Acteur de séries télévisées pendant de nombreuses années, Taylor Sheridan s’est essayé, avec succès, à l’écriture de scénario de film il y a 2 ans, signant notamment les scripts des très bons Sicario et Comancheria. Cette année, l’artiste américain (re)passe derrière la caméra pour mettre en scène son troisième scénario : Wind River. Une franche réussite compte tenu des nombreuses qualités dont dispose le long-métrage.
Plus que l’enquête, efficace mais un brin linéaire, c’est surtout ici le regard que porte le réalisateur/scénariste sur l’Amérique qui constitue tout l’intérêt du film. A travers ce drame inspiré de faits réels, Taylor Sheridan propose en effet un regard aussi impitoyable que complexe sur les réserves indiennes abandonnées par le gouvernement, et oubliées par le reste de la population. Tels des tombeaux désolés, celles-ci semblent totalement enfermer leurs occupants, les prenant au piège sans leur laisser la moindre chance de sortie. Un sentiment considérablement renforcé par la puissance de l’arrière-plan, sublime étendue immaculée enveloppant constamment les personnages. Non seulement cette dimension visuelle glaciale participe largement à la profondeur du film, notamment par l’impact qu’elle a sur les personnages et le récit, mais elle débouche également sur des plans d’une beauté sidérante. Un atout formel qui, de surcroît, ne se limite pas à la seule recherche de l’esthétisme, les images étant aussi vectrices de sensations. Rares sont effectivement les réalisations qui expriment aussi bien le froid ou la solitude que Wind River.
Formidablement bien écrit, Wind River s’impose donc comme un thriller dramatique puissant et stylé. Porté par un casting impérial, Jeremy Renner en tête, le film séduit autant par la richesse de son propos que par l’élégance de son visuel. Une vraie petite claque !