New York.
Ville qui défie la nuit et conquiert le jour.
Une ville où se défilent des milliers de silhouettes, certaines immortalisées à jamais.
Comme Gene Kelly, Jules Munschin et Frank Sinatra, sur le Pont de Brooklyn, costumés en marines, pour le film On The Town.
Marines, rappelant celui qui embrasse une jeune femme infirmière dans les rues de Time Square, au moment de l'annonce de la fin de la Seconde Grande Guerre.
James Dean dans les rues, palteau relevé afin de contrer la pluie tombante, mèche au vent, cigarette au bec, dos rond, semblant seul sur un trottoir de pluie (aaaah! I love the rain...washes the memories off the sidewalk of life).
Toujours à NY.
Marilyn, dans le métro de Grand Central Terminal, adossée à une colonne, Avec un homme sur la droite qui la dévisage et semble se demander si il ne rêve pas.
Moments immortalisés par un appareil photo dans une ville icônique qui ont créé des moments magiques, bien souvent en noir et blanc.
Dans une ville siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii colorée.
Je me suis récemment posé quelques questions, auxquelles il existe assez peu de réponse, sur une photo formidable de 1932, Lunch Atop a Skyscraper, reproduite des centaines de fois, pour son côté spectaculaire, mais aussi parce que son auteur a manqué de flair commercial. Et n'a été identifié comme probable auteur qu'après l'embauche de détectives en 2003.
Charles Clyde Ebbets aurait pris cette photo en hauteur, et quelques autres, pour qu'elle soit ensuite diffusée, le 2 octobre dans un supplément du New York Herald Tribune, comme publicité pour le Rockefeller Center, alors en construction.
La photo représente des travailleurs irlandais, en train de prétendument luncher sur une poutre de gratte-ciel du 69ème étage, à plus de 850 pieds du sol, sans aucune forme de protection. Ils sont 11, personne ne sait qui ils sont, et bien qu'il ne serait que l'heure du lunch, le dernier ouvrier sur la droite ferait "honneur" à la tradition irlandaise en tenant à la main un flasque d'alcool. Il est aussi le seul à sembler prendre conscience de la caméra. Les trois hommes sur sa droite semblent interagir entre eux, les trois autres aussi, deux paraissant plus âgés, semblent en train de discuter plus sérieusement et les deux derniers allument une cigarette avec l'aide de la cigarette de l'autre.
Il y a eu de nombreux doutes sur l'identité du photographe car, 9 jours avant, il y avait William Leftwich et Thomas Kelly, tous deux aussi photographes, au même endroit, en hauteur, dans un autre exercice marketing organisé par l'équipe du Rockefeller Center.
Le droit d'auteur photographique étant alors pratiquement inexistant, on payait pour la photo, une seule fois, au photographe, et il en perdait le contrôle pour le restant de ses jours.
On a aussi pris une photo de 4 hommes, faisant prétendument un somme. (ci-haut)
Celle-là, on en connait pas l'auteur encore. Et plusieurs autres aussi folles. Sans auteur clair.
Il était important pour les États-Unis, en pleine dépression, de montrer non seulement des gens en train de travailler, des immigrants par dessus le marché, on savait alors que plus de 40 000 travailleurs travaillaient sur et autour du Rockefeller Center. Dans la candeur de la photo, où 11 hommes sales, en train de jaser tranquillement, comme ils étaient dans un bar, alors que quiconque d'autre tremblerait comme une feuille dans leur position.
La frayeur de celui qui regarde cette photo ajoute au spectaculaire du moment saisi.
Certaines de ses photos sont restées inédites et sont tout simplement fascinantes. Un documentaire irlandais, facile d'accès sur Youtube, raconte l'histoire autour de cette photo mythique.
Et identifie (peut-être) quelques un des 11 hommes.
"we have nothing to fear but fear itself" disait Franklyn Delano Roosevelt, qui devenait président peu de temps après.
Cette photo en était l'illustration parfaite.
Paris, 1965.
Eva Ionesco, d'origine roumaine, mais sans lien avec le célèbre Eugene. naît. Son père sera absent. Ça lui manquera terriblement. Très jeune, elle pose pour sa mère, Irina, photographe. Mais ses poses sont extrèmement suggestives et elle pose régulièrement nue. À 11 ans, elle pose nue en couverture du Spiegel du 23 mai 1977.
Inconfortable. Douteux. Pédophilique.
La garde de l'enfant est retirée à sa mère, la photographe Irina Ionesco. La nature érotique dans laquelle elle baigne sa fille est jugée malsaine. Et dans l'impureté plongera Eva. Elle passe par quelques maisons de redressement en maison de redressement, suite à des fugues et à quelques vols bénins.
Elle posera à nouveau, nue, vers ses 16 ans. Elle est facilement rejetée par les enfants de son âge car elle baigne dans des univers d'adultes. Et ses accoutrements ne sont pas de son âge non plus. Elle deviendra amie avec le future chausseur Christian Louboutin, pour qui elle pose aussi.
Toujours mineure, elle jouera dans des films érotiques. Son rapport à la nudité a très tôt été public. Les films sont par la suite retirés des marchés car jugés pédopholique et pédopornograohiques.
À 22 ans, elle joint la troupe de théâtre de Patrice Chéreau. Elle fait un peu de cinéma pour Virginie Thévenet, Agnès Obadia, Patrick Mimouni. On la découvre choriste pour Steve Strange (qui aura, lui aussi, des allusions pédophiles évidentes dans ses oeuvres) dans un clip de 1982.
Eva poursuit sa mère pour préjudice et viol de son image publique pour 200 000 Euros. Elle gagnera sa cause, mais pas 200 000 Euros, plutôt 10 000 Euros de dommages et intérêts pour atteinte au droit à la vie privée. Les négatifs ont toutefois le droit de rester dans les mains de sa mère, mais plus d'être diffusés.
Mais le mal est fait. Les photos sont disponibles partout.
Son innocence à la fois flouée et étendue de toute sorte de manières odieuses.
Mariée à l'écrivain Simon Liberati, celui-ci écrit un livre sur elle, la racontant, livre qui sera lancé à la rentrée littéraire de 2015.
Le 2 septembre dernier, chez nous, elle lance encore son histoire, mais sous sa plume à elle, qu'elle appelle Innocence.
On ne choisit pas ses parents...