Pop art : stupeur et tremblements

Publié le 01 octobre 2017 par Pantalaskas @chapeau_noir

Il y a quelques semaines, c’est au MOMA de New York que l’impressionnante exposition Robert Rauschenberg me donnait l’occasion de vérifier combien les dates figurant sur les cartels permettent de mieux évaluer encore comment la secousse sismique Rauschenberg dès le début des années soixante aux États-Unis annonçait une réplique   qui allait bouleverser l’Europe. Le scandale de la Biennale de Venise de 1964 entérine alors l’avènement de New-York comme place internationale dominante de l’art contemporain. Alors que la manifestation italienne s’apprêtait à couronner sereinement le français Roger Bissière, peintre d’une école de Paris occupant le terrain de l’art en France, c’est l’inconnu en Europe Robert Rauschenberg qui provoque un tollé général jusqu’à agiter la presse du Vatican.

« Explosion » 1965 Roy Lichenstein

Un demi-siècle plus tard, l’exposition Pop-art au musée Maillol à Paris permet à ceux qui découvriraient la déferlante américaine des années soixante de replacer dans le temps ce phénomène irréversible.
Et c’est encore l’Amérique qui apporte en territoire européen les preuves de son intrusion dans cette histoire de l’art. Initiée par la célèbre sculptrice et mécène Gertrude Vanderbilt Whitney (1875-1942), la collection du Whitney Museum of American Art de New York réunit une véritable anthologie de l’art américain du XXe siècle dont des pièces représentatives du Pop Art que le musée Maillol présente aujourd’hui.
L’exposition parisienne, claire, facile à découvrir, rappelle comment cette génération d’artistes nés pour la plupart entre la fin des années vingt et le début des années trente, a grandi dans cette société américaine où la consommation normalisée par la production industrielle entend régir l’ensemble des comportements et produit ses propres valeurs. Certains artistes auront d’abord gagné leur vie en décorant les vitrines des centres commerciaux, se sont nourris des « comics », ont baigné dans ce culte de l’objet, de la multiplication industrielle de son image, de la profusion des médias.
Le musée Maillol nous rappelle comment les Roy Lichenstein, Claes Oldenburg, Robert Rauschenberg, George Segal,  Andy Warhol, Robert Indiana, pour ne citer que ces noms emblématiques, ont donné à la société américaine des années soixante leur identité artistique.
La présence dans l’exposition de Richard Lindner, né vingt cinq ans plus tôt que la plupart des  artistes du pop-art, apparaît quelque peu en marge de l’équipe de ces trublions qui ont redistribué les cartes du marché de l’art. Autre surprise : la présence d’Harold Edgerton, spécialiste de la stroboscopie, auteur des photographies réalisées à très haute vitesse. Au delà de l’intérêt spécifique de son travail, le travail photographique d’Edgerton apparaît  fort éloignée du regard critique adopté par les tenants du pop-art.
Andy Warhol, devenu le représentant majeur du mouvement, dispose bien d’une petite salle pour lui seul dans l’exposition sans que pour autant  les œuvres présentées soient les plus significatives de son empreinte sur le pop art.

« Love » Robert Indiana New-York

Aujourd’hui aux États-Unis, les œuvres monumentales des artistes du Pop art tiennent le haut du pavé. Les objets surdimensionnés de Claes Oldenburg se sont multipliés dans les espaces publics américains. Dans les rues de New-York, ne cherchez pas à photographier seul le « LOVE » de Richard Indiana à l’angle de la sixième avenue et de la 55 ème rue. Cette œuvre, reproduite notamment sur des millions de timbres postes, fait l’objet d’un véritable culte photographique. A toute heure, passants et touristes forment une file d’attente pour se faire prendre en photo devant la sculpture.

Pop art
22 septembre 2017/ 21 janvier 2018
Musée Maillol
61 rue de Grenelle
75007 Paris 7e