Samedi 23 septembre 2017, 13 heures
Le thème du témoignage de Bogdan Calinescu est : Bien des Français rêvent le communisme... moi, je l'ai vécu.
Bogdan Calinescu, dont le nom de plume est Nicolas Lecaussin, est arrivé en France il y a quelque vingt-cinq ans, laissant derrière lui le cauchemar du communisme : On s'adapte plus facilement au réchauffement climatique qu'au communisme...
A sa grande surprise, lors de la dernière élection présidentielle, il a constaté que neuf candidats sur onze étaient marxisants, un siècle après la sinistre révolution d'octobre de 1917, qui aura été l'événement déclencheur de tant de crimes de masse.
Il a alors écrit, le 21 avril 2017, deux jours avant le 1er tour, un article dans Le Figaro intitulé Mélenchon, Poutou et Arthaud ne me font pas rire: moi, le communisme, je l'ai vécu !, qui a eu un grand retentissement.
En Roumanie, en 1947, le roi Michel abdique. Les communistes, au nombre de 1 000, qui ont fait un coup d'État en 1945, prennent à ce moment-là la totalité du pouvoir. En 1965, 18 ans plus tard, Nicolae Ceausescu accède à son tour au pouvoir, mais c'est un faux dégel, inspiré de la Corée du Nord...
Bogdan Calinescu se souvient que la Securitate est venue un jour de 1982 perquisitionner chez ses parents à 6 heures du matin. Il a alors 13 ans. Au moment de partir à l'école, son père glisse dans son cartable des documents compromettants qu'il remet à un ami de la famille, lequel les brûle aussitôt.
Il se souvient de l'interdiction de parler à des étrangers, des longues files devant les magasins sans savoir s'il y aurait quelque chose au bout de l'attente. Il y avait vraiment pénurie de tout dans ce régime de complète main-mise de la sphère économique et sociétale.
Tout le monde devait aller travailler dans les champs, que l'on soit étudiant ou accomplissant son service militaire : même les balles de fusils manquaient. Il est en fait plus difficile d'expliquer la pénurie que de la vivre au quotidien. Car on finit par s'y habituer...
Mais Bogdan Calinescu ne s'est pas habitué à une chose. Comme il était obligatoire d'avoir des enfants et qu'il était souvent impossible matériellement de les élever, ces enfants se retrouvaient dans des orphelinats où il en a vu attachés à leurs lits...
Si ce régime cauchemardesque a pu perdurer, c'est en partie grâce à des intellectuels comme Paul Eluard, Louis Aragon ou Philippe Sollers. Ce dernier, à qui il demandait un jour pourquoi il avait été maoïste, lui a répondu : C'était de la poésie...
Pascal Salin
Samedi 23 septembre 2017, 14 heures
Le thème de la conférence de Pascal Salin , professeur émérite de l'Université Paris IX Dauphine est : La voie de la prospérité: libérer les incitations productives !
Aujourd'hui les prises de décisions de politique économique sont parcellaires, démagogiques, inspirées de la doxa keynésienne, laquelle s'appuie sur une supposée insuffisance de la demande. Or la demande mondiale est immense : pourquoi n'y répond-on pas ?
En fait favoriser la consommation au détriment de l'épargne empêche la croissance et se traduit par un chômage élevé. Il faut donc tenir compte de l'essentielle interdépendance propre à toute société humaine et entravée par :
- l'excès de fiscalité : le capital est surtaxé et l'impôt sur le revenu est progressif
- l'excès de réglementation : les incitations productives doivent être restaurées
Aux évaluations quantitatives (les libéraux ne sont pas matérialistes) il faut préférer les évaluations qualitatives (rétablir la concurrence, par exemple, ne peut qu'améliorer les choses, mais ce n'est pas quantifiable) et la fidélité aux principes:
- le respect de la liberté
- le respect des droits de propriété
L'excès de la fiscalité provient de la démagogie : on s'illusionne en distinguant la fiscalité des entreprises et celle des individus ; on ne se rend pas compte que spolier les hauts revenus revient à spolier tout le monde.
Une fiscalité non démagogique serait :
- d'instituer une flat tax
- de supprimer l'ISF et les droits de succession
- de taxer uniquement ce qui n'est pas épargné
Une fidélité aux principes serait :
- de rétablir un système d'assurances concurrentiel
- de financer les retraites par capitalisation
Le président Macron se trompe donc quand il veut supprimer l'ISF uniquement sur l'investissement économique, sous le fallacieux prétexte d'une rente immobilière qui n'existe tout simplement pas.
Il se trompe donc encore quand il veut supprimer la taxe d'habitation des personnes aux revenus les moins élevés, ne serait-ce que parce qu'il y a risque d'augmentation de l'impôt foncier.
Il se trompe derechef quand il veut introduire l'impôt à la source : c'est dangereux parce que cela donne l'illusion de la gratuité.
Il se trompe toujours quand il veut augmenter la CSG de 1.7% : c'est moralement nul et cela sera sans effet positif sur l'économie française.
L'excès de réglementation détruit la régulation opérée par le marché.
Là encore il est illusoire de penser qu'il faut prétendument protéger :
- le salarié contre les abus de l'employeur : cela n'incite pas à embaucher (dans une société de plein emploi, un licenciement n'est pas dramatique)
- le locataire contre le propriétaire : cela n'incite pas à investir dans le logement
Alors qu'il devrait y avoir une symétrie entre employé et employeur, le droit du travail introduit une asymétrie préjudiciable aux deux. L'entreprise est en effet un ensemble de contrats. Pour qu'elle fonctionne, cela suppose la liberté contractuelle.
Or, avec le président Macron, il n'est pas question de supprimer :
- la durée de travail légale de 35 heures par semaine
- les prud'hommes
- le SMIC (il est plus avantageux de ne pas être qualifié que de l'être parce que le SMIC est proche de la médiane des salaires)
La politique menée par le président Macron est du bricolage social, à courte vue, sans cohérence. Ce n'est en tout cas pas une politique libérale.
Alain Mathieu
Samedi 23 septembre 2017, 16 heures
Le thème de la conférence d'Alain Mathieu, ancien président de Contribuables associés est: Réformer: retenons les exemples étrangers de réformes qui fonctionnent !
Pour répondre à la question, l'orateur s'est plongé dans trois rapports:
- un rapport de l'OCDE
- un rapport de France Stratégie
- un rapport de l'Inspection générale des finances
Pour qu'une réforme marche, selon l'OCDE, il faut que les conditions suivantes soient réunies :
- cohésion et détermination du gouvernement
- mandat électoral
- communication efficace
- analyse faite par un organisme indépendant
- gestation longue
- mûrissement de l'opinion (obtenu au vu des échecs antérieurs)
Selon France Stratégie:
- réduction des dépenses publiques (en moyenne 7% de PIB en 5 ans)
- association des fonctionnaires au projet
- consultants
- consultation des citoyens
- pas d'objectifs chiffrés
- tout annoncer d'un coup
- agir vite
- ne pas multiplier les réformes
- peu de dépenses sanctuarisées
Selon le rapport de l'Inspection générale des finances :
- utilisation de la révolution numérique
- décentralisation et clarification des compétences
- alignement public et privé
- baisse du nombre de fonctionnaires
- baisse des dépenses sociales
Selon Alain Mathieu dans son livre Républicains, osez ! :
- gel des embauches de fonctionnaires (440 000 par an...)
- référendum d'initiative populaire
- flat tax
- apprentissage régi par les entreprises
- Cour des comptes missionnée par le parlement
- vente des HLM
- retraite par capitalisation
- réduction de la politique de la ville
- réduction des dépenses pour l'écologie
Alain Mathieu fait des comparaisons entre la France et l'Allemagne :
- les cotisations sociales : les cotisations salariales sont de 20% dans les deux pays, mais les cotisations patronales sont de 20% en Allemagne et de 40% en France
- les dépenses publiques : elles sont de 12% plus élevées en France qu'en Allemagne, où les fonctionnaires travaillent plus et plus longtemps
- l'opposition aux réformes est plus faible en Allemagne qu'en France: les grèves s'y font uniquement pour des motifs professionnels; les votes s'y font à bulletins secrets; il y existe un réel service minimum; il y a la possibilité de saisir les biens des syndicats
Pour Alain Mathieu, les effets de la réforme du Code du Travail du président Macron seront les suivants :
- avec le plafond des indemnités prud'homales, le coût des licenciements va augmenter
- avec la fusion des organismes, le pouvoir des syndicats va augmenter
- avec l'institution d'un comité d'entreprise dès 11 salariés, le coût du travail va augmenter ou l'embauche va diminuer dans les petites entreprises.
Jacques Garello
Samedi 23 septembre 2017, 21 heures
Le thème de la conférence de Jacques Garello, professeur émérite de l'Université d'Aix-Marseille est : Le monopole public cause de nos maux.
Questions qui se posent au sujet des monopoles publics :
- Pourquoi ? Pour rien.
- Combien ? Beaucoup trop.
- Jusqu'où ? La ruine
- Jusqu'à quand ? La reconquête libérale
Pourquoi ?
C'est une hérésie économique : les trusts allaient dominer le monde, alors qu'avec la concurrence et l'innovation, il n'y a en réalité que des monopoles privés temporaires: ils suivent un cycle de vie, comme le font tous produits.
Les monopoles publics, au contraire, sont protégés par la contrainte et font disparaître à leur profit les monopoles privés. C'est la religion du service public, l'étatisme étant le stade suprême du socialisme (Karl Marx, 1869).
Combien ?
- les transports : Air France, la SNCF etc.
- la monnaie
- la sécurité sociale (en contravention depuis 1992 avec la législation européenne...)
- l'éducation
Jusqu'où ?
Jusqu'à la ruine économique et morale.
Les monopoles publics seraient créateurs d'externalités positives, de richesses sans que personne ne le sache. Ils seraient tellement serviables qu'il serait impensable de leur demander des comptes.
Comme les monopoles publics ne peuvent pas faire faillite, ils n'ont pas besoin d'être profitables et leurs dirigeants sont irresponsables. Les monopoles publics favorisent donc tricherie et privilèges.
Comme le dit Transparency, la corruption est importante et omniprésente dans le secteur public à travers le monde.
Jusqu'à quand ?
Les monopoles publics sont menacés de l'extérieur par la concurrence, qui est processus de découverte, et par le marché, qui est regard sur les autres : il n'y a rien de plus solidaire que lui.
En attendant le capital humain et les capitaux financiers fuient. Ils constituent un réservoir et un potentiel, qui ne reviendront que lorsque la France appliquera une devise humaniste :
Personnalité, Liberté, Propriété.
(Frédéric Bastiat, La Loi, juin 1850)
Le regretté Raoul Audoin disait d'ailleurs : On devrait s'appeler des propriétaristes.
Pour que la reconquête libérale ait lieu, il faut éviter de se focaliser sur les socialistes, de donner trop de chiffres, de faire trop de démonstrations, de se compromettre en parlant de libéralisme social.
Il vaut mieux en revenir aux principes du libéralisme, des principes de dignité personnelle, de subsidiarité, d'égalité dans la possibilité de monter dans l'échelle sociale : ça marche parce que c'est conforme à la personne humaine.
En résumé: changer la vie en défendant les principes.
Patrick de Casanove
Dimanche 24 septembre 2017, 9 heures
Le thème de la conférence de Patrick de Casanove, président du Cercle Frédéric Bastiat, est: Présidentielle 2017, dernière chance avant la révolution ? 1776, l'exemple Turgot.
Louis XVI n'a pas vingt ans quand il monte sur le trône en 1774. Peu de temps après il nomme Anne Turgot contrôleur général des finances.
Turgot, sans être physiocrate, est comme eux partisan du laissez faire, c'est-à-dire de la liberté contractuelle, et du laissez passer, c'est-à-dire de la liberté de circulation: en septembre 1774 il libéralise le commerce des grains.
En matière de finances son programme est simple. Il l'expose au roi dans une lettre du 24 août 1774: Point de banqueroute; point de nouveaux impôts; point d'emprunts. Pour y parvenir il faut réduire la dépense au-dessous de la recette. Et, effectivement, le déficit sera réduit...
Début 1776 il obtient du roi l'abolition des jurandes et maîtrises, c'est-à-dire des corporations, et l'abolition de la corvée royale.
La corporation empêchait la concurrence en limitant l'accès au métier et déniait à l'homme la propriété de son travail. Quant à la corvée, charge fiscale en nature, elle souffrait beaucoup d'exceptions et pesait sur les roturiers: en l'abolissant Turgot voulait la remplacer par un impôt en argent et y faire participer tout le monde.
Cinq mois plus tard, en mai 1776, Turgot, ayant suscité de nombreuses oppositions, est renvoyé... et ses réformes enterrées. Treize ans plus tard, la révolution a lieu...
Il y a des similitudes entre 1789 et 2017:
- la société est divisée
- le système est sclérosé
- les impôts sont lourds
- le contexte est celui d'une crise économique et financière
- les finances de l'État sont en ruine
- l'appareil politique est discrédité
Alors il faut réformer avant que ne se produisent chaos et guerre civile, qui surviennent toujours avec la rage du désespoir ...
Et, pour cela, l'État ne doit pas se disperser, et ne pas intervenir :
- dans la marche des entreprises
- dans les relations entre propriétaires et locataires
- dans l'enseignement
- dans la santé
etc.
Dans ces conditions-là, seulement, pourront baisser :
- les impôts
- les dépenses publiques
L'État devra uniquement protéger les biens et les personnes :
- avec une armée puissante, respectée, bien équipée, bien entraînée
- avec une police et une justice débarrassées des faux délits engendrés par des faux droits
- avec un filet national de sécurité pour les plus démunis (chèque-santé, chèque-scolaire, chèque-logement, etc.)
- avec une fiscalité simple, un impôt unique
L'initiative individuelle pourra alors être rendue à chacun :
- par la libre disposition de l'intégralité de ses revenus
- par le libre choix de ses assurances personnelles
- par le libre choix des établissements d'enseignement pour ses enfants
- par le libre choix de construire ce qu'il veut sur ses propriétés (avec pour seul critère de ne pas nuire à son voisinage)
etc.
A ce moment-là la reconquête libérale sera accomplie; une révolution aura été évitée: et on sait très bien, l'Histoire le montre à l'envi, comment les révolutions peuvent commencer, mais jamais comment elles finissent...
Francis Richard
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