Je vous laisse le paragraphe d'une rencontre, qui vous donnera, j'espère, envie d'ouvrir ce livre :
"Son esprit est légèrement absent, et ce rien d'absence est sa matière d'être attentif à tout. Pris dans un chaos de désirs et de plaintes, serré par une foule qui se bouscule ses faveurs comme on voit des moineaux s'abattre en nuée sur un seul morceau de pain, il distingue très bien le frôlement d'une seule main sur un pan de son manteau, il se retourne aussitôt et demande qui l'a touché, qui lui a dérobé une part de sa force. La voleuse - car c'est bien sûr une femme, car les femmes ont su très vite connaître en lui la plus grande intelligence vivante, l'intelligence du don, car les femmes ne se trompent pas sur la lumière qui sort de lui, c'est la même qui s'en va d'elles pour baigner les chairs de leurs enfants - la voleuse par amour est celle qui l'a sans doute le mieux entendu : prenez ce que je vous donne, je vous le donne sans condition, et parce que je vous le donne absolulment, il y en a absolument pour tous - ce qu'on partage se multiplie"
"Celui dont je n'accueille plus le visage - et pour l'accueillir, il faut que je lave mon propre visage de toute matière de puissance - celui-là, je le vide de son humanité et je m'en vide moi-même.
"Ce qu'il veut, c'est que nous supportions de vivre ensemble. Il ne dit pas : aimez-moi. Il dit : aimez-vous"
"Peut-être n'avons-nous jamais eu le choix qu'entre une parole folle et une parole vaine"