L'utilisation du wax africain par Stella McCartney suscite la controverse.
La collection printemps-été 2018 de Stella McCartney a été présentée lundi 2 octobre à la Fashion Week de Paris, mêlant le sportif casual et les tenues de soirée plutôt formelles. Comme toutes les collections de mode, elle propose aussi différents imprimés, modèles et silhouettes, dont certains s'inspirent clairement des imprimés " Ankara Style " (le style Ankara, le nom anglais du wax), une mode très répandue sur le continent africain.
Depuis une dizaine d'années, la mode africaine suscite toujours plus d'intérêt. Elle a su asseoir son statut unique et se faire une place sur le marché international pour la bonne raison qu'elle répond aux besoins et à l'intérêt de la communauté noire aux quatre coins de la planète. S'il n'est pas né sur le continent africain, le wax s'y est fait une telle place qu'il est aujourd'hui largement associé à l'Afrique et à son identité culturelle.
Certes, l'appropriation bien intentionnée peut parfois être une bonne chose. Elle crée un échange culturel et, dans ce contexte, peut enrichir le vocabulaire de la mode. Le problème, c'est que les stylistes ont la fâcheuse tendance à s'inspirer de cultures qui ne sont pas les leurs, en présentant leurs emprunts comme des créations originales. Et c'est d'autant plus problématique quand il s'agit de cultures ayant été brimées, voire opprimées, par le passé.
La raison principale pour laquelle l'appropriation blesse les gens est qu'elle minimise l'oppression historique. Quand de grands noms blancs de la mode, qui dominent le marché, présentent des imprimés traditionnellement africains sur les podiums, ils sont applaudis pour ce geste d'intégration. Ils retirent donc un profit financier de ce qui était auparavant un objet de brimades ou d'oppression. Ici, les gens se sentent d'autant plus blessés que le défilé de Stella McCartney incluait très peu de mannequins noires.
Traduit de l'anglais par Sophie Janinet