Seuls Two – Eric et Ramzy lost dans Paris

J’aime bien les comiques français en général, mais je trouve qu’ils ne se renouvellent pas souvent. Par exemple les premiers spectacles de Dubosc ou de Eric & Ramzy m’avaient fait hurler de rire (et pourtant je ne suis pas un public facile), alors que leurs tous derniers me semblaient mal écrits, et surtout pas drôles du tout. Après quelques gros ratages, la perspective de revoir le grand maigre et le petit chauve au cinéma laissait attendre un gros navet. Bizarrement il n’en est rien, et j’en suis le premier étonné !

Seuls Two – Paris comme terrain de jeu

Gervais est un policier looser, qui court depuis des mois derrière Curtis un braqueur un peu flambeur. Un jour, lors d’une course poursuite, Gervais se retrouve soudain dans un Paris totalement vide… enfin presque. En effet un étrange énergumène semble également y vivre, se déplaçant uniquement dans une voiture de F1. Pourrait-il s’agir de Curtis ? Et comment revenir au monde normal alors que Gervais doit se marier dans quelques jours ?

L’affiche ne casse pas des briques, mais le film est franchement bien

Le pitch de Seuls Two est aussi tordu qu’efficace. La bande-annonce laissait déjà entrevoir quelques plans de Paris assez hallucinants, renvoyant ceux de Londres désertés aperçus dans 28 jours plus tard dans les abimes de la médiocrité. Au delà de ce défi technique et logistique, qui reste quand même super impressionnant, le film arrive à avoir une âme, une vraie… et ca, c’était beaucoup moins prévisible.

Comme je l’ai indiqué en intro, certains comiques ont du mal à garder une rigueur d’écriture lorsqu’ils passent au cinéma, trop contents de pouvoir faire mumuse et se mettre en scène. Jusqu’ici le duo avait tourné pour d’autres réalisateurs. Pour la première fois, ils passent derrière la caméra, et le résultat est plutôt très sympathique. C’est à la fois plutôt bien filmé, bien rythmé, avec une espèce d’énergie débordante faisant que le soufflé ne retombe jamais. Presque incroyable.

Curtis (Ramzy), seul dans au Stade de France, se fait plaisir

Histoire ne pas tout réinventer, ils reprennent leurs rôles habituels. Ramzy dans le rôle du lunaire, calme d’apparence, mais déjanté, Eric dans celui de l’éternel maladroit puceau accumulant les grosses bourdes. Mais ils saupoudrent le tout d’une couche de délire à la Tex Avery du meilleur effet. Car c’est de cela qu’il s’agit. Seuls Two n’est qu’un gigantesque cartoon d’une heure et demi, avec un chat et une souris passant leur temps à se poursuivre par tous les moyens possibles, tombant de hauteurs vertigineuses sans se faire mal, faisant n’importe quoi n’importe où, bref prenant Paris comme terrain de jeu. Et ce parti pris qu’on pourrait trouver casse-gueule marche en fait super bien.

Un appartement de fortune, créé au premier étage de la Tour Eiffel dans un Paris déserté

Au-delà de ce grand défouloir finalement bien jouissif (qui n’a jamais rêvé de pouvoir rouler à tout blinde en plein paris ou de faire n’importe quoi dans des lieux prestigieux ?) c’est également l’interprétation qui étonne. Si Eric reste dans son registre du petit chauve qui fait rire en accumulant les grimaces, Ramzy fait preuve de réelles qualités d’interprétation dans des scènes plus ‘standard’. Je pense qu’on risque de le voir très rapidement sans son compère dans des rôles de clown triste ou à tendance sociale. Ce mec à un vrai potentiel inexploité.

On peut également dire un petit mot de l’excellent casting de seconds rôles du film. La plus part ne font que de très courtes apparitions mais donnent vraiment de la profondeur au script. Que ce soit Kristin Scott Thomas, Omar, Fred, Elodie Bouchez… tous contribuent au potentiel comique et/ou à l’intrigue du film. Ca change de Asterix 3 et de sa pléthore de têtes connues venues cachetonner dans des scènes parachutées ultra chiantes et lourdes…

Eric au combo pendant le tournage. Encore une fois une vraie réussite. Ces deux gars ont aussi du talent comme réalisateurs !

J’avoue que la bande-annonce m’avait très peu convaincu malgré les jolis plans de Paris. C’est en regardant la note moyenne des critiques sur Allocine que je me suis dit qu’il fallait laisser une chance au film. Et en partant avec un a prori négatif, j’en suis ressorti avec le sourire aux lèvres. Alors que jusqu’ici, ils nous faisaient profiter d’un humour vraiment régressif, Eric et Ramzy sont arrivés à faire un film drôle, barré, et qui pour une fois va jusqu’au bout de son concept aussi crétin qu’efficace. Comme c’est la fête du ciné en ce moment, ca peut être une bonne idée de faire un détour le voir…