La gratte éclaire de son gyrophare la façade blanchie des immeubles. Elle avance lentement sur Hochelaga en tassant la neige devant elle. On arrive enfin à la dépasser et on tourne dans une petite rue mal éclairée. Le ciel est encore bas, sombre et cotonneux. La chaleur confortable de l’habitacle m’endort presque. On entend la voix du répartiteur au CB, mais à peine. Mohammed baisse le son dès qu’on monte dans sa Sonata noire. Il la garde dans un état impeccable. Pas de papier journal tout chiffonné en guise de sauve-pantalon. Pas de vieux gobelets de café ni de restes de repas dans les compartiments sous la radio. Seulement un petit coran à la couverture enluminée et un carnet de factures. Les banquettes de cuir comme neuves. Une odeur fraîche et mentholée flotte dans l’habitacle.
Magazine Culture
Destiné à récompenser un premier roman francophone et pratiquant une large ouverture géographique, le Prix Senghor avait récompensé l'année dernière un romancier comorien publié en France, au Tripode - Ali Zamir a, depuis, publié son deuxième livre, chez le même éditeur.
Pour 2017, direction Québec où, à Montréal, Le Quartanier a édité Le plongeur, de Stéphane Larue. Peut-être disponible en France prochainement grâce à cette récompense? Sur le site de l'éditeur, la fiche du livre, à laquelle renvoie le lien (du titre et de la couverture), donne un résumé assez complet de la démarche entreprise dans ce premier roman. Et voici, pour en compléter l'approche, le début.