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Les derniers rayons du crépuscule flamboient en vain
En contrebas des vallées désespérément désolées;
Les nobles montagnes s’élancent effrontément
Aussi impassibles que la mort, aussi implacables que le destin.
Les derniers rayons du crépuscule s’embrasent et meurent;
La nuit engloutit les vallées profondes;
Les monstrueuses montagnes s’agrippent au ciel,
Où les ardentes étoiles scintillent comme des diamants.
Ainsi dressé devant le croissant de lune,
Brisant le silence de mort,
Un loup solitaire hurle son ancestral refrain–
La complainte lugubre de cette contrée hostile.
Ô terre bannie! Ô terre maudite!
Laisse le hurlement du loup solitaire dénoncer
La haine irraisonnée de la main Divine,
Dont le cœur insondable a abandonné cette terre.
Ce poème, figurant parmi les premières ballades yukonaises publiées par Robert W. Service, a contribué à forger la légende du grand nord canadien. Celui-ci dépeint les vastes espaces inhospitaliers dans lesquels les pionniers prospecteurs tentaient de survivre. Ici, la puissance émotionnelle des vers impose l'âpre rudesse omnipotente du paysage. La description ne possède aucune vision idéalisée où romantique de la nature, au contraire celle-ci devient une menace pour l’homme.
Le paysage yukonais est le personnage principal, le seul et unique maître de l’imagination du poète. Le poète explore aussi la notion de dualité de cette terre, paradis pour ceux ayant trouvé de l'or ou bien enfer oublié du monde et de dieu.
Le rythme rapide des phrases et l’emploi de nombreuses métaphores telles que "Quand les montagnes s'agrippent au ciel" accentuent la progression dramatique; le lecteur est happé dans le paysage qui semble prendre vie de façon inquiétante.
La terre du Yukon forge les hommes où seuls les plus forts arrivent à survivre aux conditions climatiques extrêmes du froid polaire pendant l'hiver, à la solitude des espaces désolés de toundras à la végétation raréfiée. Seul le loup règne en maître solitaire sur cette terre sauvage et oubliée du monde.