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L'héritage de Bill Gates. Une entreprise révolutionnaire de démocratisation de l'informatique... et quelques erreurs

Par Levidepoches

Lu dans Les Échos

L'héritage de Bill Gates
Ils sont nombreux ceux qui devraient en prendre de la graine, tous ces présidents qui s’accrochent à leur poste, éliminent leurs dauphins successifs et s’estiment indispensables jusqu’à ce que le conseil d’administration en décide autrement. Bill Gates prend sa retraite à cinquante-deux ans, comme prévu, en pleine gloire et après avoir savamment préparé sa succession. Et c’est une excellente nouvelle ! Pas seulement parce qu’il a l’intelligence d’éviter la tentation dynastique et qu’il préfère redistribuer sa fortune dans l’aide médicale au tiers-monde, mais aussi parce qu’il comprend que son temps est passé. Que Microsoft ne peut pas se réinventer avec lui. Même si, depuis 2000, il avait déjà passé la main sur la gestion quotidienne à son complice Steve Ballmer.

Une entreprise s’identifie toujours à la vision de son fondateur, qui constitue son ADN et la suit toute sa vie. Dès le départ, en 1975, celle de Bill Gates était simple : un ordinateur dans chaque foyer, sur chaque bureau. Un postulat révolutionnaire à une époque où l’informatique était synonyme de grosses armoires métalliques entreposées soigneusement dans les sous-sols climatisés des grandes banques. IBM régnait en maître sur ce monde sous-terrain. A tel point, qu’il a accordé sans broncher à son fournisseur Microsoft la propriété de son logiciel. A l’époque, le matériel était roi et le logiciel marginal. La fortune immense de Microsoft vient de ce moment. En trente ans, avec son compatriote californien Intel, le producteur des puces, il va capter l’essentiel de la rente de toute une nouvelle filière, celle de la micro-informatique. Son sens de la stratégie, de la prédation diraient certains, et un management innovant lui ont permis de garder sa domination écrasante jusqu’au seuil des années 2000.

De l’innovation primordiale à la maturité vieillissante, les cycles technologiques durent une trentaine d’année avant qu’une autre découverte rebatte à nouveau les cartes. Rares sont les champions qui le sont sur deux cycles, la plupart disparaissent entre-temps ou changent de métier. Qui se souvient de Burroughs, Control Data, Digital... Quelques-uns surnagent au prix d’une révolution. Microsoft en est à ce moment-là de son histoire. Encore riche, mais centré sur des technologies matures, celles des logiciels pour PC. L’innovation, et donc le pouvoir de changer le monde, est passé dans le camp de Google, grand aiguilleur de l’Internet, qui a su coupler sa technologie à un modèle économique qui lui assure une rente, elle aussi spectaculaire. Il faut que l’ex-firme de Bill Gates change de métier sans tuer la poule aux oeufs d’or. Le chantier est en cours, avec des résultats mitigés. Pour passer à la vitesse supérieure et changer vraiment de logiciel, Microsoft a donc besoin de tuer le père.

PHILIPPE ESCANDE



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