Après avoir interviewé plusieurs traileurs, on passe maintenant au triathlon. Ces athlètes ont la réputation d'être à la pointe de la technologie. Mais c'est normal, car ils utilisent beaucoup de matériel : combinaison, vélo, etc. Et le triathlon est exigeant pour les montres cardio GPS : un mode spécifique pour enchainer 3 disciplines, un mode natation en eau libre pour la course, un mode natation en piscine pour l'entrainement, des accessoires pour le vélo et la course à pied...
C'est avec Ludovic Chorgnon qu'on commence. Détenteur du record du nombre d'ironmans consécutifs (41 en 41 jours), on peut considérer qu'il a une certaine expérience dans le domaine.
Jérôme : Tu détiens le record du monde d'Ironman consécutifs. Je crois que j'ai déjà un peu de peine à réaliser l'entrainement que cela a dû représenter. Pour commencer, pour que les lecteurs cernent un peu mieux ton état d'esprit, peux-tu nous dire comment tu t'es préparé pour cet objectif ?
Ludovic : Absolument pas comme les gens l'imaginent !! 🙂 En fait la préparation physique est presque accessoire, pour moi l'important ce sont tous les détails autour de soi qui font que l'on sera dans les meilleures dispositions et quand on est dans les meilleures dispositions, eh bien on est efficace. Concrètement, comment ne pas mettre ma vie de famille entre parenthèse durant ma prépa (ils n'ont rien demandé !), comment être sûr qu'ils ne soient pas inquiets, comment organiser mon travail et assurer ce que je dois à mes clients sans qu'ils pâtissent de mon absence durant 41 jours, comment me prémunir médicalement plutôt qu'avoir à me soigner, comment évoluer techniquement pour diminuer ma fatigue et les impacts, comment convaincre partenaires, médias, bénévoles, élus, FFTri... que c'est possible et sérieux, comment faire comprendre au public que tout le monde peut participer, comment toucher les médias pour faire parler de mon Loir et Cher, comment innover en alimentation pour ne jamais avoir le moindre souci gastrique... et je passe les dizaines et dizaines de tests que j'ai réalisés car je ne me fie jamais au marketing ou reportage d'un produit, pas qu'ils soient mauvais, mais peut-être pas adapté à ma situation et moi je veux partir avec 200% de confiance dans mes choix et mon matériel !
Après l'entraînement, eh bien il est comme d'habitude, tous les jours parce que j'aime le sport et j'ai besoin d'en faire pour mon équilibre.
Jérôme : Quelle montre est-ce que tu utilises ? Pourquoi avoir choisi cette marque ?
Ludovic : J'utilise actuellement la Spartan Ultra de chez Suunto, mais j'ai aussi une Ambit3 Peak, une Ambit3 Sport et une Ambit2. Il y a longtemps de cela j'utilisais que des Polar parce que j'étais attiré par la précision cardiaque, mais il y a bien longtemps que je ne la regarde plus. En revanche moi qui fait beaucoup de montagne, j'ai besoin d'un altimètre ultra précis et ça je n'ai jamais trouvé mieux que Suunto dans le domaine, un truc de malade parfois je suis au mètre près avec les altitudes officielles.
Jérôme : Es-tu un " early adopter ", quand as-tu commencé à utiliser une montre GPS ?
Ludovic : En fait j'en ai eu une voici 7 ans. Ce qui m'a attiré au départ vers le GPS c'était la précision en course à pied par rapport à des footpods. En tout cas ce qui a toujours motivé mon choix en GPS c'est la précision de la distance qui a été en s'améliorant au fil des ans. Pas besoin de ça pour naviguer, je préfère une bonne carte, même si j'avoue j'ai dû faire 3 ou 4 fois l'essai avec une trace. Mais franchement ça me barbe, j'aime à regarder où je suis et à transposer ce que je vois sur une carte. J'ai horreur de passer des heures sur un PC pour programmer un parcours. J'avance à l'instinct et à la connaissance du terrain, donc une trace c'est vraiment pour aller repérer un parcours spécial sur une zone que je ne connais pas, bref très très rare 🙂
Jérôme : Qu'est-ce que tu adores sur ta montre ?
Ludovic : La finition et la lisibilité ! Je me disais que l'écran tactile ne servirait à rien et je confirme les boutons ça marche toujours bien. Mais au moins pour les fans du tactile, l'écran est fiable et ne merdouille pas avec la sueur ou la pluie. Par contre, être capable d'avoir jusqu'à 7 informations en même temps mais surtout qu'elles soient toutes lisible, ça c'est top !
Jérôme : Quel est le défaut qui pourrait t'en faire changer ?
Ludovic : Ils n'arrêtent pas de faire des mises à jour chez Suunto et résolvent bien des choses qui paraissaient incroyables, surtout quand on avait le sentiment de régresser par rapport à l'Ambit3. Rien ne me bloque, le seul point toujours pas corrigé et que je trouve incroyable (sûrement pensé par un ingénieur qui ne fait pas de sport :), c'est que lorsque l'on bloque les boutons pour être sûr de ne pas arrêter le chrono par erreur, on fige en même temps l'écran, alors que sur l'Ambit3 une fois verrouillée on pouvait faire défiler les différents écrans et donc avoir un max d'informations selon les besoins du moment.
Jérôme : Est-ce que pour toi c'est un élément important de ton matériel ?
Ludovic : Oui, le GPS un peu, mais l'altimètre c'est indispensable. Je m'en sers aussi pour mesurer mes séances de natation en eau libre et donc avoir des données qu'il est difficile d'obtenir sans puisque l'on n'est pas en piscine.
Jérôme : A quoi est-ce qu'elle te sert pendant les courses ? Est-ce que tu t'y fies vraiment pour adapter ton allure ou est-ce que tu la portes juste pour information ?
Ludovic : Encore une fois ce qui m'intéresse prioritairement c'est l'altimètre. Ensuite en course, mais globalement assez rarement car je me connais, je suis ma vitesse au km et je m'en sers pour me motiver à tenir un rythme soutenu. Enfin sur de très longs entraînements de natation en eau libre, je m'en sers pour connaître les km parcourus et mon temps moyen au 100m.
Jérôme : Quelles sont les données affichées sur ton écran principal ?
Ludovic : Heure, distance, altitude, temps au km
Jérôme : Est-ce que tu programmes des alarmes, des tours automatiques ou autre ?
Ludovic : Oui j'utilise les tours automatiques à vélo (tous les 10km) et en course à pied (tous les km) car je suis joueur et donc pour vérifier que je me connais par cœur dès que ça bip je dois deviner mon temps moyen au km :).
Jérôme : En dehors de la vitesse et du cardio, quelles fonctions sont importantes pour ta pratique ?
Ludovic : Le cardio je ne m'en sers jamais, je me connais par cœur. L'altimètre est vraiment ma donnée principale en montagne et sinon la distance parcourue pour les autres sports
Jérôme : Est-ce que tu t'en sers pour gérer ta charge d'entrainement ou ta récupération ?
Ludovic : Jamais de toute façon d'office il me propose 120h de récup avec mon entraînement 🙂 [ndlr : la fonction qui calcule le temps de récupération sur les montres Suunto plafonne à 120h et ne passe jamais au-dessus]. Pour ce qui est de la charge je la gère à part.
Jérôme : Est-ce que tu l'utilises en dehors de tes courses ? Pour quelle(s) activité(s) ?
Ludovic : Pour avoir l'heure 🙂 Ah oui c'est vrai que ça fait encore ça :)) Non sérieusement comme elle est vraiment très belle et pas du tout comme les autres montres de sport qui sont vraiment typées sport, je n'ai aucun problème pour la porter au travail ou en sortie.
Jérôme : As-tu déjà essayé une montre avec un cardio optique ? Que penses-tu de cette nouvelle technologie ?
Ludovic : Jamais, donc pas d'avis, et comme en plus les données cardio ne m'intéressent pas...
Jérôme : Quelle est la séance d'entrainement que tout runner devrait faire ?
Ludovic : Celle où il part en écoutant son corps... sans montre !!! Désolé c'est pas dans le thème, mais c'est clairement comme ça que j'invite à courir tous ceux que j'entraîne : ça sert à quoi de passer des heures pour programmer une trace ou un entraînement plutôt qu'utiliser ces heures à courir. Ca sert à quoi de vouloir partager avec la Terre entière ce qu'on a couru comme si on avait réalisé un exploit alors que l'on a couru 5, 10, 20 ou 30km ???? Plus on se fie à du matériel, moins on développe ses sens et la connaissance de soi. Personnellement il y a 10-12 ans, lorsque j'utilisais mon cardio, la seule utilité que je lui trouvais c'était de me réconforter dans ma maîtrise et donc tous les 10 ou 15 minutes je me disais " et là tu bats à combien ? " Et à 1 pulsation près j'avais toujours juste. Depuis une dizaine d'années j'ai développé cette même maîtrise avec les distances en courant et sur 40km je vais me tromper maximum de 500m... [ndlr : dans la même veine, lisez mon article Ne devenez pas l'esclave de votre montre GPS]
Jérôme : Quel est le pire conseil que tu entends parfois ?
Ludovic : Malheureusement il y en a plein ! Tout ce que je peux préconiser, c'est de ne pas faire du mimétisme ! Dans notre société il y en a trop qui sont guidés par leur égo et ont besoin de se sentir à la pointe, comme tout le monde, dans l'ère du temps... et vont donc par exemple acheter une montre à 400€ pour être au top comme les copains, mais ne pas mettre l'argent qu'il faut dans des baskets (encore que beaucoup en achètent comme les montres pour avoir les mêmes que les autres...). Il est important de prendre le temps et d'évoluer avec maîtrise, pas en faisant comme les autres.
Jérôme : On sort du domaine des montres, avec un budget de 100€, qu'est-ce que tu achètes ?
Ludovic : Si c'est pour moi je m'inscris sur une course ou j'achète du petit matériel de qualité pour bricoler mes vélos par exemple. Si c'est hors cadre du sport et toujours pour moi, un bon whisky ou de la bonne bouffe. Enfin si ce n'est pas pour moi j'achète des cadeaux pour faire plaisir à ma femme et à mes enfants.
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