique. Plus encore que ce qu'on espérait. En décalage complet avec son look baskets/casquette, il nous transporte immédiatement dans un univers boisé, où sa voix s'élève haut. Comme les quelques ondes qui secoueraient un lac, " Foreign Hands " ou " Surveillance " déclenchent des vagues de frissons. Mais c'est la reprise de " Bloodbuzz Ohio " de The National et la sublime " Grave " qui nous font regretter de devoir quitter le lieu avant la fin.
Mais on n'avait pas vraiment le choix. Il fallait traverser la ville pour aller écouter le (très beau) duo Blanco White. Blanco White, c'est Josh Edwards et son poto. On avait de high expectations concernant ce mini-concert, malheureusement ce n'était pas à la hauteur. Bien sûr, la voix est sublime, les accords minimalistes, l'ambiance chaleureuse, " Domingo " est une chanson magnifique... mais, il y a un mais : le mais c'est que le garçon devait être très stressé. Le regard est lointain et fermé, jamais il ne regardera le public, ses yeux fixent le vide et l'émotion a du mal à passer. Les accents métissés et colorés de sa guitare sont aussi totalement passés à la trappe, c'est bien dommage.
Irish spirit
Ciaran Lavery lui, par contre, n'a aucun problème pour faire passer un nuage d'émotion dans la cathédrale Vonderkirk. L'un des plus beaux endroits d'Amsterdam. Ciaran est irlandais, ça s'entend, ça se voit, ça se sent. Il n'a pas besoin d'en faire des caisses pour apaiser les âmes et nous hérisser les poils des avants-bras. Impossible de ne pas penser à Damien Rice pendant ce concert. D'ailleurs, il parle autant que son grand frère spirituel.
La seule femme qu'on a eu envie de voir ce week-end, c'est elle. Lisa Hannigan. Seule, sublime dans sa petite robe à fleurs, sans guitare, elle entonne " Anahorish ". Nous sommes en Irlande. Et je pleure des rivières. La suite est le plus gracieux des concerts qu'il m'ait probablement été donné de voir. En cause, le choix sans faute des plus sublimes de ses titres. Avec peut-être le point d'orgue " We, The Drowned ", tant le niveau vocal atteint là, dans ce lieu qui n'est que réverb, est extraordinaire. Les deux duos qu'elle invite sont, eux aussi, de haute volée : Luke Sital-Singh pour l'incroyable " Prayer For The Dying " et John Smith pour " O, Sleep " puis " Salty and Sweet " sont l'occasion pour nous de voir ces deux artistes qu'on avait manqués. Mais pour les plus anciens des amoureux de la jeune femme, c'est la conclusion du concert qui restera dans les mémoires. Dix années après avoir commencé sa carrière solo, elle clôture le set parfait avec " Lille ", dont les paroles, encore aujourd'hui, résonnent profondément. On ne s'en remettra jamais.
Textes et photos : Sabine Bouchoul & Morgane MilesiÀ LIRE AUSSI
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