Chez Astier, le mardi tout est permis !
Quelques mois seulement après sa réouverture, l’une des institutions « canaille » de l’est parisien se voit récompensée d’un Bib Gourmand. Cette table emblématique, qui avait déjà reçu le titre de Maître-restaurateur à la rentrée dernière, poursuit ainsi sa destinée : celle d’une authentique « table à la française ». Astier propose tous les mardis une belle sélection de vins.
Cette maison inaugurée en 1956 et reprise 50 ans plus tard par Frédéric Hubig – l’auteur à succès de la Marée Jeanne et des restaurants – caves à manger Jeanne A et Jeanne B – poursuit sa cure de jouvence. Après avoir gagné en convivialité et confort (lambris, chaises tonneliers, tables marquées du sceau de la maison…) et sans rien perdre de son ADN, ce « bistrot de famille et d’amis » s’est offert un petit supplément d’âme et de chic, propres aux brasseries confidentielles : des banquettes en velours, un éclairage plus flatteur au bar avec des suspensions en cuivre, d’épais rideaux à l’entrée pour mieux préserver l’intimité des lieux… Comme les brasseries d’une autre époque, ce rendez-vous s’articule autour d’une somme de détails : un vrai comptoir accessible aux petites faims, des globes de verre Biot dénichés aux Puces, des murs qui semblent patinés par les années et un carrelage graphique typique des années 50. La plupart des trésors qui participent à cette atmosphère intemporelle ont été chinés ici et là, comme le coq qui a fière allure sur le zinc ou la pendule, sortie tout droit d’une salle à manger bourgeoise.
Restaurant Astier – Credit Roberta Valerio
Une table à la Française
En poussant la porte d’Astier, on mesure la convivialité d’une sorte d’auberge citadine. Une table vivante, où s’installent les locaux et touristes qu’on ne trompe pas : les assiettes en porcelaine made in France siglées Astier, les serviettes en coton à carreaux, leurs ronds, les laguioles aux noms des habitués (Jean Nouvel, Robert Guédiguian, même celui de Mick Jagger attend son invité), des torpilleurs et des petites cocottes fumantes qui arrivent directement sur les tables… ‘Ici, on cuisine’ prévient Frédéric Hubig qui se veut « passeur » d’histoires et d’une assiette libérée de ses lourdeurs. « C’est un exercice d’humilité que de s’approprier une maison historique » prévient-il. Le devoir de mémoire demeure mais la cuisine domestique a laissé place à une cuisine bourgeoise, plus élégante, qui utilise les techniques de la gastronomie d’aujourd’hui. Les légumes ont retrouvé leur place à côté du carré de porc ibérique, du pithiviers de pigeon vendéen et du rouget grondin. Les jus ? Turbinés, centrifugés, ils ont remplacé les sauces. Les cuissons, elles, baissent d’un ton et chantonnent à basse température.
Soufflé au Grand Marnier – Credit Roberta Valerio