Pitch : Tom Ludlow est le meilleur détective de l'Ad Vice, unité spécialisée de la Police de Los Angeles. Son supérieur, le capitaine Wander, ferme les yeux sur ses procédés souvent "hors normes" et le protège lors de l'enquête interne menée par le capitaine Biggs. Accusé à tort du meurtre d'un collègue, Ludlow doit lutter seul contre le système corrompu pour prouver son innocence...
Notre avis : Sans surprises ni vraie originalité mais avec un réel soucis d'efficacité, Au bout de la nuit tient habilement la route. Le casting, la photo et la tension permanente de l'ensemble contribuant à la réussite générale...Soyons francs d'entrée : Au bout de la nuit (prononcez Street Kings en V.O et cherchez l'erreur) ne serait pas grand chose sans Training Day d'Antoine Fuqua mais surtout The Shield la série culte de FX. En même temps, le second film de David Ayer serait un excellent matériel si ses deux modèles n'existaient pas. Cruelle situation ? Oui mais focalisons nous sur le film en question.
Partant d'un sujet similaire à la série de Shawn Ryan dont nous attendons la conclusion à la rentrée prochaine, ce Street Kings possède autant d'atouts que d'handicaps. Passer après deux modèles de la sorte c'est forcément complexe et casse gueule. Ayer ne trébuche d'ailleurs que sur des obstacles incontournables : sujet déjà-vu, moins percutant et moins prenant que la team de Vic MacKey (en même temps comment surpasser cela ?). Conçu sur un matériel scénaristique censé être complexe, le film perd de son souffle via ce caractère déjà exploité ailleurs en mieux.
Toutefois, Street Kings s'en tire très bien. Doté d'une efficacité redoutable dans l'ambiance et le rythme, le second long métrage de David Ayer passe comme une lettre à la poste. La photographie à défaut de créer le chaos désiré provoque un certain caractère électrique dans l'univers de L.A. Sourd, palpitant et violent, l'ensemble provoque l'attrait et captive totalement à défaut de sublimer. Si le cauchemar menant à l'engrenage ne prend pas il se dessine plutôt bien. Keanu Reeves absent depuis bien trop longtemps de projets intéressants se donne à fond. Il en résulte un personnage torturé, violent et coincé au sein d'une affaire qui le dépasse.
Face à lui, Forest Whitaker dans un rôle diamétralement opposé à Kavanaugh de The Shield est toujours aussi impeccable même si son face à face avec le personnage de Reeves manque de piment : (nous baignons plus dans un one man show). Une galerie de seconds rôles bien sentis complète l'ensemble : Amaury Nolasco (Sucre de Prison Break), Hugh Laurie (Dr House), Chris Evans (surprenant de sérieux fébrile), Jay Mohr, les rappers Cedric The Entertainer, Common, The Game sans oublier Naomie Harris... tous sont au diapason.
Le caractère de l'intrigue aussi tortueux soit il fini par secouer mais n'innove pas. Lorgnant limite plus vers un Sydnet Lumet qu'un opus sauvage de violence urbaine, on en ressort très satisfait mais pas aussi à bout de nerfs qu'au terme d'un épisode Shieldien.
Si la comparaison est inévitable, le film de David Ayer efface peu à peu ses origines et explose pleinement comme nous l'espérions. Même si beaucoup moins inspiré que son Bad Times avec Christian Bale, Street Kings demeure un sacré bon polar divertissant, rondemement bien mené malgré sa facture "classique" qui nous met un peu la rage.
Pourquoi y aller ?
Pour l'ensemble du casting et le bonheur de retrouver un Keanu Reeves un minimum habité. Pour l'ensemble de l'intrigue. Pour le rythme et l'ambiance proche de The Shield.
Ce qui peut freiner ?
Le manque d'originalité de l'ensemble.