Blue Murder : Killer Cop est une nouvelle minisérie composée de deux téléfilms qui ont été diffusés les 6 et 7 août sur Seven Network en Australie. Le titre fait référence au détective Roger Rogerson (Richard Roxburgh), dont on relate la seconde partie de sa vie après qu’il ait été expulsé des forces policières. Multipliant les coups foireux et ses associations avec les pires criminels de New South Wales, il effectuera ainsi plusieurs aller-retour entre la vie normale et celle derrière les barreaux, sans jamais s’assagir, loin de là. Sequel de la série Blue Murder présentée en 1995 sur les ondes d’ABC TV, Killer Cop accumule des points rien que pour la prestation de son acteur principal et les secrets se cachant derrière une telle production. Malheureusement, elle en perd tout autant, sinon plus en raison d’un montage qui donne des maux de tête et une mise en contexte assez pauvre pour les nouveaux téléspectateurs.
Un chemin parallèle ; de la réalité au petit écran
Dans le premier épisode de Killer Cop, il y a déjà quelque temps que Roger a été disgracié des forces de l’ordre. C’est qu’il a été reconnu coupable, entre autres, d’avoir délibérément fermé les yeux sur des activités de criminels en échange de grosses sommes d’argent de la part de ceux-ci. Justement, il s’est récemment associé à l’un d’eux : Michael Hurley (Dan Wyllie), un influent mafioso qu’il conseille quand vient le temps de transiger en douce son stock de drogues. Mais seulement quelques années plus tard, ce cowboy urbain est ramené derrière les barreaux après avoir été reconnu coupable d’entrave à la justice et d’avoir menti lors d’une commission sur l’intégrité de la police. Plus ça change, plus c’est pareil : même enfermé il trouve le moyen de se faire respecter par les autres prisonniers et d’intimider les gardes. En parallèle, il tombe amoureux peu avant son incarcération d’Anne Melocco (Toni Collette) qui éventuellement deviendra sa (seconde) épouse. De nouveau remisen liberté, il renoue avec Michael et c’est le détective Mark Standen (Matt Nable) qui le suit à la trace et parvient même à arrêter Anne pour parjure. Seulement, le représentant des forces de l’ordre a beau être astucieux, il a également un problème de jeu et à un moment ses dettes sont si astronomiques qu’il tombe lui aussi dans l’illégalité et est incarcéré. Bon an, mal an, Roger traverse des passes difficiles, surtout vers la fin de sa vie alors qu’il sera arrêté encore une fois pour le meurtre d’un jeune étudiant de 20 ans dans une affaire d’échange de drogue.
Lorsqu’on fouille un peu, on se rend compte que Killer Cop, c’est aussi une fort intéressante histoire télévisuelle. En effet, l’année sérielle 2017 en Australie aura définitivement été celle des biopics (The Paul Hogan Story, House of Bound et d’autres à venir), mais dans le cas qui nous intéresse, c’est quasiment la télévision qui a en quelque sorte forgé la légende du détective corrompu. C’est qu’en 1995, la chaîne ABC a présenté Blue Murder relatant ce que l’on pourrait qualifier d’ascension et de déchéance de Roger Rogerson et la diffusion coïncidait justement avec la sortie de prison de ce dernier. Et c’est exactement là où reprend Killer Cop, mais cette fois sur Seven Network. Tout au long du premier épisode, on est un peu décontenancé en constatant qu’un policier devenu criminel jouisse d’une telle popularité auprès de la population. C’est un non-dit, mais la série précédente a sûrement contribué à le rendre célèbre.
Autre fait intéressant : c’est Michael Jenkins qui a occupé le poste de réalisateur pour les deux versions tandis que l’acteur principal, Richard Roxburgh a aussi repris du service et nous offre une prestation magistrale. Donc, sur une période de plus de 20 ans, la télévision est intimement associée à ce personnage et l’on a même utilisé des images d’archives de Blue Murder lors de flashbacks : de quoi nous confondre un peu plus entre réalité et fiction.
Les séquels
Il va sans dire que lorsqu’on décide de donner une suite à un projet télévisuel, c’est parce que la première mouture a rencontré le succès escompté. Dans le cas qui nous intéresse, la saga de Roger Rogerson pourrait être comparée à The Kennedys de ReelzChannel. Les premières années au pouvoir de la famille présidentielle font partie de la grande histoire, voire d’un mythe. Avec la suite produite quelques années plus tard (The Kennedys : After Camelot), on a davantage affaire aux Kennedy qui à petit feu perdent de leur influence. Peu importe la qualité de la série, les rebondissements, par la force des choses, ne peuvent égaler ceux de la première mouture. C’est un peu le même phénomène qui se produit avec Killer Cop puisque l’élément fort du point de vue scénaristique de la vie de Rogerson est lorsqu’il a renié sa promesse de servir la population pour s’enrichir avec les criminels.
Dans le même sens, c’est le montage des premières 30 minutes de Killer Cop qui viennent tester notre patience. 2017, 1886, 1995 : ces constants aller-retour nous confondent plus qu’autre chose. Pas plus judicieux : on commence par la fin alors que Rogerson, vieilli, est de retour en prison et l’on nous en explique la cause : le meurtre d’un étudiant. Cet événement représente en quelque sorte le point d’orgue de la carrière criminelle de l’homme et l’on aurait pu nous le dévoiler à la toute fin, question de motiver le public (celui qui ne connaît pas son histoire) à s’y rendre. En bref, Killer Cop est victime du succès de la série précédente : elle prêche un peu trop aux convertis seulement.
En tous les cas, l’appétit des téléspectateurs était bien réel vu qu’ils étaient 717 000 devant leur téléviseur durant la diffusion du premier épisode ; la fiction s’étant classée au 7e rang des programmes les plus regardés de la soirée. Le taux de rétention, lui aurait pu être meilleur puisque l’auditoire a baissé à 516 000 le lendemain, se classant cette fois au 20e rang côté popularité.
Publicités