Trois ans après le fabuleux Short Term 12, qui avait révélé au grand jour l’immense talent de Brie Larson, Destin Cretton repasse derrière la caméra pour mettre en scène Le Château de Verre (The Glass Castle en VO), adaptation cinématographique du roman autobiographique de Jeannette Walls. Et si ce second film est certainement moins abouti que le premier, il présente néanmoins quelques sérieux atouts.
Le plus important de tous est probablement son casting, emmené par le superbe duo composé de Woody Harrelson et Brie Larson. Incroyablement touchant dans la peau de ce père tantôt inspirant, tantôt détestable, l’acteur américain s’impose à nouveau par son charisme, tout en dévoilant par ailleurs une sensibilité qu’on lui connaît moins, mais qui lui va merveilleusement bien. Alors que l’actrice américaine brille, quant à elle, une nouvelle fois par la force de son interprétation et son aisance dans le registre dramatique. Inutile de dire que toutes les scènes où les deux comédiens se donnent la réplique font partie des meilleures du long-métrage. A leurs côtés, on retiendra aussi la bonne prestation d’ensemble des enfants, en particulier Ella Anderson qui incarne avec beaucoup d’authenticité une version jeune de Jeannette Wells. A l’instar de Captain Fantastic, avec qui le rapprochement est inévitable au regard des nombreuses similitudes entre les deux récits, Le Château de Verre a également l’intelligence de ne jamais imposer une seule vision des choses, préférant poser des questions plutôt que de verser dans une moralisation facile qui aurait assurément affaibli son propos.
Cependant, contrairement à Captain Fantastic, qui parvenait à dégager une formidable réflexion/émotion autour d’un choix de vie et d’éducation complètement en marge de la société, Le Château de Verre peine à insuffler une véritable profondeur à son histoire, la faute notamment à un scénario restant totalement en surface de la plupart des thématiques explorées. Une faiblesse malheureusement amplifiée par la narration en flashbacks qui, non seulement pose de vrais problèmes de rythme, mais empêche aussi tout développement majeur. D’autant plus ici où les retours en arrière sont nombreux et ne bénéficient pas forcément de transitions subtiles. Au-delà de la relation père/fille, dans laquelle réside l’intérêt principal du récit, le scénario manque aussi un peu d’enjeux dans le présent que pour vraiment justifier, et donner de la puissance dramatique, au passé. Il en découle, du coup, un film relativement déséquilibré, alternant les séquences poignantes et celles plus anecdotiques. Le long-métrage peut toutefois compter sur une jolie BO de Joel P. West, déjà à l’œuvre dans Short Term 12, pour conférer un peu de liant à son histoire.En définitive, Le Château de Verre s’avère donc être un biopic dramatique imparfait mais touchant. Malgré ses faiblesses d’écriture et de narration, le film peut s’appuyer sur la singularité de son histoire et la qualité de son casting, superbes Woody Harrelson et Brie Larson, pour offrir un moment de cinéma poignant, poétique et sensible.