Si l’on en croit la citation d’Henri Michaux mise en exergue (« Le toucan, dans sa cage, depuis des mois, le problème de sa cage il l’a débattu dans sa tête. Mais nous, qu’est-ce qu’on sait ? »), ce qu’essaie de fixer Mathieu Nuss comporte indéniablement une dimension existentielle qui est d’ailleurs sensible dans le fait que certaines notations pourraient être issues du journal intime d’un individu attentif à tout ce qui l’entoure dans les moindres détails : « Mouche dont la symétrie du corps se trouve lavée de lumière – plus agréable pour l’œil-légiste. » ou « Présent plat, calme plat – à l’exception de la petite galaxie spirale soulevée par la baignoire qui se vide. » En outre, ces observations et sensations diverses sont parfois entremêlées avec des considérations d’ordre réflexif. Cela dit, les échos et les nombreuses reprises témoignent du travail de composition de ces différentes notes – terme qui s’impose d’autant plus que les références musicales, comme c’est souvent le cas chez cet auteur, ne manquent pas : « Attendant de trouver oasis ou chaussures à leurs pieds, les notes de Webern errent exemplaires. » ; « Le violoncelle de la 1ère suite de Britten (l’opus 72), tout en courbes, en soleils agiles, tout en clairvoyance malgré la cosse qui enserre la déclamation, déplace avec lui les déplacements de l’anonymat. » ; « Dégoûtée et même renonçant à ses intentions, une langue peut être musique. Grande Ourse du plein août. Quand filent les particules du TGV, les têtes des passagers en glissandi. » ; « L’aigu des tablas. Les ardeurs douchées, comme un spasme de lucidité entre deux cymbales. » Il s’agit donc bien ici d’une véritable suite aux multiples tonalités.
Bruno Fern
P.S. : On peut commander ce livre en adressant un chèque à l’ordre de l’éditeur : julien nègre éditeur 57-59 rue Ramey 75018 Paris
1.http://cahiercritiquedepoesie.fr/
2 http://larevueasterisque.tumblr.com/
3 https://en.wikipedia.org/wiki/Petr_Herel
4 Stances : ou 52 contre-haï-ku, Le Temps qu’il fait, 1991.
Mathieu Nuss, Ainsi ces crochets X, dessins de Petr Herel, julien nègre éditeur, juin 2017, 24 pages, 15 €