Le pouvoir crachat

Publié le 29 juin 2008 par Ced77


L'Automobile individuelle est devenue indispensable a de nombreux salariés pour pouvoir se rendre à leur travail, faire leurs courses, faire garder les enfants etc. Tel est le résultat désastreux de l'aménagement du territoire dicté par la férule des intérêts privés.

Entre le prix du baril et le prix à la pompe, s'intercalent notamment les taxes : TVA et TIPP. Leur montant représente la quatrième recette fiscale du budget de l'état.  Ces taxes représentent 60% du prix à la pompe d'un litre de super sans plomb 95 en avril 2008, 49% pour le gazole. Autant dire que l'état a assis son financement sur la dépendance au pétrole. Ces taxes sont profondément injustes.

 
Quel que soit son revenu,  le consommateur, chômeur ou millionnaire, paie le même prix à la pompe. Plus le prix monte, plus le rapport de ces taxes est important. De plus, il est très choquant que les compagnies pétrolières qui captent une partie de la rente pétrolière engrangent des superprofits sur notre dos !
La hausse du carburant piège litéralement un grand nombre de salariés : contraints de prendre leur voiture pour se rendre à leur travail , ils voient s'engloutir une bonne partie de leur salaire , jusqu'à 20 ou 25 % pour de nombreux smicards soit plusieurs centaines d'euros par mois. Les inégalités sociales face à cette situation sont patentes : la distance domicile-travail est plus importante en moyenne pour un ouvrier que pour un cadre, 28Km contre 18. Les travailleurs les plus modestes ne peuvent souvent habiter qu'à une distance importante des centre-villes et des zones bien déservies par les transports en commun : où loyers et coûts de l'immobilier sont prohibitifs ! Un cadre habite en moyenne à 13Km du centre de l'agglomération, un employé à 17Km et un ouvrier à 19.
Au surcoût des transports, s'ajoute celui de l'énergie. Entre 2001 et 2006, la part des dépenses énergétiques ( gaz, électricité, fioul, carburant ) est passé de 10,2 à 14,9 % des revenus annuels chez les 20% de ménages les plus modestes tandis qu'elle a baissé de 6,3 à 5,9 % chez les 20% de ménages les plus riches. Le résultat saute aux yeux : plus on est pauvre, et plus on paye !!! C'est ça la justice???
Cette hausse dégrade donc encore plus les conditions de vie de franges importantes du salariat. Elle se combine avec la stagnation des salaires, et la hausse de nombreux produits de première nécessité : les prix dans les grandes surfaces ont bondi de 4% en janvier, 4,7% en février, et 4,9% en mars. Entre avril 2007 et avril 2008, les prix des pâtes alimentaires a bondi de 18,5%, celui des oeufs de 13,8%, celui du lait de 12,8% etc. Face à cette situation, le Gouvernement se moque de nous : Il a décidé de ... lancer une campagne de propagande honteuse pour 4 millions d'euros, financés par... devinez qui?, pour vanter son ignoble politique rejetée par tous. Plus grave : pour la seconde année consécutive, le Gouvernement a décidé de ne pas donner le moindre coup de pouce au SMIC le premier juillet ! C'est une véritable provocation !!!

  • LES REFORMES QUE NOUS PROPOSONS

La dégradation du pouvoir d'achat appelle plusieurs réponses. En premier lieu, bien-sûr, une mesure d'urgence : 300 euros net d'augmentation pour tous et notamment les minimas sociaux, et personne en dessous d'un salaire de 1500 euros net.  Mais cela risque de ne pas répondre au problème particulier du carburant : si toute la hausse de salaire est "mangée" par le surcout du transport et de l'énergie, on n'aura pas avancé d'un pas. Il faut donc répondre specifiquement sur le prix du carburant en disant clairement que ce n'est pas aux salariés et aux pauvres à payer pour les dégâts d'un système de production et de transports dont ils sont prisonniers. Pour autant, il faut reconnaître que la hausse continue du prix à la pompe est inéluctable car les réserves vont en s'amenuisant alors que la demande est en plein boum de la part des pays émergeants notamment.
Cela soulève un problème car cela revient à revendiquer une baisse pour tous les consommateurs et tous les usagers sans distinction. Rapellons par exemple qu'aujourd'hui, 1 voiture vendue sur 2 est un véhicule d'entreprise. Il faut donc revendiquer la prise en charge intégrale du coût du transport domicile-travail par les employeurs ainsi que du coût de la recherche d'emploi pour les chomeurs. La gratuité des transports en commun ainsi que la prise en charge du coût du carburant ou en tout cas, de la majeure partie de ce coût.
D'autre part, il faut exiger pour le chauffage, l'attribution d'un quota gratuit d'énergie par personne. La consommation intervenant au delà de ce seuil serait facturée de plus en plus cher : le kilowatt-heure qui chauffe la 28ème pièce du château, ne doit pas être au même tarif que celui qui chauffe le 3 pièces d'une famille de 4 personnes. En outre, il faut revendiquer la fin des taxes TIPP et TVA qui frappent indistinctement le consommateur quel que soit son revenu. ( voir mon intervention ici )
Bien évidemment, cette suppression de ces taxes doit s'intégrer dans une réforme fiscale juste et équitable et qui ne s'interdit pas d'utiliser l'ecotaxe comme outil. On peut en effet imaginer différents outils fiscaux environnementaux socialement justes.

L'action résolue de baisse des prix des carburants pour les salariés et les plus pauvres doit s'intégrer dans une profonde restructuration de l'organisation des transports qui conduise rapidement à faire basculer les gens de la voiture vers les transports en commun, le vélo ou les modes de circulation douces. Cela suppose un plan d'investissement massif afin de densifier le réseau de transport en commun, permettre les liaisons de banlieue à banlieue sans passer par le centre, entretenir le réseau et l'étendre vers les zones rurales isolées, déservir les zones d'activités et industrielles, construire des parkings et des gares routières à proximité des gares, renforcer les fréquences de passage aux arrêts,  améliorer le maillage des lignes de cars départementaux et interdépartementaux ( ex: Touraine fil vert )
Le Transport routier de marchandises ne doit pas être oublié : les transports longues distances et le transit international doivent se faire en ferroutage. Un plan de reconversion des chauffeurs routiers   garantissant  le maintien du salaire jusqu'au reclassement effectif sur un poste à rémunération équivalente doit être mis en place. La sous-traitance en cascade doit être proscrite et la durée du travail calée sur le droit commun.
Ce bouleversement dans les transports doit être concomitant avec une autre politique énergétique. La gravité des bouleversements climatiques nous imposent de réduire drastiquement  et rapidement nos émissions de gaz à effet de serre d'au moins 80% d'ici 2050 !
Réorganisation des Transports et révolution énergétique : cela suppose de substituer à "la main invisible du marché" , la planification économique. Il faut un contrôle populaire sur le secteur énergétique et des transports dans les conseils d'administration des entreprises, donc renationaliser ces secteurs-clés de l'économie au lieu de les vendre aux intérêts privés, et en faire de grands services publics puissants et efficaces au service de la population, et notamment au niveau européen.  Total, pour ne prendre que cet exemple, doit être nationalisé et ses superprofits utilisés à financer ce vaste plan d'investissements.