Ce coup de chapeau s’adresse à une oeuvre discrète presque cachée dans le sous-sol de la galerie Métropolis à Paris où Pierre Tilman présente ses « Bonhommes sentiments », avec cette délicatesse poétique d’un artiste qui donne toujours le sentiment de ne vouloir déranger personne tout en poursuivant depuis un demi-siècle le fil d’une œuvre intimiste et ludique.
« Un aquarium dans la mer Agnès Josse vidéo 2012
Au sous-sol de la galerie donc, l’artiste Agnès Rosse propose une série de montages vidéo subtilement orchestrés autour d’animaux pris en flagrant délit d’intelligence créative grâce aux subterfuges de la vidéaste utilisant les moyens techniques de son medium pour mieux suggérer cette illusion.
Mais c’est une autre vidéo, réalisée en 2012, qui est à l’origine de ce coup de chapeau :
« Un aquarium dans la mer » (vidéo présentée à la chapelle du quartier haut en Sète en 2012) m’est apparu comme un objet flottant non identifié intriguant et captivant à plus d’un titre.
Le geste est simple : un aquarium est repoussé vers la mer et entreprend un voyage incertain au gré des courants.
Au plan plastique, cette opposition entre l’aléatoire mouvant des vagues et la rigueur géométrique de l’aquarium forme un couple de forces antagonistes séduisant. Cet art cinétique par destination s’exprime ici dans cette confrontation entre le liquide agité au gré des vents et la quiétude transparente de l’objet de verre perçu comme une intrusion dans cet univers marin.
Mais l’intervention de l’artiste ne se limite pas, me semble-t-il, au seul plan plasticien. Cet objet flottant non identifié, quand bien même on pourrait le désigner comme aquarium, devient au gré de sa pérégrination la marque d’un corps étranger produit par une intelligence extérieure à ce monde naturel, sorte de bouteille à la mer envoyée comme un signal.
L’artiste interroge ainsi le monde qui l’entoure : « Mon travail en vidéo me projette dans un processus d’attention particulière à des forces qui m’échappent et ça me rassure. Cela entretient mon sentiment d’être en vie, ne pas être isolée, coupée mais d’être engagée et de faire partie d’un ensemble d’une variété incroyable. J’utilise la réalité qui m’entoure pour coller au présent, adhérer au monde et l’honorer à ma manière. »
Pierre Tilman, compagnon d’Agnès Rosse, nous délivre de toute obligation d’explication rationnelle à ce sujet: « C’est une profonde adéquation, une clarté et une justesse qui dépasse les explications ».
Agnès Rosse et Pierre Tilman
Du 7 septembre au 14 Octobre 2017
Galerie Métropoplis
16 rue de Montmorency
75003 Paris